Intersport choisit le bois-énergie pour chauffer sa plateforme logistique d’Autrèche
Article paru dans le Bioénergie International n°96 de mai 2025
Le centre logistique Intersport d’Autrèche, photo Frédéric Douard
Logistique Sports et Loisirs (LSL) est la filiale logistique française du groupe Intersport, un groupe qui en France regroupe plus de 960 magasins et qui, avec ses plus de 20 000 collaborateurs, a réalisé un chiffre d’affaires de 3,88 milliards € en 2024. Intersport France se présente sous la forme d’une coopérative regroupant des adhérents propriétaires de leurs magasins avec une structure centrale basée à Longjumeau dans l’Essonne et trois plateformes logistiques : Saint-Vulbas dans l’Ain, Machecoul-Saint-Même en Loire-Atlantique et Autrèche en Indre-et-Loire. Ce dernier site qui a ouvert en septembre 2024 dispose d’une première tranche de 4 cellules de stockage de 12 000 m² chacune et de 1 600 m² de bureaux. Il est situé au sein du parc d’activités des Portes de Touraine au bord de l’A10, en Centre-Val-de-Loire, barycentre logistique du pays du fait de son positionnement géographique, et qui compte non moins de 1200 plateformes logistiques ! À terme, l’espace de stockage d’Autrèche, d’ores et déjà terrassé, s’étendra sur 84 000 m² et deviendra la plus vaste plateforme logistique d’Intersport France.
Une plateforme aussi verte que possible
Un ballon de 12 000 litres fait le tampon entre la chaudière et les besoins, photo Frédéric Douard
Pour la réalisation de cette infrastructure, LSL a souhaité s’engager autant que possible dans une démarche environnementale favorisant les énergies renouvelables et la biodiversité. Sur la partie électricité, des centrales photovoltaïques ont été prévues en toitures. Cette électricité sera autoconsommée et devrait assurer au moins 30 % des besoins, y compris ceux d’une trentaine de bornes de recharge pour véhicules. Une centrale de 3,2 MWc est déjà en place via un tiers investissement et trois autres projets sont en cours. Sur la partie thermique, le bois assure la presque totalité des besoins de chauffage des locaux.
Sur la partie biodiversité, les espaces verts sont en cours d’aménagement sur plus de 6 ha en démarche Zéro Phyto. Ils ont pour objectif d’offrir des abris et des sources alimentaires à la faune à travers des prairies, des haies, un verger et une mare. L’ensemble du bâtiment de bureaux est également couvert d’une toiture végétalisée. Enfin, le parking a été conçu pour infiltrer les eaux pluviales et une partie des eaux de toiture est récupérée pour utilisation dans les sanitaires, le site devant accueillir à terme jusqu’à 300 personnes.
Le projet est inscrit dans deux démarches de reconnaissance environnementale : la certification BREEAM (BRE Environmental Assessment Method), référentiel britannique qui évalue le comportement environnemental des bâtiments, et le label international BiodiverCity® qui évalue la prise en compte de la biodiversité dans les projets immobiliers.
Un projet XXL
Les besoins en chauffage concernent pour l’instant 48 000 m² de stockage sur 10 m de haut, soit 480 000 m³ à maintenir entre 12 et 15 °C selon les secteurs qui contiennent principalement des articles chaussures et textiles sur 5 niveaux. Des déstratificateurs industriels, sortes de ventilateurs de plafond, permettent de brasser l’air chaud vers la base des halls. Les besoins en chauffage concernent également les 1 600 m² de bureaux à maintenir à 19 °C et une production d’eau chaude sanitaire pour les travailleurs du site.
L’été, une climatisation naturelle s’opère par circulation d’air entre les grilles de plusieurs quais d’expédition, dont les portes sont alors ouvertes, et des ouvertures en dômes sur les plafonds.
