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Agri Seudre Energies, quatrième projet de méthanisation territoriale soutenu par Ter’Green

Article paru dans le Bioénergie International n°77 de mars 2022

Le site d’Agri-Seudre Energies, photo ASE

La société Agri-Seudre Énergies produit du biométhane sur la commune de Le Chay à l’est de Royan en Charente-Maritime. Elle regroupe douze actionnaires réunis par la volonté de bien gérer leurs matières organiques et de les valoriser en énergie et en fertilisants naturels en s’inscrivant dans une démarche de développement durable. Depuis le 30 septembre 2021, elle injecte 130 Nm³/h de méthane renouvelable dans le réseau GRDF de la région de Royan.

Dix années de travail avant d’injecter

Dès 2011, un groupe d’exploitants agricoles du Pays Royannais a commencé à étudier l’opportunité de créer une unité de méthanisation. Les premières réflexions se sont naturellement faites autour d’une solution en cogénération, mais à ce stade, la difficulté fut de trouver une valorisation effective pour la chaleur. Aucune solution satisfaisante d’implantation n’ayant été trouvée pour répondre à cette préoccupation, les recherches se sont portées vers l’injection de biométhane. C’est alors que la Communauté d’agglomération Royan Atlantique, la CARA, a joué un rôle important en s’affichant comme partenaire possible du projet. La CARA était aussi intéressée par le projet, car elle gère deux hippodromes desquels elle doit éliminer les fumiers. D’autres acteurs se sont aussi rapprochés du projet pour valoriser des fumiers : des centres équestres, des centres d’entraînement hippiques et le zoo de La Palmyre.

Depuis la gauche : Brieuc Lebescond, salarié ASE et responsable de site, Martin Guedeau, salarié ASE, technicien métha, Come de Villelume, président ASE, et Gaël Goulevant, associé ASE, photo Frédéric Douard

Malgré ces synergies, en 2015, le projet peinait toujours à se concrétiser et surtout à trouver son lieu d’implantation à cause de diverses questions techniques mais aussi d’acceptation par les populations. Malgré cela, six agriculteurs se sont quand même lancés en créant la Sas Agri-Seudre Énergies. En parallèle, la CARA poursuivait son soutien en mettant à disposition de la SAS une salle, des techniciens et en finançant une partie des études préliminaires. Puis le site de Le Chay a été retenu, fruit d’un compromis avec la municipalité, bien à l’écart des riverains, mais à cinq kilomètres du réseau de gaz. Le coût de ce réseau a été pris en charge à 40 % par GRDF.

Le poste d’injection de biométhane chez Agri-Seudre Energies, photo Frédéric Douard

Si alors le choix de l’injection était tranché, ce n’était pas encore le cas de la technologie de méthanisation. En effet, la totalité des intrants étant des solides, l’arbitrage entre voie sèche continue et voie liquide n’était pas évident. De nombreuses consultations et visites ont été nécessaires pour trancher la question. Et il a fallu attendre le 22 février 2018 pour que les candidats soient définitivement départagés au profit de Naskeo avec une solution en infiniment mélangé. Les critères de ce choix portaient principalement sur la proximité géographique de l’opérateur, sur sa cuve de préparation Ergenium et sur sa solution avec broyage en ligne. C’est le bureau d‘étude S3D qui a réalisé l’étude de faisabilité et l’accompagnement dans le choix du constructeur.

Restait à trancher un autre choix, celui de la purification du biogaz. Le projet s’est alors engagé avec la société nordiste Chauméca et sa solution par lavage à l’eau, sauf que l’entreprise a disparu en cours de route. Les porteurs du projet et Naskeo se sont alors tournés vers la solution membranaire de Prodeval.

Le site d’Agri-Seudre Energies, photo Naskeo

Naskeo a assuré la réalisation de tous les lots, y compris les VRD et la centrale photovoltaïque de 315 kWc installée par IEL sur 1 600 m² de la toiture du bâtiment principal. Les travaux ont commencé en juin 2020, en pleine pandémie, pour se terminer un peu plus d’un an après. Le remplissage et la chauffe des cuves ont été réalisés de fin juillet au 15 septembre 2021 avec des digestats provenant du Gaec Chagneaud à Saint-Just-Luzac à 25 km de Le Chay. À partir de début août, les solides ont commencé à être incorporés, et le 30 septembre, la vanne GRDF était ouverte. La production nominale a été atteinte en novembre.

