Le ramoneur Putzmaus simplifie la maintenance de la chaufferie à déchets verts de Loudéac
Article paru dans le Bioénergie International n°96 de mai 2025

La chaufferie biomasse de Loudéac est alimentée par les déchets verts du territoire, photo Frédéric Douard
La chaufferie bois de la ville de Loudéac en centre Bretagne, 9600 habitants, a été mise en service en octobre 2014 pour desservir les bâtiments publics et quelques privés situés sur la commune, via un réseau de chaleur de 9 km. Elle est gérée en régie par Loudéac Communauté Bretagne Centre (LCBC) qui administre également les déchetteries du territoire, des centres de collecte d’où provient une grande partie du combustible dont la chaufferie a besoin, et notamment du déchet vert, un modèle assez unique en France !
Un approvisionnement original en déchets verts
Le choix de la collectivité a été de valoriser en combustible les stocks de bois non traités apportés par les particuliers et les entreprises dans les déchetteries du territoire. On parle ici de la fraction ligneuse des déchets verts, mais aussi de souches et de bois d’emballage non traité.

Fraction ligneuse de déchets verts locaux à Loudéac, photo Frédéric Douard
Ces produits bruts sont centralisés sur des plateformes où des prestataires viennent les broyer en P100 et les cribler pour en séparer les fines, les cailloux et la fraction compostable. La partie destinée à la combustion est ensuite mise à sécher sous trois hangars de 1500 m² et un de 2500 m². Ces produits y séjournent au moins deux mois l’hiver avant utilisation, chaque hall de stockage connaissant jusqu’à trois cycles de remplissage par an. Le bois issu des déchetteries constitue 90 % des 3500 à 4000 tonnes de bois-énergie dont la collectivité a besoin pour alimenter sa chaufferie durant une année. Le complément est acheté à des entreprises du territoire pour leur rendre service.

Le combustible de la chaufferie de Loudéac est composé majoritairement de la fraction ligneuse de déchets verts locaux, mélangée à de la palette broyée, photo Frédéric Douard
Dans les halls de stockage de la chaufferie, le broyat de déchets verts mélangé aux souches broyées, est stocké séparément du broyat de palettes. Ils sont utilisés en différents mélanges afin d’obtenir un mix d’humidité compatible avec le besoin du jour : par exemple en cas de coup de froid, la part de bois plus sec (les palettes) sera accrue, alors qu’en été la chaudière peut fonctionner avec seulement des déchets verts.
Un mode de chauffage très économique
Lors de la dernière flambée du coût de l’énergie, au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine, grâce à ce choix énergétique, la collectivité a passé les hivers très sereinement. Le coût de la chaleur livrée était alors de l’ordre de 60 € TTC/MWh, bien en deçà des sommets atteints avec le gaz, et même deux fois moins élevé que le prix moyen de la chaleur délivrée en réseau de chaleur en France selon l’Ademe ! Le coût du MWh était de 62 € TTC en 2024 pour une livraison annuelle d’un peu moins de 8,5 GWh.

Patrice Mahéo, un responsable de chaufferie biomasse heureux, photo Frédéric Douard
Notons que la chaufferie a été dotée de 1700 m² de panneaux photovoltaïques en 2023, positionnés sur la toiture du stockage de bois, pouvant couvrir sa consommation électrique à hauteur de 90 %.
Des chaudières très tolérantes en qualités de bois
Lors de la conception de sa chaufferie, la collectivité a fait deux choix judicieux : acquérir deux chaudières et non une seule, et choisir des chaudières très tolérantes à toutes qualités de bois.

