Avec 22 MW au bois, Angers inaugure une centrale de cogénération à but social
Infos clés fiche de cas – Maîtrise d’ouvrage ville d’Angers – Cogénération vapeur avec réseau de chaleur – Combustible : 90 000 tonnes de bois déchiqueté par an – Chaudière bois Vyncke de 22 MW – Manutention du bois : Trasmec – Puissance électrique : 7,5 MWé – Production électrique : 50 000 MWhé/an – Investissements : 58 M€ – Exploitation : Dalkia – Mise en service en 2012 |
La toute nouvelle centrale de cogénération Biowatts vient d’être inaugurée ce mardi 5 mars 2013. Grâce aux 29 kilomètres de réseau de chaleur souterrains, la centrale apporte de la chaleur à l’équivalent de 14 000 logements, soit environ 40 000 Angevins bénéficiaires, et elle fourni en même temps 7,5 MW d’électricité, soit l’équivalent de la consommation de 18 000 logements (hors chauffage électrique).
La chaufferie alimente deux réseaux de chaleur :
- le réseau historique de la Roseraie qui a été étendu. Il mesure désormais 15 kilomètres et apporte la chaleur à 10 000 équivalents logements.
- le nouveau réseau de 14 kilomètres sur Orgemont et vers les Justices assimilables à 4 000 équivalents logements.
Les grands équipements reliés aux réseaux de chaleur sont :
- Les complexes sportifs et les piscines Jean-Vilar et Jean-Bouin
- Le centre socio-culturel Jean-Vilar
- La Cité administrative rue Dupetit-Thouars
- Les lycées Chevrollier et de la Roseraie,
- L’Ecole du Génie et l’université catholique de l’Ouest
- Le centre commercial du Chapeau de Gendarme
- L’entreprise Farmea
Le facteur social
Le projet permet une optimisation du prix de la chaleur pour tous les usagers. La cogénération biomasse permet de maîtriser l’évolution du coût de la chaleur pour les 40 000 Angevins bénéficiaires des réseaux. En effet, le coût du bois, énergie renouvelable, subit beaucoup moins d’aléas que les énergies fossiles. En outre, la vente de l’électricité verte permet d’amortir les investissements, tout en garantissant un prix de la chaleur compétitif.
La ville assure un suivi permanent de l’évolution du coût de la chaleur. Dans ce cadre, il a été défini un logement « Type » sur le quartier de la Roseraie dont les caractéristiques sont : 70 m², 10,5 MWh de consommation thermique annuelle pour le chauffage et la production de l’eau chaude sanitaire (soit 150 kWh/an/m²). Sur cette base, pour la saison de chauffage 2013-2014, la facture a été estimée pour les usagers de Biowatts à 760 euros/an contre 965 euros/an pour le même logement en chauffage individuel au gaz, soit une différence de 20%.
Parallèlement, l’extension du réseau de chaleur de la Roseraie vers l’Esag, le Lycée Chevrollier, les résidences Chevrollier, Maréchal Juin et Churchill ont permis de faire baisser la part de l’abonnement par URF (Unité de Répartition Forfaitaire) de 20 € à 18 €. Et comme Biowatts dispose encore de capacité de production thermique (au moins 20 %), les extensions futures des réseaux de chaleur pourraient permettre de diminuer encore certains coûts fixes dans la production de chaleur aux usagers.
Frédéric Béatse, le maire de la ville a déclaré : « Ainsi, les usagers profitent d’une énergie renouvelable dont l’évolution des prix est bien mieux maîtrisée que celle des énergies fossiles. C’est assez sécurisant en ces temps où le pouvoir d’achat d’un grand nombre de nos concitoyens ne cesse d’être rogné par l’augmentation parfois brutale des coûts du gaz et du pétrole. En cela, Biowatts est également une réponse sociale face à la précarité énergique qui ne cesse de croître chez les plus fragiles. Et dans cette logique de la maîtrise du coût de l’énergie, je tiens à rappeler que tout en créant cette nouvelle chaudière à bois, nous avons également mené à bien des travaux considérables de rénovation urbaine qui ont concerné en particulier l’isolation des logements sociaux de La Roseraie. »
Et le maire d’ajouter : « Grâce à cette opération, la ville d’Angers réduit de manière importante son empreinte carbone. La Ville fait passer de 2 à 15% la part d’énergie renouvelable alimentant les bâtiments municipaux. La nouvelle installation est également un levier important dans le développement de la filière économique du bois dans la région. Biowatts est une preuve supplémentaire de l’engagement de la collectivité dans la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable. L’installation est vraiment à la croisée des champs environnementaux, sociaux et économiques. Sur ce dernier point, il faut signaler les 51 emplois directs créés pour le fonctionnement de Biowatts et la vingtaine d’emplois indirects dans la filière bois ».