Une organisation à douze entités

Depuis la création de la Sas, le nombre d’agriculteurs associés est monté à neuf et trois partenaires non agricoles ont intégré le projet et son capital social : il s’agit du Zoo de La Palmyre qui détient 17,5 % des parts, de la coopérative Océalia, apporteur d’issues de céréales avec 15 % et de Ter’Green avec également 15 %, les agriculteurs conservant la majorité avec 52,5 %. Le seul partenaire non-apporteur de matière est Ter’Green, une société sœur de Naskeo spécialisée dans le co-développement et le co-investissement sur des projets de biométhane aux côtés des agriculteurs, des collectivités et des industriels.

Les silos à plat d’Agri-Seudre Energies, photo Frédéric Douard

Les apporteurs garantissent la fourniture de près de 18 000 tonnes de biomasse solide par an, collectée dans un rayon de 25 km autour du site. Ces produits sont des fumiers bovins agricoles, des fumiers équins, des fumiers du Zoo de La Palmyre, des issues de céréales et des déchets de fruits et légumes.

La ration annuelle est composée de 13 000 tonnes de fumier bovin et du Zoo, de 2 000 tonnes de fumier de cheval, de 2 000 tonnes d’issues, de 500 tonnes d’ensilage de CIVE et maïs, et de 350 tonnes de déchets de légumes. Ces solides sont dilués par recyclage d’une grande partie du digestat liquide, complété par 3 000 tonnes d’eau récupérée sur la plateforme. La ration journalière se répartit donc entre 50 tonnes de solides et 100 tonnes de liquides (composées à plus de 90 % de digestat liquide).

Le stockage des issues et du fumier, photo Frédéric Douard

Le montant des investissements est de 7,5 M€ dont 500 k€ pour la centrale photovoltaïque qui permettra de couvrir l’équivalent de 35 % des besoins en électricité de l’usine. Notons qu’en complément des emprunts bancaires et des subventions de l’ADEME et de la Région Nouvelle Aquitaine, les porteurs du projet ont fait appel au financement citoyen local via la plateforme MiiMOSA, qui leur a permis de mobiliser 50 k€.

Les apports du partenariat avec Ter’Green

Lors des derniers tours de table, Naskeo a proposé les services d’une autre société de son groupe, le groupe Keon, pour compléter les fonds propres de la Sas et apporter son expertise dans le développement. Ter’Green a en effet pour vocation de renforcer l’investissement des projets qui sont en recherche de fonds propres complémentaires. Elle consolide les plans de financement via des apports en fonds propres sous forme de capital minoritaire, mais aussi via des apports en comptes courants.

Au centre le régulateur de pression du gazomètre, photo Frédéric Douard

En plus de cet aspect, Ter’Green intervient aussi en conseil sur le montage financier et juridique, dans la gestion de la société de projet, dans son exploitation et sa maintenance. Elle s’appuie pour cela sur une autre filiale du groupe Keon, Sycomore Services, spécialisée dans l’installation, l’exploitation et la maintenance d’unités de méthanisation. Depuis sa création fin 2019, Ter’Green a déjà concrétisé treize projets dont quatre en exploitations et trois en construction :

  • Biogaz d’Arcis à Ormes dans l’Aube en 2019 (480 Nm³ CH₄/h),
  • Méth’Innov à Melle dans les Deux-Sèvres en 2020 (250 Nm³ CH₄/h),
  • Dole Biogaz dans le Jura en 2021 (260 Nm³ CH₄/h),
  • Agri Seudre Energies à Le Chay en Charente-Maritime en 2021 (130 Nm³ CH₄/h),
  • Biogaz des Marches de Bretagne à Maen Roch en Ille-et-Vilaine en cours de construction (120 Nm³ CH₄/h),
  • Avallon Bioénergie à Etaule dans l’Yonne en cours de construction (180 Nm³ CH₄/h),
  • Oudon Biogaz à Craon en Mayenne en cours de construction (600 Nm³ CH₄/h).

