Agri Biomasse Mauléon décarbone le réseau gazier et soutient l’élevage du bocage Bressuirais

Partager :

• Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
• Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
• Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Article paru dans le Bioénergie International n°91 de juin 2024

La société Agri Biomasse Mauléon, est comme son nom l’indique, basée sur la commune de Mauléon, au nord du département des Deux-Sèvres, en plein cœur du bocage Bressuirais, un bocage qui borde le Nord-Est du bocage vendéen. Mise en service en mars 2022, l’unité de méthanisation transforme principalement des effluents d’élevages en biométhane. Née en 2013, la société a connu de nombreuses péripéties avant de réussir à former un projet viable en 2019. Aujourd’hui, elle regroupe 16 exploitations agricoles du bocage, dont deux en agriculture biologique, représentant une trentaine d’éleveurs de vaches laitières, de bovins de viande, de porcs, de lapins, de volailles, de chèvres, de canards gras, et un président céréalier et double actif. Ils sont engagés ensemble avec des parts souscrites au prorata du pouvoir méthanogène apporté à la méthanisation. Leur projet a permis le recrutement de deux jeunes salariés qui ont tout deux suivi une formation de Responsable d’Unité de Méthanisation Agricole à l’Institut Rural d’Éducation et d’Orientation des Herbiers.

Les enjeux moteurs

Sur le fonds, la motivation première qui a mobilisé ces 16 entreprises est la volonté d’agir pour pérenniser leurs élevages dans un contexte de marché difficile, sans toutefois concurrencer les productions fourragères, base de leur activité.

Sur la forme, c’est d’entreprendre, tout en restant maîtres de leurs décisions en maîtrisant à 100 % leur capital, de leur matière première et même de leur gestion, afin de garder la main sur la structure et ses incidences sur les élevages.

Des intrants 100 % maîtrisés

Au départ, le projet a été défini avec 30 000 tonnes de matières organiques collectées chez les associés dans un périmètre de 10 km, et ce afin de produire 120 Nm³/h de biométhane. Un an après la mise en service, les associés se sont rendu compte que l’estimation de leur ressource avant été sous-estimée. Après autorisations, le tonnage journalier a ainsi pu être relevé de 82 à 99 t/jour, pour rester dans le cadre de l’enregistrement ICPE. Ceci permet de produire un biogaz à 55 % de CH4 et de l’épurer en 140 Nm³/h de biométhane en moyenne sur l’année. En pratique, la production est même un peu plus importante, le surplus étant vendu sur le marché flash. Notons que ce dernier point n’a été rendu possible que depuis la fin 2023, suite à la levée des limites d’injection dans le réseau local avec à la mise en service d’une station de rebours GRTGaz à Bressuire et à la mise en place d’interconnexions entre les secteurs GRDF.

La nouvelle ration annuelle (36 100 tonnes) est basée à 93 % en tonnage sur les effluents d’élevages soit 33 400 tonnes, dont un tiers de fumier (8000 tonnes de bovins, 2300 de caprins, 800 de volailles et 300 de lapins) et deux tiers de lisier (18 000 tonnes de bovins, 3500 de porcs, 300 de volailles et 200 de lapins). Les 7 % restant sont constitués de 2000 tonnes de CIVE, 400 de menue-paille et 300 d’issues de céréales.

Cette augmentation de capacité s’est accompagnée d’une petite réorganisation de la logistique et notamment de l’augmentation de la régularité de livraison afin de bénéficier des effluents les plus frais possibles. Les effluents, notamment bovins et porcins, sont ainsi désormais ramassés toutes les semaines.

En matière d’organisation économique, les effluents d’élevage ne sont pas payés aux fournisseurs, tous sociétaires, mais font l’objet d’un retour en digestat : 80 % de liquide et 20 % de solide, sur la base d’une comptabilité basée sur l’azote et la matière sèche. Parmi les associés qui travaillaient déjà ensemble, les échanges paille contre fumier ont été remplacés par des échanges paille contre digestat.

Les équipements

L’unité de méthanisation est construite sur un terrain de deux hectares. Ce site a été choisi pour sa proximité avec le réseau de gaz, son éloignement des habitations, son accès routier et sa position centrale vis-à-vis des apporteurs. Une fois choisi, il a fait l’objet de présentations en conseil municipal et aux voisins les plus proches. La construction s’est déroulée en 2021, la première injection a eu lieu le 23 mars 2022 et en 2023, des portes ouvertes ont accueilli plus de 500 personnes dans une ambiance positive.

