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AOC Biométha : une production de biométhane d’origine 100% végétale qui tourne comme une horloge

Article paru dans le Bioénergie International n°93 de septembre 2024

AOC Biométha : une production de biométhane d’origine 100% végétale qui tourne comme une horloge

Les trois cuves d’AOC Biométha, photo Frédéric Douard

Le poste d’injection de biométhane d’AOC Biométha, photo Frédéric Douard

La centrale de biométhane AOC Biométha est implantée au nord de la Champagne, sur la commune de Witry-lès-Reims à quelques kilomètres de la ville des sacres royaux. AOC Biométha est une unité de taille modeste qui valorise des sous-produits 100 % végétaux pour produire du gaz vert injecté dans le réseau GRDF et de l’engrais organique. L’unité, qui a été mise en service le 6 juin 2023, profite d’un savoir-faire et d’un modèle de fonctionnement qui s’expriment depuis dix ans au sein du groupe Létang.

Un projet adossé au groupe Létang Agriculture & Énergies Renouvelables

Le projet a émergé de la rencontre de cinq agriculteurs : trois de la région rémoise, en recherche de la meilleure solution pour monter leur projet, Adrien Garinois, Olivier De Bohan et Christophe Tellier, et les frères Xavier et Thibault Létang, agriculteurs de Seine-et-Marne et méthaniseurs depuis 2014.

Xavier et Thibault figurent parmi les premiers agriculteurs à s’être lancés dans la méthanisation dans les années 2010. Cultivateurs depuis trois générations, ils travaillent plusieurs territoires de l’Aisne, de l’Oise, de la Marne et de la Seine-et-Marne. La méthanisation est pour eux, par la valorisation par eux-mêmes des produits connexes de leurs cultures principales (céréales, maïs, betteraves, oignons, lin et pommes de terre) un complément de revenu qui consolide l’équilibre économique et agronomique de leur production agricole.

Depuis leur première expérience en 2014, avec un premier site en injection, le quatrième en France, les frères Létang ont construit et exploitent une dizaine de méthaniseurs dans le quart nord-est de la France. En association avec d’autres agriculteurs, le groupe Létang a ainsi pris part dans l’émergence de 10 unités : Létang Biogaz à Sourdun-77 ; Létang Biométhane à Sourdun-77 ; Létang Hoche Biogaz à Épaux-Bézu-02 : Plainval Biométhane à Plainval-60 ; Saconin Biométhane à Saconin-02 ; Opale Biométhane à Hames-Boucres-62 ; Y Biométhane à Y-80 ; Arcy Biométhane à Arcy-Sainte-Restitue-02 ; Vallée Hazard Biométhane à Bohain-en-Vermandois-02 et AOC Biométha, 6 installations sur les 10 étant déjà certifiées RED II, avec pour objectif les 10 à fin 2024.

Le groupe profite de l’ensemble de ses activités pour mutualiser les moyens humains d’accompagnement au sein d’une structure ad hoc, Létang Services, qui assure l’ingénierie, la gestion des approvisionnements, la biologie, le réglementaire, l’administratif et le financier. Chaque site dispose en plus chacun de deux salariés sur place.

Le pont-bascule d’AOC Biométha a été fourni par Maréchalle Pesage, photo Frédéric Douard

Notons que le projet AOC Biométha, positionné loin des habitations et n’utilisant que des végétaux, a été bien accepté par les collectivités voisines, et qu’il s’est inscrit naturellement dans le cadre de la transition énergétique locale vers le renouvelable.

100 % de végétaux pour un biogaz végan

L’unité AOC Biométha est dimensionnée pour transformer 11 000 tonnes de matières végétales par an, soit 30 tonnes par jour, ce qui la place dans les installations ICPE soumises à déclaration.

Les silos de CIVE d’AOC Biométha, photo Frédéric Douard

Ses intrants seront constitués de 40 % d’ensilage de cultures intermédiaires d’hiver et d’été, de 40 % de pulpes et radicelles de betteraves sucrières, et de 20 % de sous-produits agroalimentaires humides et issus de silos. On n’y trouve aucun intrant provenant de l’élevage ou de l’alimentation, ni aucun liquide. La volonté des gestionnaires de l’installation, comme dans les autres installations du groupe Létang, est de ne pas jouer à l’opportuniste permanent, et d’inscrire un fonctionnement de type routine industrielle, rendue simple à gérer par la simplicité et la régularité de ses intrants. La bonne viscosité est quant à elle obtenue par l’injection quotidienne de 3 à 8 m³ de jus de silos et de cour, et part la recirculation de 15 m³ de digestat.

Pompe Wangen Bio-Mix en sortie de la trémie d’incorporation des solides, photo Frédéric Douard

L’approvisionnement en intrants est très majoritairement réalisé par les associés eux-mêmes ou sur la base de coproduits cultivés par les associés comme les pulpes et les issues de céréales. L’ensemble des apports est rémunéré directement.

Une production réglée comme avec du papier à musique

La centrale de Witry-les-Reims est implantée sur un terrain isolé de 4 ha qui appartenait à l’un des associés. Il est équipé de trois cuves couvertes de gazomètre : un digesteur de 2200 m³, un post-digesteur de 2200 m³, un stockage de 3 800 m³. Quatre silos à plat de 2000 m² chacun assurent le stockage des intrants. Le dosage de la ration est réalisé dans une trémie à fond mouvant Big-DOS de 60 m³ de chez Pumpe, équipé d’un axe de décompactage pour intrants fibreux. Le chauffage des cuves est en hiver assuré par la récupération de chaleur sur les compresseurs de l’unité de purification et en complément par une chaudière à biogaz.

Pompe Wangen de circulation du digestat entre les cuves chez AOC Biométha, photo Frédéric Douard

La bonne digestion des végétaux est suivie par des analyses hebdomadaires et stimulée en fonction des résultats par l’utilisation d’un cocktail d’additifs : des enzymes pour améliorer l’hydrolyse des végétaux en sucres et acides aminés digestes, et des oligoéléments pour doper les bactéries et éviter l’acidose.

Agitateur Steverding chez AOC Biométha, photo Frédéric Douard

En fin de processus, les agriculteurs récupèrent, au prorata des tonnes qu’ils ont fournies, un digestat brut qui est épandu sur leurs parcelles dans le cadre d’un plan sur 890 ha. Le digestat fournit globalement 50 % de leurs besoins en fertilisants.

Le module de purification du biogaz chez AOC Biométha avec en fond la cathédrale de Reims, photo Frédéric Douard

Le biogaz, qui contient de 52 à 53 % de méthane, est épuré dans une installation de filtration membranaire fournie par Prodeval et qui produit en moyenne 150 Nm³/h. L’injection est réalisée à sept kilomètres du site dans une boucle qui rejoint l’agglomération rémoise.

Les filtres membranaires d’AOC Biométha, photo Frédéric Douard

Contacts :

Frédéric Douard, en reportage à Witry-lès-Reims

Voir nos autres reportages sur des unités de méthanisation du Groupe Létang :


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