Une cinquantaine d’autres projets est d’ores et déjà à l’étude et la société s’est fixée comme objectif d’investir quarante millions d’euros dans cinquante nouveaux projets d’ici à 2025.

Le mode opératoire de Ter’Green

Après avoir réalisé l’étude d’un projet, Ter’Green, conduit le montage du projet jusqu’à l’obtention de ses financements et la construction des installations. Pour cela, l’entreprise dédie un interlocuteur unique au projet et une équipe experte support qui vont animer le groupe porteur du projet et ses partenaires ; structurer et planifier le projet grâce à une connaissance précise des jalons à respecter ; constituer progressivement la base documentaire nécessaire aux audits bancaires ; et accompagner les porteurs dans la levée du financement auprès des organismes de subvention, des organismes bancaires, fonds d’investissement…

Les trois grandes cuves d’Agri-Seudre Energies, photo Naskeo

Depuis la phase de développement et jusqu’à l’exploitation de l’unité, Ter’Green optimise la performance des projets grâce à sa capacité d’analyse et d’audit des volets technico-économiques, financiers, réglementaires et organisationnels d’un site à construire, en exploitation, en revamping ou en reprise de site ; à la mise en place d’un suivi en continu du plan d’affaires du projet ; à sa capacité à apporter des ressources financières ; au pilotage de l’exploitation et de la maintenance des unités et à l’accompagnement quotidien de la conduite opérationnelle de la société.

Ter’Green accompagne les projets de méthanisation territoriale performants et partage sa vision du marché via une charte d’investissement axée uniquement sur la production et l’injection de biométhane, avec des projets dont les gisements sont majoritairement maîtrisés par les actionnaires. Elle regroupe aussi les sièges sociaux des sociétés où elle participe à son propre siège de direction.

La charte de bonne conduite des associés

Les associés Agri-Seudre Énergies ont rédigé une charte qui les engage à adopter une série de bonnes pratiques afin de maintenir le dialogue avec le territoire. Ces engagements sont de chercher à comprendre les craintes et préoccupations des riverains, à répondre à leurs questions, à publier en ligne le bilan annuel de l’installation et à améliorer la connaissance de la méthanisation en organisant des visites de site sur l’installation.

Implantation des équipements chez Agri-Seudre Energies, image ASE

D’autre part, pour prévenir et limiter les risques d’odeurs, la SAS missionne à ses frais un organisme indépendant qui assure une veille olfactive avec la participation des citoyens sur la durée. Les associés s’engagent à conduire l’installation de manière à réduire au minimum le risque d’odeurs et à mettre en place les solutions adéquates pour traiter les émissions odorantes qui seraient mises en évidence durant la veille olfactive citoyenne.

En appliquant cette charte, Agri-Seudre Énergies fixe des objectifs au-delà de la réglementation et adopte une démarche de dialogue et de bonne entente, tout en adoptant une posture d’amélioration continue des bonnes pratiques.

La production de biométhane

Les installations de méthanisation sont disposées sur un terrain de 2,3 ha. Elles comprennent des silos à plat de 1 200 m² et un bâtiment de stockage de 2 250 m² abritant les issues, le fumier et le digestat solide, une trémie d’incorporation BIG-Mix de 120 m³ et les installations de double-séparation (presse Börger, décanteur centrifuge Alfa-Laval et deux cuves tampon de 115 m³ et 210 m³). On y trouve aussi une cuve Ergenium de 300 m³, un collecteur d’eau de ruissellement de gros diamètre (1 200 mm) assurant le rôle de bassin d’orage et de stockage tampon avec son volume de 150 m³, un bassin d’eau de ruissellement de 600 m³, un digesteur de 5 600 m³, un post-digesteur de 4 000 m³, une cuve de stockage de 4 000 m³ et une chaufferie fonctionnant au biogaz. Notons que l’ensemble des équipements a été construit hors-sol pour cause de nappe phréatique très haute.