Cet investissement de 7 millions € comprend : un local de conduite et réunions, 900 m² de silos à plat pour les ensilages, un hangar de stockage de substrats secs de 1 200 m², 3 fosses de 80 m³ pour lisiers et eaux sales, une trémie d’incorporation des solides de 150 m³ placée sous le hangar, un broyeur, un digesteur de 3300 m³, un post-digesteur de 3300 m³, un local technique contenant les pompes principales, trois cuves d’hygiénisation du digestat brut de 10 m³, une cuve de stockage tampon du digestat brut de 110 m³, un ballon de stockage d’eau chaude de 70 m³, un système d’échangeurs thermiques externes pour chauffer les digesteurs avec la chaleur récupérée de l’hygiénisation, une chaufferie à gaz naturel de 150 kW pour l’hygiénisation, une chaufferie à biogaz de 175 kW en appoint et secours total pour le chauffage des digesteurs, un hangar de stockage du digestat solide de 400 m² dans lequel on trouve un séparateur de phase à vis, une cuve de stockage du digestat liquide de 6600 m³ (à laquelle il faut ajouter plusieurs capacités déportées), une torchère de sécurité, un module d’épuration membranaire du biogaz et de toute une voirie de circulation incluant un pont bascule et une aire de lavage.

En termes de véhicules, la société possède deux tracteurs agricoles pour réaliser les rotations d’effluents et de digestat entre l’usine et les exploitations. L’un tracte une citerne de 29 m³ pour le transport des liquides et l’autre une remorque poly-bennes pour les fumiers. Ces transports sont effectués par les salariés qui s’assurent de toujours voyager à plein, partant avec du digestat et revenant avec des intrants. Un chargeur sur pneus permet d’emplir la trémie des solides une fois tous les deux jours.

En termes de besoins énergétiques, la chaleur d’hygiénisation est récupérée avant la séparation de phase et permet de chauffer seule les digesteurs durant la plus grande partie de l’année. Pour cela, la chaudière à gaz naturel consomme en moyenne 1,3 MWh/jour. Du côté électricité, la société a investi dans une centrale photovoltaïque de 300 kWc en autoconsommation qui lui permet de couvrir un tiers de ses besoins. Pour y parvenir, elle a regroupé le maximum de tâches sur la journée.

Un premier bilan des retombées

Tout d’abord, les sociétaires observent que la méthanisation a un impact significatif sur leur consommation d’engrais de synthèse, ce qui représente une source non négligeable d’économies, l’augmentation de capacité ayant permis de produire plus de digestat, passant de 28 500 à 34 000 t/an. En cela, le cas du président, Julien Hérault, est très démonstratif : l’un des seuls céréaliers du groupe, il ne disposait pas de matière organique à épandre, et aujourd’hui, il a réduit ses achats d’engrais azotés de plus 80 % !

Pour les éleveurs, les bénéfices les plus visibles se manifestent dans la simplification de la gestion de leurs effluents, en plus du fait que cela a évité pour beaucoup des investissements importants de stockage. Ensuite, la formule qui a été retenue d’hygiéniser tout le digestat, perçue au départ comme une contrainte économique, a permis, en produisant un digestat normé, d’une part d’éviter le contraignant plan d’épandage, mais aussi de ne faire courir aucun risque sanitaire à ce niveau aux sensibles élevages de canards.

Et enfin, ce qui est peut-être le plus important, et qui a été pour beaucoup à la source de leur motivation, c’est le fait d’ajouter une pratique intégrée et rationnelle à même de conforter des exploitations agricoles en élevage parfois fragilisées par la conjoncture.

Contacts :

• Agri Biomasse Mauléon : sas.agri.biomasse@gmail.com
• Méthanisation : www.france-biogaz.fr
• Formation CS RUMA : 
www.formations-herbiers.fr
• Incorporation : www.pumpegmbh.de
• Broyeur : www.vogelsang.info
• Cuves béton : www.bio-dynamics.be
• Chaufferie : www.tigr.fr
• Ballon de stockage : www.lacaze-energies.fr
• Épuration : www.prodeval.com
• Pompes : www.seepex.com
• Débitmètres : www.fr.endress.com
• Agitateurs : www.peters-mixer.com
• Séparation de phase : www.boerger.com
• Torchère : www.gt-himmel.com
• Citerne de transport : 
www.fliegl-agrartechnik.de

Frédéric Douard, en reportage à Mauléon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Commentaire *

Nom *

E-mail *

Site web

Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site dans le navigateur pour mon prochain commentaire.