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Agri Biogaz de la Brie : la méthanisation redonne des perspectives à l’agriculture

Article paru dans le Bioénergie International n°96 de mai 2025

Agri Biogaz de la Brie : la méthanisation redonne des perspectives à l’agriculture

Le site d’Agri Biogaz de la Brie, photo Agri Biogaz de la Brie

À Limoges-Fourches, un village situé près de Melun dans le département de Seine-et-Marne, l’unité de production de biométhane Agri-Biogaz de la Brie est entrée en service le 1 février 2022. Les associés et chefs d’exploitations agricoles, Thomas Proffit, Benjamin et son père Marc Deloison, et Mathieu Baudoin ont travaillé trois années pour sortir le projet de terre. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts d’information de la population pour lever les craintes que les riverains ont manifestées de manière très visible dans le paysage. Un changement de site, d’une terre agricole près de l’exploitation d’un associé vers une zone d’activités comprenant des silos à céréales et une déchetterie, a permis la réalisation du projet en concertation.

Thomas Proffit, Benjamin et Marc Deloison, et Matthieu Baudoin, photo Agri Biogaz de la Brie

Les motivations

L’activité des associées est la grande culture, une activité dont l’une des préoccupations est le maintien de la matière organique et de la vie des sols. La méthanisation est l’opportunité d’accroître les surfaces de couverts végétaux en intercultures pour protéger les sols de l’érosion, du lessivage et de la dégradation, pour ramener de la matière organique et pour produire leur propre engrais et amendement organique.

Les difficultés récurrentes sur les marchés internationaux ont aussi plaidé pour une diversification des revenus. Enfin, les conséquences très perceptibles du changement climatique, avec une pluviométrie irrégulière, des baisses de rendements et parfois des dégâts, ont également joué un rôle pour commencer à essayer des pratiques plus résiliantes sur les 850 ha cumulés de leurs exploitations.

Epandage de digestat au cordon, photo Agri Biogaz de le Brie

Les ressources

La ration actuelle du méthaniseur est de 23 000 tonnes. À ce stade du projet, elle est composée de 40 % de CIVE d’hiver mais aussi d’été sur les sols qui le permettent. Elle est complétée par 40 % de pulpes de betteraves et par 20 % d’autres sous-produits agro-industriels solides et liquides en provenance de meuneries, industries laitières ou producteurs de boissons. À terme, les associés souhaitent augmenter cette part des coproduits, en tout cas pendant qu’ils sont encore disponibles à des coûts intéressants. Ils sont en effet généralement plus méthanogènes que les cultures et demandent moins de travail. L’utilisation de biodéchets de consommation, un gisement en progression et potentiellement important en si proche bordure de la région parisienne, est également à l’étude et demandera des investissements complémentaires en hygiénisation.

Les silos d’intrants solides, photo Frédéric Douard

Le choix d’un pionnier de la méthanisation

Pour la réalisation de leur processus de méthanisation et d’épuration du gaz, les associés ont fait le choix d’un leader européen de la méthanisation fort de près de 700 collaborateurs dans le Monde. La société EnviTec Biogas a été créée en Allemagne en 2002 à une époque à l’Allemagne a joué le rôle de locomotive de la filière. Installée en France depuis 2007, la société a réalisé plus de 700 installations en Allemagne et dans 16 pays, au départ en cogénération et depuis 15 ans également en injection de biométhane. Envitec Biogas se positionne comme interlocuteur unique auprès de ses clients pour la conception, construction et mise en service du lot méthanisation et purification du biogaz. Le département SAV d’Envitec Biogas accompagne ensuite les clients tout au long de la vie de l’installation. L’entreprise est également exploitante elle-même de 89 installations en Allemagne.

Intervention de maintenance du constructeur EnviTec Biogas, photo Frédéric Douard

Signalons également que pour la préparation de la matière, l’entreprise met en œuvre une solution innovante et breveté : le dissolveur (le Kreis-Dissolver). D’un volume de 6 m³, ce dispositif ressemble à un robot de cuisine géant qui mixe et homogénéise les intrants et réduit les besoins en eau. Sur la partie épuration, le dispositif EnviThan est conçu pour consommer le moins possible d’électricité et pour récupérer le maximum possible de chaleur fatale. La gestion de la chaleur est entièrement intégrée dans le processus.

