Priorité séchage à la Bûche Jurassienne pour un chauffage au bois performant
Article paru dans le Bioénergie International n°94 de décembre 2024

Le site de production de La Bûche Jurassienne, photo Groupe Roy

Fendeuse à barillet Aficor pour les petits diamètres sur le site de Lavans, photo Frédéric Douard
La société La Bûche Jurassienne a été créée en 2010 par Cyril et Sandrine Grillot à Lavans-lès-Dole dans le département du Jura. Le couple y travaille en famille avec leur fils Thibaut et un salarié. En 2023, pour accéder à des investissements à même de faire progresser leur activité, et pour répondre à la forte demande post-covid et post-déclenchement de la guerre en Ukraine, la famille Grillot décide d’intégrer le groupe Roy, en lui cédant 80 % de ses parts. L’entreprise Roy, fondée en 1984 en bûcheronnage et débardage, et basée sur la commune voisine de Ranchot, travaille aussi dans le secteur du bois-énergie, mais également dans la production de piquets en bois et dans le transport de bois. Pour Charly Roy, dirigeant du groupe et fils du fondateur Jean-Louis Roy, l’opération permet d’accélérer le développement dans le bois-énergie en incorporant une équipe et un savoir-faire, avec la famille Grillot qui reste salariée de son entreprise. Le Groupe Roy compte également parmi ses dirigeants, Patrice Thiébaud, ancien bucheron-débardeur comme Jean-Louis Roy.
Deux sites de production de bois bûche
Le bois utilisé pour la production de bûches est collecté dans un rayon de 80 km autour de Lavans, dont 40 % en forêt de Chaux. Il provient de coupes de régénération pratiquées par l’ONF et par des propriétaires forestiers privés, et du tri de qualités de bois durs non destinées au sciage : 80 % de hêtre et 20 % de frêne, chêne et charme. L’approvisionnement bénéficie en partie de la logistique des Transports Roy qui possèdent 8 grumiers, 5 ensembles à plateau et 5 ensembles à fond mouvant.

La ligne de fendage vertical du site de Lavans, photo Groupe Roy
90 % de la production est destinée à des professionnels d’autres départements comme les Savoies, le Rhône, l’Isère, le Vaucluse, le Gard ou les Bouches-du-Rhône. Cette fourniture aux professionnels est réalisée en vrac ou sur palettes, et seul 20 % de ce volume est séché par le producteur. Les 10 % de production restants sont vendus dans la région, directement aux particuliers et aux pizzerias, à 100 % sur palettes en sec ou demi-sec.
Le site de Lavans-lès-Dole
Sur le site de Lavans, sur 1,2 ha, l’entreprise dispose de deux lignes de sciage-fendage dont une fendeuse à barillet Aficor pour les petits diamètres et une fendeuse verticale Pezzolatto pour les gros.

Premier criblage des bûches en sortie de combiné scie-fendeur, photo Frédéric Douard
Un crible mobile à disques Rabaud est utilisé pour nettoyer les bûches fraiches. Les palettes de bûches sont montées dans deux palettiseurs Rabaud.

Le crible à disque sur site de production de La Bûche Jurassienne, photo Groupe Roy
Le processus de production, qui emploie quatre personnes à Lavans, est le suivant : découpe des grumes, élimination des nœuds à la tronçonneuse, chargement dans le combiné scieur-fendeur, coupe automatique des bûches à 25, 30 ou 40 cm, fendage des gros diamètres sur la fendeuse verticale, fendage des petits diamètres sur la fendeuse à barillet, double criblage en sortie de fendeuse puis au crible à disques pour ôter le maximum d’impuretés, passage au séchoir ou pas, puis palettisation sous filet avec bâche de couverture.

