Comtoise de développement, la deuxième usine de granulés de bois du Groupe Bernard
Article paru dans le Bioénergie International n°96 de mai 2025
L’usine Comtoise de Développement avec en fond la ville de Pontarlier, photo Jeremy Hugues dit Ciles
Le portique de chargement du vrac, photo Frédéric Douard
Le groupe Bernard, 275 salariés est une entreprise familiale implantée dans la plaine de l’Ain depuis 1922. Ses activités sont dédiées à l’agriculture et l’énergie : collecte de céréales, distribution d’agrofournitures, de carburants et de combustibles, production d’aliments pour le bétail et de granulés de bois. Depuis 2005, le groupe produit ses granulés de bois à Meximieux au sein de sa filiale dédiée Vert Déshy. Sa production de près de 35 000 tonnes par an est certifiée DIN Plus et EN-Plus, et bénéficie de la traçabilité N²Air. En 2018, pour répondre à la demande croissante du marché du chauffage au granulé de bois, elle décide de reprendre un site de granulation situé sur le massif du Jura pour augmenter ses capacités, limitées dans la plaine de l’Ain par ses approvisionnements en matière première.
Un partenariat déjà ancien
La reprise de l’unité de granulation Désia 25 à Houtaud, près de Pontarlier, a donc été réalisée par le groupe Bernard en y associant le fournisseur en bois de sa filiale Vert Déshy : la scierie et exploitation forestière Ducret située à Maillat près de Nantua, dans le sud du massif du Jura. Dans la production de granulés de bois, la maîtrise de la ressource est en effet une première clé du succès, et cette association avec un acteur de la filière bois bien implanté sur son massif est un gage de pérennité.
L’opération s’est concrétisée en juin 2018, avec la création de la société Comtoise de Développement détenue à 66 % par Vert Déshy au titre du groupe Bernard et à 34 % par la société Forestière de Développement, au titre du groupe Ducret. Ce montage permet notamment au groupe Bernard de déléguer au groupe Ducret, comme à Meximieux, la charge des approvisionnements en bois, et dans le cas présent depuis une scierie proche de Pontarlier.
Le local de broyage humide à gauche, le séchoir et le bâtiment de granulation, photo Jeremy Hugues dit Ciles
Une reprise plus compliquée que prévu
L’idée de ce projet était de reprendre les équipements en état de fonctionnement, de réaliser quelques modifications et adaptations aux méthodes de travail de Vert Déshy, sauf que deux événements majeurs vont venir contrarier cette planification.
En novembre de la même année, l’usine est en effet détruite par un incendie, et quelques mois plus tard, la pandémie de Covid 19 va retarder considérablement sa reconstruction. Les travaux démarrent finalement en janvier 2023, le site entre en phase d’essai le 15 novembre 2024 et est inauguré le 10 décembre 2024.
Le séchoir à basse température est l’un des rares équipements préservés de l’incendie de la précédente installation, photo Frédéric Douard
Une implantation à fort potentiel
Le choix de cette implantation à 800 m d’altitude en plein centre du massif jurassien, a obéi à quatre considérations :
- un secteur riche en forêts et en entreprises de transformation du bois, sources de coproduits à valoriser ;
- un secteur à forte consommation de granulés de bois et qui a été un lieu historique du démarrage de la filière du granulé de bois en France au début des années 1980, avec aujourd’hui un parc de consommateurs très dense ;
- une région voisine du premier site de production avec une complémentarité en termes de logistique et de marché ;
- et enfin, une chaleur de séchage compétitive à disposition avec un réseau de chaleur déjà en place.
L’atout décisif du choix de cette implantation est certainement le dernier, car disposer d’une énergie thermique compétitive pour sécher sa matière première est l’autre condition de réussite d’une activité de granulation de bois.