Les équipements et leur fonctionnement

Les installations ont été construites à partir de début 2021 sur un terrain de 4 ha, un an tout juste avant la première injection. On y trouve 8000 m² de silos à plats, un pont bascule, une trémie d’incorporation de 120 m³, un digesteur de 6000 m³, une cuve de stockage de 2900 m³, une chaufferie à biogaz, un module de purification et un poste de séparation de phase du digestat brut.

Le pont bascule, les silos d’ensilages et la lagune d’eaux pluviales, photo Frédéric Douard

Un bâtiment accueille également les bureaux, le stockage de certains intrants secs et le chargeur télescopique. Une lagune de 11 000 m³ reçoit quant à elle le digestat liquide alors que le solide est stocké sur une dalle bétonnée. Les eaux de pluie sont récupérées en citernes souples et utilisées en nettoyage et sécurité incendie. Enfin, des panneaux photovoltaïques ont été installés pour couvrir de 15 à 20 % de la consommation électrique du site, un poste de charges qui consomme 10 % des revenus du gaz !

L’incorporateur et les cuves à intrants liquides d’Agri Biogaz de le Brie, photo Frédéric Douard

Pour l’incorporation, les intrants solides arrivent en moyenne à 25 % de matière sèche et sont dilués avec leur équivalent en volume de digestat et d’intrants liquide. Cette opération réalisée dans un bol dissolveur apporte une flexibilité dans le choix des intrants et raccourcit le temps de séjour en libérant la matière élémentaire. Ce temps est actuellement de 90 jours à 41-42°C.

Elément central de l’installation de méthanisation, le dissolveur, photo Frédéric Douard

23 000 tonnes de digestat sont produites annuellement. La séparation de phase permet de recirculer un digestat débarrassé de ses matières épuisées, et de différencier l’amendement de fond (le solide) des engrais fortement azotés (le liquide).

La séparation de phase du digestat, photo Frédéric Douard

La partie liquide est stockée dans sa lagune et est épandue sans tonne par des entreprises agricoles. Pour alimenter ces épandages sans devoir mobiliser d’engins de transport, la mise en place de 6 km de réseau de distribution a commencé. La partie solide est enfouie à l’implantation des cultures en fin de cycle.

La lagune de digestat liquide, photo Frédéric Douard

Le fonctionnement du site lui-même demande la présence d’un salarié à plein temps et de Benjamin à mi-temps. Les astreintes de week-ends, congés et jours fériés sont assurées par les 4 associés et par le salarié.

Biométhane, une économie perturbée par les incessants changements de règles

Le projet a été construit avec des infrastructures à même de produire 400 Nm³/h. Mais, à la suite d’un changement de réglementation pendant la période de construction, une situation fréquente qui brouille régulièrement la visibilité économique de tout le secteur, le projet a été ramené à 240 Nm³/h, pour bénéficier d’un tarif plus avantageux. Seule la partie épuration a pu être réduite par rapport au projet initial et c’est toute l’économie de ce projet à 6 millions € qui a été impactée, prolongeant la durée de retour sur investissement de 7 à 10 ans.

Le site Agri Biogaz de le Brie avec au premier plan le module de purification du biométhane EnviThan, photo Frédéric Douard

Baie d’analyse du biométhane, photo Frédéric Douard

Le biogaz obtenu contient de 52 à 54 % de méthane, avec la ration actuelle, et est épuré par l’installation membranaire fournie par EnviTec. Le raccordement GRDF a pu se faire à 4,5 km du site et GRDF a raccordé deux maillages locaux entre eux pour garantir au projet un débouché tout au long de l’année.

Concernant la vente du biométhane, dans de nombreux cas de figures, notamment avec les contrats d’achat à tarif garanti, les droits des garanties d’origines reviennent à l’État. Ici, le gaz est vendu à un fournisseur de gaz qui l’autoconsomme et qui rémunère les garanties d’origine selon une négociation.

Voir plus loin

La torchère d’Agri Biogaz de la Brie, photo Frédéric Douard

Jeunes agriculteurs pour trois d’entre eux, les associés d’Agri Biogaz de la Brie sont à l’affût des innovations et des opportunités. Leur société est d’ores et déjà partenaire de la société Capcoo créée récemment par le producteur champenois MD Biogaz afin d’organiser la filière de production et de valorisation du bioCO₂ d’origine agricole en France.

Contacts :

Frédéric Douard, en reportage à Limoges-Fourches

Le site Agri Biogaz de le Brie avec au premier plan la citerne souple d’incendie, photo Frédéric Douard


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