Une ressource suffisante
Biowatts utilise 90 000 tonnes de bois-énergie par an sous forme de bois déchiqueté non-traité. Plus des deux tiers du volume provient de la ressource forestière dans un périmètre de 100 km autour du site. Le reste du bois provient des chutes des industries de transformation du bois ou de la récupération d’objets en bois en fin de vie (palettes, caisses, planches non traitées, bois de calage…). Le bassin d’approvisionnement de Biowatts dispose de 352 000 ha de surface boisée. Son accroissement naturel est de 2,3 millions de tonnes/an, or les prélèvements et usages actuels (panneautiers, chaufferies, bois bûche, bois d’oeuvre) ne sont que de deux millions de tonnes, ce qui laisse un solde disponible pour des plaquettes forestières à hauteur de 300 000 tonnes/an.
Les équipements d’approvisionnement du bois :
Particularités : cette installation neuve a dû s’adapter aux contraintes dimensionnelles d’une ancienne usine d’incinération d’ordures ménagères. La conception de trappes spécifiques, escamotables et carrossables par les camions en charge, avant leur vidange dans deux fosses équipées d’un fond mouvant permet de masquer les temps de manœuvre des camions sur le site. La gestion coordonnée de deux ponts roulants permettant d’alimenter la chaudière en continu tout en réalisant un mélange en fosse des différents types de biomasse reçus.
Voir l’alimentation en bois :
La centrale
La chaudière à bois est à même de couvrir plus de 90 % des besoins en énergie thermique des deux réseaux de chaleur. Pour la production électrique, la vapeur produite par la chaudière à biomasse de 22 MW est dirigée vers une turbine à condensation : les étages de détente de la vapeur font tourner un alternateur d’une puissance de 7,5 MW d’électricité. Au total, 50 GWh d’électricité seront produits chaque année et revendus à ERDF.
D’un point de vue des émissions en CO2, le bois est neutre car il rejette, lors de sa combustion, le CO2 qu’il a capté pendant sa croissance. En revanche, les fumées de bois comportent un certain nombre de composants qui sont réglementés (NOx, SOx, CO, poussières…). Ils dépendent en partie de la qualité et de la composition du combustible et du bon réglage des installations. C’est pourquoi la chaufferie Biowatts utilise un bois non traité et est équipée de traitements de fumées très performants à base de filtres à manches. Les particules sont récupérées dans des big-bag, bennes étanches ou silo (séparément des cendres). L’équipement est encore plus performant que l’électrofiltre en permettant d’atteindre des taux de poussières très bas, inférieure à 20 mg/Nm3. Bien évidemment, le tout est extrêmement contrôlé par les services de l’Etat. 1800 tonnes de cendres seront valorisées chaque année en épandage agricole, compostage, construction ou cimenterie.
Biowatts fait donc travailler environ 70 personnes
Le fonctionnement de Biowatts fait travailler directement 51 personnes dont plus de quarante créations d’emplois (les sept postes consacrés à la chaufferie d’appoint et au réseau de la Roseraie existaient déjà). Chiffre auquel il faut ajouter la vingtaine d’emplois indirects dans la filière bois.
La répartition se fait comme suit :
- Filière d’approvisionnement : environ 30 emplois directs (bûcheronnage, façonnage, débardage, déchiquetage, transport, logistique, contrôle biomasse) et environ 20 emplois indirects (expertise, martelage, vente, entretien de l’espace, entretien et maintenance des moyens forestiers et des moyens logistiques…)
- Pilotage, exploitation et maintenance de Biowatts et du réseau de chaleur Orgemont : 14 emplois directs chez Dalkia
- Pilotage, exploitation et maintenance de la chaufferie d’appoint de la Roseraie et du réseau de chaleur de la Roseraie : 7 emplois directs chez Soccram.
Biowatts participe ainsi très fortement à la mise en place et à la pérennisation d’une filière régionale d’approvisionnement en biomasse énergie pouvant répondre aux besoins des collectivités. À signaler qu’à Angers, d’autres chaufferie à bois existent, qui alimentent en chaleur les immeubles du Petit-Verger à Monplaisir, le centre technique des espaces verts de la Ville, le centre de maintenance du tramway, le futur centre aqualudique Aqua Vita et Terra Botanica.
Le coût de l’opération
58 Millions d’euros d’investissements pour l’ensemble dont :
- 14 M€ pour la création du réseau d’Orgemont
- 6 M€ pour l’extension du réseau La Roseraie
- 4 M€ pour la construction de la chaufferie d’appoint
- 34 M€ pour la création de la centrale cogénération
Un montage financier innovant
C’est un montage financier atypique et très innovant qui a permis de mener à bien le projet. Cela montre l’implication de la collectivité dans l’investissement d’un bien collectif, dont l’équilibre économique industriel est au service des usagers des réseaux de chaleur, de la qualité de l’air et de la protection de l’environnement.
Le projet Biowatts est porté par la société Biowatts Roseraie Energie (BRE) disposant d’un actionnariat public/privé avec la SARA (Société d’Aménagement de la Région Angevine, 62,5%), la Soclova (bailleur, 25%) et la société Dalkia (12,5%).
À noter le rôle majeur joué dans l’opération par la Caisse des dépôts et Consignations qui assure le financement de la très grande majorité des emprunts à hauteur de 60% du coût global des travaux (Biowatts + réseaux de chaleur de la Roseraie). Quant à la Ville, elle apporte sa caution (garantie d’emprunt).
Frédéric Douard
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