La chaudière de 2 MW de Loudéac, photo Frédéric Douard
Sur le dimensionnement, la chaufferie est équipée de 4 chaudières : deux à bois de 1 et 2 MW, qui couvrent 97 % des besoins annuels du réseau, et deux à gaz en secours, et parfois en appoint. Les chaudières bois, dimensionnées respectivement à 1/3 et 2/3 de la puissance totale nécessaire, permettent de répondre à l’ensemble des configurations de demande, et notamment l’été pour la production d’eau chaude sanitaire de la piscine et des trois maisons de retraite. La petite chaudière peut en effet fonctionner sans souci jusqu’à 30 % de sa puissance dans ces conditions.

La chaudière biomasse de 1 MW à Loudéac, photo Frédéric Douard
Sur le plan technologique, le choix s’est porté sur des chaudières industrielles robustes, de marque AGRO Forst, de technologie autrichienne à grille mobile et développées pour consommer des combustibles particulièrement difficiles comme les écorces humides dans les scieries, tout au long de l’année sans interruption. C’est grâce à cette capacité, à gérer en continu des variations fortes d’humidité et des taux élevés d’incombustibles (minéraux), que LCBC parvient à consommer depuis plus de 10 ans avec succès des déchets verts dans sa chaufferie, là où très peu de gestionnaires de chaufferies biomasse osent le faire en France.

Une combustion parfaite des déchets verts Loudéac, photo Frédéric Douard
En sortie des chaudières, les gaz de combustion sont dépoussiérés par un électrofiltre qui ramène les émissions à moins de 10 mg/Nm³, bien en-dessous de la contrainte réglementaire de 50 mg/Nm³. En dix années de fonctionnement, la chaufferie n’a connu aucune panne majeure.
Une maintenance simplifiée par la Putzmaus
La conduite et la maintenance de la chaufferie sont assurées par Patrice Mahéo, responsable du site, et son équipe de trois personnes, pour 1,5 ETP. La maintenance annuelle de la petite chaudière est réalisée en avril, lorsque la grande suffit à couvrir la totalité des besoins, et ce en préparation de la saison estivale où la petite va travailler seule de mai à octobre. La maintenance de la grosse chaudière est réalisée durant l’été.

Patrice Mahéo en train de ramoner l’une des chaudières bois de Loudéac, photo Frédéric Douard
Entre ces périodes de grosses maintenances, durant la saison de chauffe, des ramonages sont effectués tous les 2 à 3 mois par chaudière afin de préserver les performances aux échangeurs qui sont ici verticaux. Cette opération, réalisée en mode chaudière arrêtée mais pas éteinte, avec le ventilateur de tirage en marche, demandait en moyenne 1h30 de travail depuis le toit de l’échangeur pour brosser à la force des bras chaque tube sur toute sa hauteur, un travail assez pénible. Depuis 2021, LCBC a fait l’acquisition d’une valise de ramonage mécanisée Putzmaus pour rendre ce travail plus facile et pour faire gagner du temps aux opérateurs. Et le gain de temps est spectaculaire : l’opération est désormais réalisée en un tiers du temps !

La Putzmaus, photo Putzmaus
Putzmaus, ou littéralement de l’allemand « souris de nettoyage », est un système pneumatique alimenté par de l’air comprimé à impulsions qui génère le mouvement de va-et-vient d’une brosse en acier inoxydable placée au bout de la machine. Il suffit de l’enfiler dans un tube de fumée et son mouvement la fait avancer tout en brossant, en avant puis en arrière. Elle permet un nettoyage approfondi, rapide et sans effort des tubes de fumée de grandes longueurs, horizontaux ou verticaux.

La valise Putzmaus de Loudéac, photo Frédéric Douard
Contacts :
- Patrice Mahéo, responsable de la chaufferie LCBC : 02 96 66 09 09 – cd@loudeac-communaute.bzh – www.bretagnecentre.bzh
- VBI, représentant français des chaudières AGRO Forst et des ramoneurs Putzmaus : 03 90 57 09 10 – info@vbi-bois.fr – www.vbi-bois.fr
Frédéric Douard, en reportage à Loudéac

L’interface de gestion des sous-stations du réseau de Loudéac, photo Frédéric Douard – Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
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