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La Scea Texier solutionne l’excédent d’azote de son élevage via la méthanisation

Article paru dans le Bioénergie International n°43 de mai-juin 2016

Les installations de méthanisation de la SCEA Texier, photo Xavier Granet

Les installations de méthanisation de la SCEA Texier, photo Xavier Granet

Vivien Texier devant l'armoire de supervision de la méthanisation, photo Frédéric Douard

Vivien Texier devant l’armoire de supervision de la méthanisation, photo Frédéric Douard

La famille Texier, Bernard-Pierre le père, Vivien et Jocelyn les fils, sont agriculteurs et éleveurs de porcs à Saint-Nicolas-du-Tertre dans le Morbihan. À côté de leur exploitation de 150 ha qui sert à produire l’alimentation pour leurs bêtes, avec leurs 400 truies, ils font naître 12 000 porcs par an et les engraissent. À partir de 2007, alors qu’il était question d’étendre l’élevage de 290 à 400 truies, pour donner du travail à Vivien, la question de la mise aux normes des installations existantes s‘est posée. Et la réponse fut : « quitte à investir, autant que ce soit productif », ce qui déboucha sur le projet de méthanisation au lieu de construire une station d’épuration en pure perte et avec gaspillage de l’azote.

Des technologies éprouvées

L’installation a été mise en service en août 2013, non pas sur le site de l’exploitation historique, mais sur le site de l’extension de l’élevage. Bernard-Pierre Texier rappelle d’ailleurs l’hostilité et les manifestations que le projet a déclenché dans la commune, notamment au regard des risques d’odeurs, et ceci jusqu’à ce que chacun se rende compte que le sujet pouvait parfaitement être maîtrisé. C’est Weltec Biopower qui a alors été sélectionné pour la construction de l’unité.

L'élévage de porcs de la SCEA Texier, photo Frédéric Douard

L’élevage de porcs de la SCEA Texier, photo Frédéric Douard

L'élevage de la SCEA Texier à Saint-Nicolas-du-Tertre, photo Frédéric Douard

L’élevage de la SCEA Texier à Saint-Nicolas-du-Tertre, photo Frédéric Douard

La capacité de traitement du lisier est de 5000 tonnes par an. Et pour enrichir le produit, des intrants extérieurs sont ajoutés : de l’ensilage de maïs périmé, des pommes de terres avariées, des issues de silos de céréales, des intercultures, des graisses de flottaison de STEP, des produits laitiers non conformes, des terres de filtration, …

La digestion est réalisée dans un digesteur modulaire en inox Weltec de 2900 m³ équipé de trois brasseurs immergés et d’un brasseur long. Le digesteur est bien sûr isolé thermiquement et son contenu est réchauffé à 40°C par un circuit de 6 serpentins sur son pourtour intérieur. Le biogaz obtenu à Sensiénergies contient de 53 à 58% de méthane.

Le digesteur Weltec et l'une des cuves d'alimentation en inox à gauche, photo Frédéric Douard

Le digesteur Weltec et l’une des cuves d’alimentation en inox à gauche, photo Frédéric Douard

Le digesteur est lui-même alimenté toutes les deux heures à partir d’une trémie pour les solides mais surtout à partir de plusieurs cuves : une cuve tampon en inox de 340 m³ pour le lisier, une seconde cuve inox de 340 m³ pour les intrants liquides extérieurs et une cuve en béton de 50 m³, avec brasseur et broyeur en sortie, pour les apports extérieurs de produits gras ou légèrement pâteux.

La production d’énergie est assurée par une cogénératrice GE-Jenbacher de 527 kWé qui produit 4 GWhé à l’année. La chaleur récupérée sur le moteur (575 kW) est utilisée par ordre de priorité pour le chauffage du digesteur (40 kW), pour le chauffage de la porcherie à 22-26°C toute l’année (de 0 à 150 kW) et ensuite pour le séchage du digestat (500 kW).

La cogénératrice GE-Jenbacher, photo Frédéric Douard

La cogénératrice GE-Jenbacher, photo Frédéric Douard

En sortie de digestion, une partie du digestat est passé au séparateur de phase. Le séchage de 3000 m³ de digestat liquide par an est réalisé dans un séchoir Scolari à deux bandes avec retournement du produit entre les bandes. Dans la pratique, les bandes ne peuvent pas recevoir de liquide, aussi le digestat liquide arrive-t-il dans une trémie préalable au sécheur dans laquelle circule du digestat sec qui sert de support au liquide.