L’arrivée du réseau de chaleur de Pontarlier sur le site de granulation, photo Frédéric Douard
Le site profite en effet de la proximité de l’unité de valorisation énergétique des ordures ménagères résiduelles de Pontarlier. Cette chaleur est en partie valorisée pour le chauffage de nombreux établissements raccordés au réseau de chaleur de la ville, mais pas complètement notamment en été. Pour mieux valoriser cette chaleur fatale, un partenariat avait été mis en place avec Désia 25. Préval, l’exploitant de l’UVE, avait alors investi 2 M€ pour construire un réseau de chaleur de 1,8 km reliant l’usine d’incinération à l’usine de déshydratation, avec une sous-station de livraison dimensionnée à 8,5 MW. Durant l’hiver, la puissance disponible pour la déshydratation étant plus faible, de 1 à 5 MW, les porteurs du projet ont choisi de réaliser l’appoint et le secours avec une chaudière à gaz de 8,5 MW, les investissements pour une chaufferie biomasse ne se justifiant pas pour compenser la petite partie des besoins manquants, et sachant qu’il fallait quand même un secours.
Les équipements
La nouvelle usine est dotée d’une capacité de production maximale de 70 000 tonnes pour un investissement de 11 M€. La production est à ce stade est de 14 000 tonnes/an alors qu’elle n’était que de 5000 tonnes à l’époque Désia.
Le silo tampon de matière première séche avant affinage, photo Frédéric Douard
La matière première et constituée de plaquettes et sciures de bois résineux mélangées. Sa préparation passe par un broyage dans un broyeur à marteau Titan Prodesa fonctionnant à 1000 t/min puis par un séchage dans un séchoir à bande Swiss Combi de 144 m² à basse température, le seul équipement qui ait été préservé de l’incendie, avec la station de transfert de chaleur de Préval. C’est cet équipement qui consomme la totalité des besoins de chaleur.
Le broyeur de bois humide Titan Prodesa, photo Frédéric Douard
La matière sèche est ensuite stockée dans un silo tampon de 800 m³ d’où elle est extraite à la demande de la ligne de granulation qui commence par un broyeur sec à marteaux, un Thor de Prodesa qui fonctionne à 1 500 t/min.
Les deux presses à granulés Toro Prodesa, photo Frédéric Douard
Deux presses Toro Prodesa de 5t/h, équipées de rouleaux révolutionnaires graissés à vie, transforment la matière en granulés. Ils sont ensuite refroidis et tamisés avant de rejoindre en priorité la ligne d’ensachage PKT ou à défaut le silo de stockage extérieur d’un volume de 2000 m². L’ensemble des postes de production de poussière, broyage, séchage et granulation, sont équipés en ATEX et sont aspirés par des dépoussiéreurs Cattinair, construits en région Franche-Comté et équipés de ventilateurs Euroventilatori.
L’ensacheuse et le palettiseur, photo Frédéric Douard
La marque Franche-Comté Granulés
La commercialisation de la production n’a pas été à construire puisqu’elle vient principalement en appui de celle de Vert Déshy. La production franc-comtoise, en sac comme en vrac, vient donc compléter les besoins de la clientèle de Vert Déshy et se positionne sur la zone nord de cette clientèle qui existait déjà sur le secteur sud Jura.
Livraison de matière première à la Comtoise de Développement, photo Frédéric Douard
Et pour valoriser cette production réalisée dans une région qui bénéficie d’une double image de qualité environnementale et de qualité d’un prestigieux fromage, une marque a été créée, Franche-Comté Granulés, et qui viendra s’ajouter à celle de Vert Déshy.
L’un des dépoussiéreurs Cattinair avec ses ventilateurs Euroventilatori, photo Frédéric Douard
Contacts :
- Comtoise de développement : Christophe Saint-Cyr – 04 74 46 34 30 – contact@comtoise.pro
- Broyage et granulation : Prodesa – 07 66 87 54 71 – cgarnier@prodesa.net – www.prodesa.net
- Séchage : +41 79 744 01 92 – info@swisscombi.ch – www.swisscombi.ch
- Parois de silos à plat préfabriquées : +32 56 55 48 53 – info@cobefa.be – www.cobefa.be
- Aspiration des poussières : 03 81 32 68 00 – info@cattinair.com – www.cattinair.fr
- Ventilateur d’aspiration des poussières : 04 74 43 68 32 – contact@euroventilatori-france.com – www.euroventilatori.fr
- Ensacheuse PKT en France : 01 60 31 50 68 – william.bonnet@assispack.fr – www.bagline.fr – www.pkt.it
- Traçabilité et contrôle qualité des granulés : n2air.fr
Frédéric Douard, en reportage à Houtaud
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