À Formerie, le réseau de chaleur renouvelable fonctionne à l’anas de lin local

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Article paru dans le Bioénergie International n°93 de septembre 2024

Le département de l’Oise, ainsi que tous les départements de Normandie et des Hauts de France, mais aussi la Flandre belge, se situent sur le premier territoire mondial de la culture du lin. L’utilisation de cette plante par l’humanité comme fibre textile est avérée depuis la fin du Paléolithique, il y a plus de 30 000 ans ! En France, sa fibre a été la plus utilisée jusqu’à l’arrivée du coton au 19e siècle et des fibres synthétiques au 20e siècle. C’est pour valoriser l’anas de lin, le principal sous-produit de la préparation de cette fibre, que des projets de chaufferies à biomasse voient le jour, après de nombreuses expérimentations réalisées en France après les chocs pétroliers des années 1970, mais surtout en Belgique dès le début du 20eme siècle. Parmi les chaufferies utilisant les anas de lin dans le département de l’Oise, citons l’emblématique chaufferie de 2 MW à Grandvilliers en service depuis 2006, et celle de 3 MW à l’usine Siniat de Rantigny depuis 2015. C’est dans cette même démarche environnementale et d’économie locale que la Communauté de communes de Picardie Verte a souhaité mettre en place un nouveau réseau de chaleur à Formerie, à quelques kilomètres de Grandvilliers.

L’anas de lin : c’est quoi ?

La production des anas commence avec le rouissage du lin fauché à maturité des graines, une opération qui s’effectue sur le champ et qui prépare la séparation des fibres cellulosiques et de l’écorce ligneuse de la tige par macération. Le lin est ensuite mis en balles rondes tel du foin et transporté dans les usines de teillage, du nom de cette préparation de défibrage, par broyage et battage, et qui sépare la fibre textile de son écorce ligneuse qui éclate alors en petites pailles appelées anas. Cette partie ligneuse représente 50 % de la masse de la plante récoltée. Un hectare de lin produit ainsi jusqu’à 4 tonnes d’anas.

Longtemps considéré comme un déchet, l’anas de lin est aujourd’hui valorisé pour la production d’isolant, de panneau de particules, de litière, de paillage et comme combustible. Il affiche en effet un excellent pouvoir calorifique de 4,5 kWh/kg, à peine moins que celui des granulés de bois.

Le réseau de chaleur de Formerie

Formerie est une petite ville du Plateau picard, située à l’extrémité nord-ouest du département de l’Oise et en bordure du département de la Seine-Maritime. Après l’expérience réussie de Grandvilliers, c’est donc à Formerie qu’un nouveau réseau de chaleur à énergie renouvelable alimente une série d’établissements publics, dont les bureaux de la Communauté de communes, la piscine, le collège, deux gymnases et une partie des services techniques de la ville, à travers un réseau enterré de 550 mètres.

La chaufferie a été installée près du plus gros consommateur, la piscine. À l’issue d’un dialogue compétitif avec le maître d’ouvrage, c’est CRAM qui a été chargée de la conception, de la construction et de son exploitation pour 5 ans.

La chaufferie biomasse

La chaufferie est équipée d’une chaudière Compte.R de 600 kW mise en service le 23 octobre 2023. Le dimensionnement du générateur biomasse a été réalisé pour pouvoir fonctionner toute l’année, et donc aussi l’été, uniquement pour la piscine, sans devoir utiliser la chaudière en dessous de son minimum technique qui est ici de 120 kW. Et pour gommer les éventuelles surpuissances estivales, un ballon tampon de 8 m³ équipe également la chaufferie.

La chaudière biomasse, qui affiche ici un rendement moyen de 87 %, est alimentée par un silo de plain-pied de 100 m² qui permet 4 jours de fonctionnement sans livraison. La chaudière biomasse fonctionne en base et fournit 90 % des besoins de chauffage et d’eau chaude sanitaire du réseau. Elle peut être secondée ou secourue par deux chaudières à gaz totalisant 1 500 kW et installées dans l’ancienne chaufferie à fioul de la piscine. Comme la chaufferie de Grandvilliers, celle de Formerie est alimentée en anas par la coopérative agricole Lin 2000. Elle en consomme un peu plus de 500 tonnes par an pour assurer la livraison d’environ 2 GWh de chaleur par an.

La combustion des anas de lin produit ici 3 % de cendres sur la masse sèche de combustible, ce qui représente un big-bag par semaine pour les cendres de grille, valorisées en épandage agricole, et un big-bag tous les 10 jours pour les cendres volantes.

En termes de respect des émissions atmosphériques, la chaufferie est soumise aux limites suivantes : 50 mg/Nm³ à 6 % d’O₂ pour les poussières et 400 pour les oxydes d’azote. Le contrôle des émissions de poussières est assuré par un filtre à manches Compte.R, et celui des oxydes d’azote par une maîtrise précise de la combustion. C’est également la maîtrise de la combustion au niveau de la grille qui permet à la chaudière de ne pas produire de mâchefers. La chaudière disposant d’un système de ramonage pneumatique de ses tubes de fumée, sa maintenance manuelle nécessite deux arrêts techniques par an.

Contacts :

• La Communauté de communes : 03 44 04 53 90 – www.picardieverte.com
• La ville de Formerie : 03 44 46 17 26 – www.formerie.fr
• L’exploitant : 02 35 24 25 26 – www.cram.fr
• Le chaudiériste : 04 73 95 01 91 – www.compte-r.com
• Ballon de stockage d’eau : www.lacaze-energies.fr
• Le fournisseur d’anas : 03 44 46 77 32 – www.facebook.com/SCALIN2000/
• Génie civil chaufferie : 02 38 85 12 58 – www.lafirminoise.com
• Génie civil du réseau de chaleur : 02 35 93 18 56 – www.groupe-tpb.fr
• Pose du réseau de chaleur : 09 67 48 72 32 – www.st2r.com

Frédéric Douard, en reportage à Formerie