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Mieux connaître la société BiogasTechnik Süd, entretien avec Robert Ohneberg

Article paru dans le Bioénergie International n°75 d’octobre 2021

Les frères Maier avec des techniciens devant un séparateur de phase Sepogant, photo Biogastechnik Süd

Robert Ohneberg, responsable export, photo Biogastechnik Süd

Robert Ohneberg est le responsable export de la société allemande Biogastechnik Süd implantée à Isny-im-Allgäu au sud du pays. Il a répondu aux questions de François Bornschein du magazine Bioénergie International lors du salon Expobiogaz 2021 à Metz.

Comment s’est construite la société Biogastechnik Süd ?

Tout a commencé en 1999 quand les frères Clemens et Gregor Maier ont repris l’exploitation agricole de leurs parents et ont décidé d’y faire installer une unité de méthanisation. C’était une installation classique avec ensilage de maïs. Alors que la technologie qui leur est proposée ne satisfaisait pas les deux frères, à commencer par le système d’agitation, un jour ils découvrent un agitateur à pales en bois dans une vieille fosse à lisier, et ce fut le déclic. Dès lors ils ont commencé à fabriquer leur propre agitateur puis l’ont amélioré au fur et à mesure de leurs expérimentations, tout cela dans la cour de la ferme familiale. Quand l’agitateur à pales leur a convenu, ils se sont dit que cela pourrait intéresser d’autres porteurs de projets et ils ont donc entrepris en 2002 de le proposer sur le marché.

Quelles ont été les étapes clés du développement de la société ?

Après la mise au point de l’agitateur à pales Varibull, la fratrie Maier a travaillé à développer un système d’incorporation plus efficace, un système qu’ils ont commercialisé dès 2003. En 2005, ce sera l’année de la mise au point de leur système de chauffage des cuves par échangeur. En 2006, ce sera la mise au point de la trémie d’incorporation à fond mouvant Easyfeeder, puis en 2007 le séparateur de phase à vis sous le nom Sepogant. Viendront ensuite en 2009 la petite installation de biogaz à lisier clé en main, avec agitateur à pales et le reste de la partie technique dans un conteneur. En 2011 sont menés les premiers essais du système d’évaporation de digestat liquide, le Vapogant, qui sera commercialisé à partir de 2015.

Varibull, l’agitateur à pâles de Biogastechnik Süd, photo Biogastechnik Süd

En 2013, Biogastechnik Süd quitte la ferme familiale pour s’installer à Isny. Peut-on considérer que c’est l’étape clé qui permettra de passer à l’international ?

2013 constitue en effet un tournant majeur, car l’entreprise qui ne comptait au départ que deux salariés, a atteint aujourd’hui 65 personnes, et il fallait bien sûr de la place pour fabriquer les équipements. Les nouveaux locaux sont distants de 10 km du siège historique, et suffisamment spacieux pour nous permettre de fabriquer trois Vapogant de manière simultanée. Ce sont des équipements relativement grands, environ 16 m x 4 m pour chacun d’entre eux !

Cependant l’esprit d’entreprise familial reste bien ancré, et nous employons toujours nos salariés de l’ère de la ferme. Bien sûr au début notre développement était essentiellement focalisé sur l’Allemagne, voire uniquement régional. Puis le marché se développant nous commencions à recevoir des demandes à l’international et pour être précis surtout du marché français. Jusque-là nous nous contentions de répondre aux sollicitations, puis à partir de 2016 nous avons mis en place des actions concrètes avec le développement du site internet et sa traduction en anglais puis en français. Nous nous intéressons aussi au marché italien et avons déjà un partenaire intégrateur bien implanté en Irlande, ce qui nous amènera probablement vers le Royaume-Uni.

Epandage de digestat liquide, photo Biogastechnik Süd

Quelle est votre stratégie sur les marchés internationaux ?

