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L’ambitieuse stratégie bas-carbone de Bouyer-Leroux passe en grande partie par l’usage de la biomasse

L’ambitieuse stratégie bas-carbone de Bouyer-Leroux passe en grande partie par l’usage de la biomasse

La nouvelle chaudière biomasse de La Séguinière assure 100% du séchage des briques du site, photo Frédéric Douard

Selon l’INSEE, la France est le deuxième pays producteur européen de briques et de tuiles. Parmi les acteurs hexagonaux, Bouyer-Leroux est leader sur le segment des briques de mur isolantes et briques de cloison en terre cuite.  L’entreprise a été fondée en 1956 à La Séguinière, dans le département de Maine-et-Loire, aujourd’hui principal site de production d’un groupe qui compte 2025 collaborateurs répartis dans une trentaine de filiales (28 en France et 2 en Belgique), et qui réalise un chiffre d’affaire de 550 M€, à 50% sur le neuf et à 50% sur la rénovation. L’activité terre cuite est regroupée au sein de la SCOP Bouyer Leroux depuis 1980, un sous-ensemble qui emploie 550 collaborateurs répartis sur sept sites de production : La Séguinière-49, Saint-Martin-des-Fontaines-85, Gironde-sur-Dropt-33, Colomiers-31, Mably-42, La Boissière-du-Doré-44 et Saint-Marcellin-en-Forez-42.

Une transition énergétique débutée dans les années 1980

Depuis son passage en SCOP, il y a plus de 40 ans, la société a cherché à se rendre indépendante des énergies fossiles, d’abord pour échapper à la volatilité du prix de ces énergies, et ensuite pour réduire l’impact carbone de son activité. Elle l’a fait progressivement en optimisant au maximum ses processus et en ayant recours à la biomasse comme combustible décarboné, en remplacement du gaz fossile.

Briques de terre cuite, photo Bouyer-Leroux

Les dirigeants soulignent que grâce aux investissements de transition énergétique consentis toutes ces années pour migrer vers la biomasse, l’activité terre cuite du groupe a contribué à contenir ses coûts de production lors de la formidable flambée des prix des énergies fossiles après le Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine, ce qui a évité de grandes difficultés économiques.

Quelques dates de la politique biomasse de la SCOP Bouyer-Leroux

  • 1983 : premier foyer bois du Groupe à Saint-Martin-des-Fontaines,
  • 2010 : alimentation en biogaz de l’usine de La Séguinière (CET Bouyer-Leroux-Veolia),
  • 2017 : création de la fonction de directeur énergies,
  • 2018 : décision du plan bas carbone 2030,
  • Février 2024 : mise en service du troisième foyer bois (ici de recyclage) : 10 MW à La Séguinière.

Projets de décarbonation réalisés et en cours chez Bouyer Leroux – Cliquer sur la carte pour l’agrandir

Un nouvel objectif bas carbone très ambitieux

Comme tous les industriels gros consommateurs d’énergie, l’entreprise est soumise aux quotas européens d’émissions de CO2. Ceci implique un coût pour chaque tonne de CO2 fossile émise au-dessus de ces quotas dont le volume baisse d’année en année. Or ce coût va fortement évoluer dans les prochaines années. Les investissements de décarbonation sont donc une obligation pour réduire le risque de l’impact financier de cette réglementation climat sur l’entreprise. Ainsi, depuis 2018, avec ces perspectives, l’entreprise a décidé un plan d’investissement massif, initialement chiffré à de plus de 76 millions €, et avec deux grands objectifs.

Le stockage de sciures et copeaux de bois à La Séguinière pour l’alimentation des brûleurs de cuisson, photo Bouyer-Leroux

Le premier est d’effacer 100 % de la consommation d’électricité du Groupe, soit 70 GWhé par an. Pour ce faire, ces besoins sont en voie d’être compensés par la mise en place d’une production photovoltaïque équivalente sur les ombrières de ses parcs de stockage et sur d’anciennes carrières d’argile du groupe réaménagées dans ce but. Les trois projets les plus avancés concernent l’installation de panneaux sur des ombrières sur les parcs des sites de La-Boissière-du-Doré, Mably et Saint-Marcellin-en-Forez, pour une puissance respective de 6,7 MWc, 4,6 MWc et 4,9 MWc. Avec le projet déjà initié sur la carrière de Cantois-33, Bouyer Leroux sera déjà en mesure de produire plus de 50 % de son électricité.

