Compost Val d’Europe : le développement passe par le bois-énergie
Article paru dans le Bioénergie International n°30 de mars-avril 2014
Dans la configuration économique qui est celle de la valorisation des déchets verts en France, c’est à dire aujourd’hui principalement vers la filière compost dont la plus value est faible, depuis quelques années, le bois-énergie offre de nouvelles perspectives. Et il y a deux raisons à cette ouverture de marché : d’une part la perspective d’améliorer la qualité des composts en extrayant les surplus de bois, et d’autre part une réponse à la demande croissante des chaufferies à biomasse de grandes tailles nouvellement créées, et qui ont techniquement les capacités d’incorporer des bois grossiers, humides et riches en minéraux. À l’est de la région parisienne, l’entreprise familiale Compost Val d’Europe (CVE), située à Chalifert, saisit cette opportunité depuis 2009.
À l’origine, entrepreneur de travaux agricoles dans la Marne toute proche, Robert de Meulenaere travaille depuis 1993 à la valorisation des déchets verts comme amendement agricole. D’abord comme prestataire de service avec son entreprise Vert Paysage Environnement, il exploite désormais, en plus, la plateforme à déchets verts de Chalifert avec ses deux fils, Valère et Olivier.
Notons d’abord, que de par son positionnement géographique, en zone francilienne récemment urbanisée, donc avec des terrains petits, donc pauvres en herbe mais riches en arbres, les déchets verts collectées dans la zone sont principalement des branchages, et même pratiquement que ça durant l’hiver. Ainsi, d’une valorisation à 100% en compost jusqu’en 2009, CVE transforme aujourd’hui ces déchets à 80% en combustible et à seulement 20% en compost, une preuve de la forte demande énergétique et une démonstration des recettes que ce nouveau marché est capable de générer. Bien sûr, pour négocier ce virage, CVE a modifié ses pratiques et investit dans de nouveaux équipements.
Le tri des déchets verts et des souches
Concernant les produits de l’activité historique de la plateforme, qui ont représenté 23 000 tonnes en 2013, CVE procède à un broyage des produits à leur arrivée, dans un broyeur lent à deux axes, sachant que dans la perspective de favoriser le débouché énergie, ce broyage est réalisé avec une grille à grosses mailles, afin d’éviter au maximum le micro-fractionnement et de favoriser l’aération et le séchage naturel des tas.
Ensuite, le broyat entreposé s’échauffe durant deux semaines, est retourné, laissé encore deux semaines puis criblé. Cette période courte de fermentation sépare le bois des feuilles et assèche le produit, ce qui est profitable au contenu énergétique mais aussi à l’abaissement du taux de minéraux du futur combustible.
Au sortir de cette période de maturation, le broyat passe dans un crible Neuenhauser de grande capacité, acquis expressément pour cette activité auprès des Ets SOMTP Environnement, afin de sortir trois fractions :
- Le 0 à 20 mm qui partira en compostage long, avec réhumidification,
- Le 20-60 mm qui va pouvoir partir en énergie, pur ou en mélange avec de la plaquette selon les cahiers des charges. A ce niveau, si le produit contient des cailloux, il sera passé au StoneFex Komptech avant expédition.
- Les sur-longueurs seront quant à elles rebroyées pour l’énergie ou le paillage, livrées directement dans certains chaufferies ou conservées comme structurant du compost.
Nous avons demandé à Olivier, le responsable de la plateforme, ce qu’il pensait du crible Neuenhauser.
« C’est un crible à deux bancs successifs à étoiles, suffisamment écartés l’un de l’autre pour ne pas bourrer avec les grands bouts, et nous en avons beaucoup. Sa surface de criblage est très importante (13 m²) et nous pouvons de fait travailler très vite, jusque 80 tonnes/heure. Il n’est pas capoté, donc tout est facile d’accès, facile à nettoyer, la poussière tombe naturellement. La motorisation est en partie haute, à l’opposé de la zone d’éjection, à l’abri des poussières, facile d’accès également par une passerelle. Son moteur de 175 CV consomme entre 9 et 12 l/h. En 2013, avec la prestation, il a passé 50 000 tonnes de produit, et depuis 15 mois que nous l’avons, il a travaillé 1600 heures, sans ennui. Pour notre usage, c’est le matériel le plus adapté aujourd’hui sur le marché. »
Le déchiquetage des bois ronds
Afin de pouvoir répondre aux différents cahiers des charges de bois-énergie, CVE a choisi de valoriser les bois ronds qu’elle récupère vers la production de plaquettes haut de gamme. Pour cela, elle a investi dans une déchiqueteuse à couteaux Chippo 5010C Komptech, distribuée en France par les Ets Hantsch. Portée et entrainée par un camion motorisé à 540 CV, équipée de sa propre grue, elle est capable de produire jusqu’à 30 tonnes de plaquettes fines et calibrées à l’heure à partir de bois rond jusque 80 cm de diamètre, exempts de métaux, de terre et de cailloux. Très mobile, munie d’un tapis d’amenée repliable de 4m, d’un fendeur de gros bois intégré, elle dispose de trois tailles de grille de calibrage à 40, 60 ou 80 mm, interchangeables en 20 minutes à deux personnes. Le camion est équipé d’un radiateur latéral ventilé contre les surchauffes, de béquilles de travail bien sûr et d’une caméra pour visualiser l’éjection.
« C’est un équipement très autonome, qui consomme peu, 1,8 litre par tonne de plaquette, facile à utiliser sur la plateforme comme en prestation à l’extérieur, et qui réalise une plaquette de grand qualité », nous indique Valère, aux commandes de la machine.
Contacts :
- Compost Val D’Europe – Famille de Meulenaere – www.cve77.fr
- SOMTP Environnement, fournisseur de Neuenhauser en France – Ludovic Arnoult – environnement@somtp.fr – 06.07.34.44.06
- Hantsch, fournisseur Komptech en France – Christophe Arnold – 03 88 87 52 53 – info@hantsch.fr – www.hantsch.fr
- W 41 TP, fournisseur Doppstadt en France – 02 47 29 17 80 – www.broyeur-doppstadt.fr
Frédéric Douard, en reportage à Chalifert
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