Bientôt cinq réseaux de chaleur durable pour décarboner le territoire de Limoges Métropole

Aperçu de l’agglomération Limougeaude traversée par la Vienne, photo Ville de Limoges
Limoges, ville d’art et d’histoire, affiche le titre de capitale des Arts du Feu, en référence à son illustre industrie des émaux, de la porcelaine et des vitraux. Dans ce même domaine du feu, la ville s’illustre également depuis des années par une transition énergétique qui passe par la combustion de ressources locales renouvelables en biomasse et en déchets résiduels. Pour aller encore plus loin, le 21 novembre 2023, Limoges Métropole et son concessionnaire ENGIE Solutions ont annoncé le lancement de deux nouveaux projets d’envergure pour alimenter plus largement la Ville de Limoges en chaleur durable. Le premier permettra de verdir le réseau de chaleur existant de l’Hôtel de Ville et de l’étendre significativement ; le second veut tirer parti de l’énergie fatale des eaux usées de Limoges Métropole et de la biomasse pour alimenter un nouveau réseau de chaleur sur la Rive gauche de Limoges.

Signature de la DSP des deux réseaux de chaleur, le 21 novembre 2023, par Guillaume Guérin, Président de Limoges Métropole, et Yann Rolland, Directeur Général Délégué d’ENGIE Solutions, photo ENGIE Solutions
Une stratégie basée sur les réseaux de chaleur
Ces deux projets s’inscrivent dans le Plan Climat Air-Energie Territorial de l’aire urbaine qui a adopté une stratégie de développement de réseaux de chaleur sur son territoire depuis la fin du vingtième siècle. Le Conseil Communautaire vient de confier à ENGIE Solutions ces deux nouvelles Délégations de Service Public pour l’exploitation et le développement des deux réseaux de chaleur pour une durée de 30 ans. Les projets seront financés à 100 % par l’énergéticien.
Le réseau de l’Hôtel de Ville
Le projet du centre-ville est né de deux objectifs : verdir le réseau de l’Hôtel de Ville, jusqu’alors alimenté à 55 % en biogaz et à 45 % en gaz naturel ; et en profiter pour l’étendre largement. Les installations passeront donc de 740 mètres linéaires et 10 sous-stations à 23 kilomètres et 135 points de livraison pour distribuer quelque 9470 équivalents-logements. La nouvelle Chaufferie de l’Est sera, à terme, alimentée majoritairement par la Centrale Energie Déchets de Limoges Métropole (CEDLM), exploitée par Véolia Propreté. Grâce à la récupération de l’énergie perdue, sous forme de chaleur, issue de l’incinération des déchets, le réseau sera alimenté à terme à 97 % d’Energies Renouvelables et de Récupération (EnR&R).
Un important travail de tracé du réseau et de phasage des travaux a été réalisé afin d’intégrer les contraintes archéologiques et le planning des travaux de voiries prévus pour le déploiement d’un réseau de voies rapides pour les bus dans le centre-ville. Pour limiter au maximum les perturbations occasionnées aux riverains, les travaux s’étaleront entre 2023 et 2028 pour une mise en service lors de la saison de chauffe 2028-2029.

La centrale énergie déchets alimentera le réseau du centre ville, photo Limoges Métropole
Chiffres-clés pour le réseau de chaleur du centre-ville de Limoges
- 23 km de réseau
- 64 GWh distribués, soit les besoins de 9 470 équivalents-logements
- 135 points de livraison
- 97 % d’énergies renouvelables et de récupération à partir de 2032
- 5000 m³ de stockage de chaleur, installé à côté de la Chaufferie de l’Est
- 17 760 tonnes de CO2 évités par an, soit les émissions annuelles de 7 835 voitures thermiques
- 2 chaufferies gaz en appoint
Le réseau Limoges Rive-Gauche
Le réseau de chaleur Rive gauche de Limoges permettra quant à lui de livrer du chauffage et de l’eau chaude sanitaire aux habitants et entreprises situés au sud de la Vienne, dans le quartier du Sablard. L’idée initiale est de tirer parti des travaux de modernisation de la station d’épuration principale engagés par Limoges Métropole en récupérant l’énergie des eaux de rejet. Trois pompes à chaleur en valoriseront cette énergie pour alimenter le réseau de chaleur.

Comme à la chaufferie du CHU de Limoges, le quartier du Sablard sera en bonne partie chauffé au bois, photo Compte.R
En complément, une chaudière biomasse d’une puissance de 8,5 MW sera également installée dans la centrale de production. Alimentée par de la biomasse d’origine locale, elle permettra au réseau d’atteindre près de 98% d’énergie renouvelable. Avec 14,3 km de réseau et 40 GWh distribués, ce réseau de chaleur vertueux permettra de distribuer environ 5 880 équivalents-logements.
Chiffres-clés pour le réseau de chaleur Rive Gauche
- 14,3 km de réseau
- 40 GWh distribués soit les besoins de 5 880 équivalents-logements
- une chaudière biomasse de 8,5 MW
- 51 points de livraison
- 97,6 % d’EnR&R (énergies renouvelables)
- 8039 tonnes de CO2 évités par an, soit les émissions annuelles de 3650 voitures
- 2 chaudières gaz en appoint
Des projets qui font suite à d’autres
« Ces deux projets vont permettre de doubler le linéaire des réseaux de chaleur de Limoges Métropole. Ils sont un des axes forts dans la volonté et la stratégie de Limoges Métropole de devenir un territoire durable. En effet, le développement des réseaux de chaleur permet à la fois un gain environnemental, social et économique pour les habitants et les entreprises du territoire. » a indiqué Guillaume Guérin, Président de Limoges Métropole.

La centrale de cogénération bois du Val d’Aurence, photo R. Escher pour Dalkia
En effet, avant le lancement des ces projets , l’agglomération de Limoges bénéficiait déjà de trois autres réseaux de chaleur alimentés par la biomasse ou les déchets municipaux :
- celui de Beaubreuil, créé en 1988, il est, pour ses 3700 équivalents-logements, alimenté à 98% par usine d’incinération des ordures ménagères mise en service en 1989.
- celui du Val de l’Aurence, construit en 1968 pour les quartiers ouest de Limoges, il est aujourd’hui long de 26,5 km avec ses 14000 équivalents-logements. Il est alimenté depuis avril 2012 à 78 % par de la chaleur renouvelable issue de la combustion de biomasse réalisée dans la centrale de cogénération de 28 MWth exploitée par Dalkia. Au total 128 GWh/an de chaleur y sont produits chaque année pour fournir le chauffage et l’eau chaude sanitaire aux 100 bâtiments raccordés.
- celui du CHU de Limoges, un réseau de 3 km qui alimente quatre de ses hôpitaux mais aussi la faculté de médecine et de pharmacie et le CH Esquirol présents sur le même site. Depuis 2008, il est alimenté à 66% par une chaudière bois de 9 MW.

La chaudière biomasse de 9 MW du CHRU de Limoges, photo Compte.R
Frédéric Douard
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