La trémie d’incorporation et la cuve Ergenium, photo Naskeo

La cuve tampon de recirculation, photo Frédéric Douard

Ensuite, étant donné l’absence totale d’intrants liquides, il est indispensable de diluer fortement les solides entrant à 32 % de matière sèche en moyenne, avec de l’eau de pluie, mais surtout à partir d’une forte proportion de digestat liquide recirculé. Et pour abaisser au maximum le taux de MS du recyclât, le digestat pressé à 8 % est ensuite centrifugé pour l’abaisser à 5 %.

En termes de chauffage, le digesteur affiche un besoin annuel prévisionnel de 865 MWh/an dont 270 MWh/an apportés par la récupération de chaleur sur le compresseur de l’épuration et 595 MWh/an par la chaudière fonctionnant au biogaz. La production de la chaudière doit ainsi consommer 660 MWh de biogaz par an, ce qui représente environ 5,4 % de la production annuelle totale. Dans la pratique, sur le mois de décembre 2021, 3 945 Nm³ ont été consommés sur une production de 198 113 Nm³ de biogaz soit moins de 2 % de la production !

Les installations de purification du biométhane et la chaufferie, photo Frédéric Douard

Concernant l’injection de biométhane, la capacité actuelle du site est de 130 Nm³ CH₄/h en moyenne, ce qui correspond à la consommation de deux mille foyers des territoires de Médis et Royan. L’installation a cependant été dimensionnée pour à terme pouvoir injecter le double. La marge de progression réside dans la quantité et la qualité des intrants, mais aussi potentiellement dans la réduction du temps de séjour qui est aujourd’hui de 70 jours.

En termes de temps de travail, la conduite de l’unité de méthanisation est assurée par l’équivalent de 1,5 temps plein, qui se répartit entre les salariés et quelques associés, et les astreintes assurées par les associés ou leur personnel. À cela, il faut ajouter les maintenances cycliques réalisées par Sycomore et Prodeval. La logistique est sous-traitée à un entrepreneur local, également actionnaire de la SAS.

Un digestat majoritairement solide

La presse à vis et la centrifugeuse, photo Frédéric Douard

La production de digestat est ici particulière, car étant donné le fort taux de recyclage du liquide, dû au manque d’intrants liquides, la proportion entre digestat liquide et solide est inversée par rapport aux installations avec intrants liquides. Les 18 000 tonnes de digestat se répartissent ainsi entre 6000 tonnes de liquide et 12 000 de solide.

Cette faible proportion de liquide, dictée par le besoin du processus, était aussi une volonté des agriculteurs associés, puisqu’aucun n’était équipé pour de l’épandage liquide. Notons aussi que les sols de la zone d’épandage sont peu porteurs et très collants, et donc peu propices à un épandage massif de liquides. Le digestat solide est stocké sur le site de la méthanisation et rapporté aux bonnes périodes sur les exploitations qui se chargent de l’épandre.

La surface du plan d’épandage est de 1 200 ha répartis sur 18 exploitations agricoles associées ou partenaires situées dans un rayon de 15 kilomètres. Concernant les échanges, fumier contre digestat, la base de calcul est la quantité d’azote, majorée en pourcentage, et pour les associés, du surplus d’azote provenant des apporteurs non agricoles comme le zoo et les établissements équestres, soit environ 10 % du total. Ces apporteurs non agricoles bénéficient quant à eux de la prise en charge des coûts d’enlèvement de leurs fumiers.

Le digestat solide chez Agri-Seudre Energies, photo Frédéric Douard

Le coût de tous les transports de matières, brutes ou digérées, des exploitations agricoles vers l’usine ou inversement, ainsi que et les épandages de digestat liquide, sont intégralement pris en charge par la Sas. Ces transports, sont assurés par le prestataire Atlantic Synergie. L’épandage du digestat solide reste à la charge des exploitants agricoles.

Le module de purification membranaire du biogaz, photo Frédéric Douard

Contacts :

Frédéric Douard, en reportage à Le Chay

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