Les deux palettiseurs de bûches, photo Frédéric Douard
Le site de Ranchot

La ligne de fendage du site de Ranchot, photo Frédéric Douard
Sur les 2,8 ha du siège historique du groupe Roy, en 2020, l’entreprise a investi 1,2 million € dans la construction d’un bâtiment neuf. Son but était de centraliser et de mutualiser les moyens pour les trois sociétés qui intégraient alors la holding Roy : Franche-Comté Bois Énergie spécialisée dans le déchiquetage de bois, Piquet Bois qui fabrique des piquets en acacia pour l’agriculture, et STR Transports Roy, spécialisée dans le transport de grumes et le négoce de bois de chauffage. Pour son activité bois de chauffage, STR Transports Roy dispose à Ranchot d’une ligne de sciage et fendage vertical Dehard.
La question du séchage pour un produit de qualité
L’objectif du groupe Roy est de développer la distribution du bois-énergie aux particuliers sur l’axe Dole-Besançon. Car dans la région, en milieu rural et périurbain, près de la moitié des maisons se chauffent en tout ou partie au bois. Et les hausses régulières des prix du gaz, du fioul et de l’électricité incitent les particuliers à utiliser davantage cette énergie économique, écologique et locale qu’est le bois.

La Bûche Jurassienne, c’est Sandrine qui pilote le combiné scie-fendeur de Lavans, photo Frédéric Douard
Mais pour proposer du combustible de qualité directement aux particuliers, il faut qu’il soit parfaitement sec, prêt à l’emploi, d’autant que depuis le 22 septembre 2022, la réglementation française impose aux vendeurs de bois de chauffage étiqueté « prêt à l’emploi » de le fournir à moins de 23 % d’humidité. Et cette réglementation va même plus loin en interdisant la vente de bois bûche d’un volume inférieur à 2 m3 si le taux d’humidité est supérieur à 23 %. Ceci est basé sur le principe que les ménages qui achètent moins de 2 m3 n’ont, soit pas la place pour en stocker plus, soit pas la trésorerie pour en acheter plus, et dans les deux cas n’ont pas les moyens de le sécher avant usage, le but ultime étant d’interdire l’usage de bois humide et donc polluant.
Le séchage en cogénération biogaz
Jusqu’en 2020, le Groupe Roy utilisait le séchage naturel pour ses bûches, à savoir scier et fendre le bois et l’entreposer à l’abri de la pluie et des rayons directs du soleil. La difficulté de cette méthode est qu’elle demande beaucoup de place et de temps, de 6 à 12 mois pour des bois fendus et sciés à longueur de vente, mais aussi beaucoup de trésorerie.

Les bennes de séchage par cogénération à l’unité de méthanisation de Gendrey, photo Frédéric Douard
À partir de 2020, pour sécher plus vite, l’entreprise a mis à profit la mise en service de plusieurs unités de cogénération de biogaz dans son secteur. La cogénération c’est la production simultanée d’électricité et de chaleur, toutes les centrales électriques thermiques produisant de la chaleur pour faire de l’électricité. Et dans ce mode de production, il reste toujours de la chaleur que l’on peut et doit valoriser. Pour récupérer cette chaleur, les sites de méthanisation ont fait appel à la société suisse ZM Technik qui commercialise en France les solutions de séchage en conteneurs à double fond Lauber.

Le site de cogénération biogaz de Gendrey, photo Frédéric Douard
Les unités de méthanisation se sont donc équipées d’échangeurs L-ENZ de chez Lauber et qui récupèrent la chaleur sur le refroidissement des moteurs de cogénération et sur leurs gaz d’échappement. Ces échangeurs eau/air produisent ensuite de l’air chaud qui est injecté par des gaines souples dans le double fond des conteneurs de séchage Lauber via un local technique. Chacun des sites de méthanisation partenaire possède ainsi une batterie de séchage permettant d’alimenter 4 conteneurs. L’air chaud circule dans le bois de chauffage et le sèche en 10 à 21 jours selon la saison. Cette logistique permet de sécher jusqu’à 12 000 stères par an, un volume cependant aujourd’hui insuffisant pour les besoins de l’entreprise.
Le séchage en cellule
En 2024, pour augmenter ses capacités de séchage, le groupe Roy a investi dans une cellule de séchage sur son site de Lavans. L’équipement choisi a été fourni par Cathild Industrie, une entreprise française installée dans la Sarthe et au Canada depuis 40 ans. Elle réalise 75 % de son chiffre d’affaires à l’export et l’essentiel de sa production est réalisée en France. Elle développe et fabrique des séchoirs à bois conventionnels, utilisant les énergies renouvelables (biomasse, méthanisation et géothermie) et les énergies classiques. En France ses installations sont appréciées dans tous les domaines de la filière bois et particulièrement dans le séchage du bois bûche avec un grand nombre d’installations réalisées depuis une vingtaine d’années. En tant que fabricant, elle possède un réseau de techniciens-conseils et d’après-vente sur tout le territoire français, garantissant qualité de séchage, de matériel et de services.