Le séparateur de phase du digestat, photo Frédéric Douard

Le séparateur de phase du digestat, photo Frédéric Douard

Ce digestat humidifié repasse dans le sécheur pour un cycle de 1h30 à 75°C. Ce circuit n’est bien entendu pas fermé et le produit séché excédentaire est purgé au fur et à mesure. Celui-ci a la forme de petites boulettes à 92 % de matière sèche qui pourront être stockées en silos avant expédition. Rappelons que pour l’instant, ce produit, malgré ses qualités agronomiquement indéniables, n’a toujours pas d’existence légale en tant qu’engrais, n’est donc pas commercialisable et reste un déchet soumis à plan d’épandage.

Le sécheur de digestat, photo Frédéric Douard

Le sécheur de digestat, photo Frédéric Douard

Le laveur des vapeurs de séchage avant rejet dans l'atmosphère, photo Frédéric Douard

Le laveur des vapeurs de séchage avant rejet dans l’atmosphère, photo Frédéric Douard

La vapeur qui sort du séchoir doit quant à elle passer au laveur car elle est chargée d’ammoniac, de poussières et de COV malodorants (composés organiques volatils). Ce lavage s’effectue à l’eau froide et à l’acide sulfurique pour notamment transformer l’ammoniac en solution de sulfate et nitrate d’ammonium qui pourra être valorisée comme engrais, soit directement au pulvérisateur ou en mélange à du lisier.

En 2014, la chaleur a été utilisée à environ 60% seulement, en partie du fait des deux hivers peu rigoureux. Néanmoins, la famille recherche d’autres pistes de valorisation pour valoriser la chaleur non utilisée, notamment en été.

Une gestion de l’azote dans un contexte d’excédent structurel

Le digestat séché, photo Frédéric Douard

Le digestat séché, photo Frédéric Douard

Au moment de l’extension de l’élevage, la famille Texier ne disposait d’aucune capacité supplémentaire d’épandage du lisier, ni en propre, ni même aux alentours tant la région est globalement en excédent partout. La seule solution, si l‘agrandissement devait se faire, était de prévoir une exportation d’une partie de cet azote. Et la concentration au séparateur de phase suivie d’un séchage permettrait de réaliser cette exportation en voie sèche dans des conditions économiquement supportables.

Ensuite pour ce qui est de la partie liquide, la méthanisation a permis de remplacer des épandages de lisier malodorants par des épandages de digestat inodore, et surprise, de réduire quasiment complètement l’excès d’azote sur les terres de l’exploitation, en tout cas en surface.

Un modèle de partenariat

Le montant de l’investissement s’est monté à un peu plus de 3,74 M €. Devant investir dans le même temps dans une nouvelle porcherie, la famille Texier a souhaité ne pas partir seule sur la partie méthanisation et a cherché un partenaire. C’est auprès du développeur Neoen, co-investisseur à ses côtés dans le projet, que la famille a trouvé cet appui pour se lancer.

Frédéric Flipo, directeur général délégué d’Evergaz, photo F. Douard

En 2014, Neoen a revendu sa participation à un autre développeur-investisseur, Evergaz, qui a donc pris le relais comme partenaire, non seulement financier, mais aussi opérationnel du projet. Vivien Texier assure l’exploitation quotidienne du site, avec le support technique, juridique et financier d’Evergaz. Créée en 2008 sous le nom d’Holding Verte, Evergaz est un opérateur intégré de la méthanisation en France, structuré autour de trois pôles : bureau d’études, montage et financement de projets, et exploitation.

Les efforts de la SCEA Texier et d’Evergaz ont permis d’augmenter la production électrique du site de 37%, depuis le début de leur partenariat en juin 2014.

Evergaz, est une société indépendante détenue par des entrepreneurs et membres fondateurs de Biogaz Vallée®, le cluster national qui vise à structurer la filière biogaz en France. Elle détient déjà des participations dans quatre unités de méthanisation en fonctionnement et dans une en construction. Elle a pour objectif d’atteindre 20 unités à horizon 2020.

Contacts :

Frédéric Douard, en reportage à Saint-Nicolas-du-Tertre


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