La centrale photovoltaïque de La Boissière, photo Bouyer-Leroux

Le second objectif est de passer à 90 % d’énergie thermique renouvelable pour l’ensemble de l’activité terre cuite. Cela passe en premier lieu par la généralisation de l’usage de la biomasse pour le séchage des produits, avant cuisson, mais aussi par la généralisation des biocombustibles pour alimenter les fours de cuisson avec du biogaz, de la sciure de bois et des agrocombustibles. Les équipements en place permettaient déjà de chauffer en partie 6 des 10 fours répartis sur les sept sites de production pour une génération de chaleur renouvelable d’environ 200 GWh.

La combustion de la biomasse assure 100% du séchage des briques à La Séguinière, photo Frédéric Douard

Une empreinte carbone d’ores et déjà réduite de plus de 25%

A ce stade, avant même l’impact de la mise en service de la nouvelle chaudière bois de La Séguinière, l’activité terre cuite de Bouyer-Leroux dispose déjà d’une longueur d’avance sur ses concurrents puisqu’elle a déjà diminué les émissions de carbone liées à la fabrication de ses briques de 25 %. Cette bonne performance environnementale, qui s’appuie à la fois sur l’optimisation de ses processus industriels et sur les 45 % d’énergie déjà décarbonée, se retrouve dans la nouvelle Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) commune à toutes ces briques collées de 20 cm et mise en ligne sur la base INIES en novembre 2023 (18,2 kg eq.CO2/m2). Ceci permet déjà aux acteurs de la construction de logements neufs d’aborder sereinement le premier renforcement des exigences carbone de la RE2020 attendu pour 2025. L’installation de la nouvelle chaudière bois va encore améliorer cette performance qui sera connue de manière précise à l’automne une fois le bilan carbone de la production mis à jour.

Bouyer-Leroux est leader sur le segment de briques extrudées isolantes en France, photo Bouyer-Leroux

Détails des investissements sur le site de la Séguinière

  • Production : 300 000 tonnes par an (18 000 maisons)
  • Effectif : 100 personnes
  • Spécificités du site : foyer bois de recyclage, cuisson au biogaz et à la sciure
  • Mix énergétique actuel : 15 % gaz – 10 % biogaz – 40 % sciure de bois et 35 % bois éco-mobilier
  • Investissements réalisés : 13,2 M€

Le foyer à bois de recyclage a été mis en service au 1er trimestre 2024. D’une puissance de 10 MW, il est alimenté via le dispositif éco-mobilier. L’activité du site sera ainsi décarbonée à 85 %.

Le site de production de La Séguinière, photo Bouyer-Leroux

Un second projet consiste à intégrer des biocombustibles dans la matière première des briques. L’intégration de biocombustibles au mélange d’argile permet de cuire les briques en avant feu du four. Les biocombustibles s’auto-enflamment au contact de l’air chaud, libérant de l’énergie de cuisson, et rendant la brique plus légère et plus isolante.

  • Date de mise en service prévue : 2026
  • Budget estimé : 5 M€
  • Objectif de décarbonation : 90 %

Détails des investissements sur le site de Gironde-sur-Dropt

  • Production de 150 000 tonnes par an (9 000 maisons)
  • Effectif : 52 personnes
  • Spécificités du site : foyer bois, cuisson à la sciure, biocombustibles dans les briques.
  • Mix énergétique actuel : 28 % gaz – 55 % bois (sciure et écorces) – 17 % autres biocombustibles (coques de tournesol, grignons d’olives, etc.)
  • Investissements en cours : 13 M€

Le site de production de Gironde-sur-Dropt, photo Bouyer-Leroux

Projet de modernisation de la ligne de production pour gagner en efficacité énergétique, avec passage à une seule ligne de production. Ce projet a été initié fin 2020. Les travaux commenceront en août 2024 pour une mise en service au 1er trimestre 2025. La consommation énergétique totale du site diminuera de 15 % et sera décarbonée à hauteur de 85 % après travaux.

Détails des investissements sur le site de Mably

Le site de Mably, photo Bouyer-Leroux

Le projet consiste à installer une usine de préparation de biomasse, issue d’un sourcing local, avec broyage et séchage, et à équiper le four de brûleurs adaptés pour son utilisation pour la cuisson des briques.

  • Date de mise en service prévue : 2027
  • Budget estimé : 9,2 M€
  • Objectif de décarbonation : 75 %

Contacts :

  • Bouyer-Leroux : Sébastien Elissalde, 
Directeur Énergies Environnement – 02 41 63 76 16 -
 selissalde@bouyer-leroux.fr – www.bouyer-leroux.com
  • La chaudière bois de la Séguinière : Jérôme Béarelle / 06 19 88 33 53 – jbe@vyncke.com – www.vyncke.com

Frédéric Douard, en reportage à la Séguinière et à Saint-Martin-des-Fontaines

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