La nouvelle cellule de séchage de La Bûche Jurassienne, photo Groupe Roy
Le séchoir Cathild installé à Lavans est un modèle TTGH Haute Température 110 °C et Haute Performance. Il est équipé à ce stade du projet d’un brûleur au GPL de 950 kW. L’investissement plus coûteux dans un générateur biomasse se fera une fois que l’activité aura atteint son régime de croisière.

Les bennes de séchage pour le nouveau séchoir, photo Groupe Roy
Ce séchoir permet de sécher 150 stères en 2,5 à 3 jours suivant la température de travail retenue, pour ramener des bûches à 22 % d’humidité. Il est équipé d’un récupérateur de chaleur et d’extraction d’air autonome. Ainsi, lors du processus de séchage, l’air chaud très humide extrait, réchauffe l’air entrant sec et frais. Le fonctionnement est entièrement automatique, avec une régulation par PC permettant d’enregistrer les cycles, de piloter le séchoir à distance et d’assurer la gestion d’énergie. Une application pour smartphone offre une plus grande liberté de pilotage. Son chargement est simplifié par l’utilisation de bennes grillagées de 30 m3 spécialement conçues, manipulées par bras hydraulique sur camion, pour une rupture de charge minimale. La cellule peut en contenir 5 à la fois.
Des perspectives durables
Aujourd’hui, avec ses quatre activités, le groupe Roy compte une quarantaine de salariés pour un chiffre d’affaires annuel de 13,5 millions €. La partie bois-énergie, production et transport, mobilise un peu plus de la moitié du personnel et génère 60 % du chiffre d’affaires. Elle se décompose en 60 000 stères de bûches commercialisés par an, dont 40 produites par l’entreprise, et de 100 000 tonnes de plaquettes forestières. L’acquisition de La Bûche Jurassienne a également ouvert le marché de la commercialisation locale de granulés de bois produits dans le département par l’entreprise partenaire Jura Pellets depuis juin 2023. C’est donc une combinaison assez complète d’offre bois-énergie qui se dessine, tant sur le marché domestique que collectif.

Depuis la gauche Audrey Jacquin, responsable marketing, Cyril Grillot et Charly Roy, photo Frédéric Douard
Et sur la bûche, le groupe vient de lancer une nouvelle marque porteuse d’espérances, la « Bûche Jura Confort », une bûche qui mise sur la qualité d’utilisation et de combustion, pour le confort des utilisateurs et le respect de la qualité de l’air. L’entreprise a ainsi pris la mesure des enjeux du chauffage au bois, première source d’énergie renouvelable du pays, et qui si elle veut le rester au 21e siècle, se doit d’être irréprochable.
Contacts :
- La Bûche Jurassienne : 03 84 81 26 29 – contact@labuchejurassienne.fr – www.labuchejurassienne.fr
- Fendeuses verticales : www.pezzolato.it/fr/redline/ et www.dehard.com
- Fendeuse à barillet : www.aficor.ch
- Cribleur à disques et palettiseur de bûches : www.rabaud.com
- Séchage en conteneurs : +41 32 661 03 73 – info@zmtechnik.ch – www.zmtechnik.ch
- Séchage en cellule : 02 43 46 15 96 – contact@cathild.com – www.cathild.com
Frédéric Douard, en reportage à Lavans-lès-Dole, Ranchot et Gendrey
Voir également cette vidéo de présentation de l’entreprise :
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