Le centre logistique Intersport d’Autrèche s’étend déjà sur 50 000 m2, photo Frédéric Douard
Pour la production de chaleur, LSL a opté pour une chaudière à bois alimentée par du bois déchiqueté. C’est un combustible renouvelable et produit dans des forêts gérées durablement, il est stockable et pilotable très facilement. Il est également le combustible le moins cher du marché français. Ce bois est transformé en chaleur dans une chaudière industrielle du constructeur autrichien Hargassner. À terme, lors de la seconde tranche de travaux, 3 nouvelles cellules totalisant 432 000 m³ supplémentaires seront construites, c’est pourquoi la chaufferie a été dimensionnée pour accueillir une seconde chaudière.
Notons qu’une pompe à chaleur air/eau de 75 kW a été installée pour couvrir les besoins thermiques des bureaux lorsque les installations de chauffage au bois sont à l’arrêt, notamment en mi-saison, l’énergie bois restant de très loin la moins chère.
La chaufferie biomasse
Elle a pris place dans un local mitoyen de l’un des halls de stockage. D’une surface de 200 m², elle accueille une chaudière à grille mobile Magno-SR 995 kW de chez Hargassner. Equipée d’une technologie à grilles mobiles, ici à fond plat, elle accepte du bois déchiqueté à très large spectre humidité compris entre 8 et 60 %. Et malgré ce grand écart, cette chaudière fait partie des rares de cette taille à disposer d’un allumage automatique ! Grâce à cela, elle a la capacité de s’éteindre et de se rallumer automatiquement entre les phases de chauffage et de chargement d’un ballon tampon de 12 m³, ce qui procure une grande souplesse d’utilisation à l’installation et ce qui réduit la consommation de bois. La chaudière fait ainsi environ 3 cycles de chauffage par 24 h après réglage de l’hystérésis du ballon tampon.
La chaudière bois et l’électrofiltre du Centre logistique Intersport d’Autrèche, photo Frédéric Douard
Son alimentation en bois est assurée par une vis sans fin pour un dosage précis et sans à-coup. Sa chambre de combustion dispose de deux zones d’air primaire et de deux zones d’air secondaire, afin d’obtenir les réglages les plus affinés possible. Elle dispose également d’un dépoussiérage par multi cyclones intégré et d’un décendrage déporté vers un big-bag, ce qui évite toute manipulation des cendres en chaufferie. Elle est équipée en externe d’un filtre électrostatique OekoRona qui abaisse les émissions de poussière en deçà des 30 mg/Nm³ à 6 % d’O₂.
Nicolas Maringues, responsable maintenance du site d’Autrèche, photo Frédéric Douard
La production de chaleur bois est secourue par une chaudière électrique de 500 kW mais ne dispose pas d’appoint. Le bois couvre en effet 100 % des besoins thermiques en période de chauffe. La maintenance de la chaufferie est assurée par la société Axima du groupe Equans à raison de 4 h par semaine en saison de chauffe.
Le combustible est livré dans un silo enterré via deux trappes, en ressort par des extracteurs à échelles hydrauliques et est amené en chaufferie par un convoyeur mécanosoudé équipé d’un répartiteur qui alimentera les deux chaudières à terme.
Les deux trappes de livraison du bois à Autrèche, photo Frédéric Douard
Les livraisons sont réalisées depuis novembre 2024 par l’entreprise Flaman, productrice de bois déchiqueté depuis 2006 à Genillé à 50 km d’Autrèche. La consommation du premier hiver a été d’un camion de 22 tonnes en moyenne tous les 42 jours durant les périodes les plus froides.
L’écran de contrôle et commande de la chaudière bois, photo Frédéric Douard
Contacts :
- LSL Intersport Autrèche : Nicolas Maringues, technicien de maintenance : 07 88 91 31 94 – nmaringues@intersport.fr
- La chaudière : Hargassner France Nord-Ouest - 05 49 63 55 13 – www.hargassner.com/fr-fr/concessions/nord-ouest/
- L’électrofiltre : Oekosolve en France – 04 74 83 40 88 – contact@philtecsysteme.fr – www.oekosolve.com/fr/
- Le convoyeur bois : 04 70 56 58 74 - contact@al-industrie.com – www.al-industrie.fr
- Le fournisseur de bois-énergie : 06 80 22 90 21 – steflaman@orange.fr – www.steflaman.fr
- Maintenance chauffage : www.equans.fr
Frédéric Douard, en reportage à Autrèche
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