En règle générale nous nouons des partenariats forts avec la plupart des constructeurs pour leur proposer d’intégrer nos équipements à leurs offres. Du point de vue de l’organisation interne, nous avons par exemple pour le marché français et au sein même de notre équipe à Isny, une interlocutrice de langue maternelle française, Isabelle Chenu, et qui constitue un facteur clé de notre succès. Nous allons donc dupliquer ce modèle pour nos marchés cibles, comme l’Italie. Bien sûr les négociations peuvent être menées en anglais mais pour les affaires courantes avoir un interlocuteur de langue maternelle est capital. Ensuite nous essayons d’installer des sites de référence afin de pouvoir faire visiter des installations locales.

Quels sont les derniers développements sur l’évaporateur de digestat Vapogant ?

Il faut bien comprendre qu’avec cette ultime technologie nous créons un cercle vertueux : pour aider nos clients éleveurs à réduire la charge des flux azotés. L’évaporation du digestat permet un gain de place et de volume sans fuites vers l’environnement. Pour cela, nous recirculons les condensats, et donc les éventuels résidus azotés aussi longtemps que nécessaire, et obtenons trois produits en sortie : de l’eau, un concentré épaissi dans lequel il ne reste presque plus d’azote ammoniacal, et une solution de sulfate d’ammonium qui peut être épandue comme engrais minéral.

Module évaporateur Vapogant et sa tour de refroidissement, photo Biogastechnik Süd

Notre technique permet également de travailler avec des fumiers particulièrement chargés en ammoniaque, comme les fumiers et fientes de volailles. C’est un substrat particulièrement intéressant du point de vue énergétique, pour ne pas dire que c’est de l’énergie à l’état pur ! Nous finalisons actuellement un premier projet en Turquie sur un substrat composé à 90 % de fumier de volailles : personne n’est capable de gérer ce type de substrat à une échelle aussi modeste que la nôtre. Les technologies existantes consistent à diluer le substrat autant que possible, ce qui nécessite un énorme volume d’eau et donc une imposante installation. Pour vous donner une idée, prenons l’exemple de cet élevage qui produit 680 000 tonnes par an de fumier de volailles, et qui incorpore aussi deux autres substrats, des pulpes de betteraves et des épluchures de fruit, des grenades. L’état de l’art actuel c’est de mélanger l’ensemble avec le double du tonnage en eau pour avoir un tout homogène, là où notre technique consiste à évaporer le peu d’eau encore présente dans le substrat que nous pouvons recirculer vers le substrat en entrée pour le diluer, et il s’agit ici d’un substrat à 70 % de matière sèche, tout le monde n’est pas capable de travailler des taux aussi importants !

Cuve de stockage de sulfate d’ammonium en sortie de l’évaporateur pour épandage ou commercialisation ultérieure, photo Biogastechnik Süd

Pour conclure, comment voyez-vous l’avenir de la société Biogastechnik Süd ?

Notre marque de fabrique c’est le côté esprit de famille, rendre service, ce qui reste profondément ancré dans notre culture d’entreprise. Le fait que nos chefs sont eux-mêmes usagers et testeurs de leurs prototypes depuis l’origine, leur confère une connaissance et expérience de terrain de plus de trente ans et donc nous ne sommes pas juste un fabricant d’équipement et proposons plutôt un accompagnement de nos clients de A à Z. Il n’est pas rare que dans les étapes du projet nous revoyons tous les processus du client y compris sur des aspects pour lesquels nous n’avons pas d’équipements à leur vendre. En théorie, nous serions en mesure de construire des unités clé en main, mais encore une fois ce serait nous enfermer dans le rôle de constructeur, ce que nous ne voulons pas. Avec notre façon de faire nous pouvons aider beaucoup de porteurs de projets.

Au-delà de la méthanisation purement agricole, nos équipements sont également adaptés aux collectivités et entreprises privées pour la valorisation de leurs déchets organiques. Et pour les digestats qui ne pourraient être épandus, leur épaississement, puis leur séchage permet de les employer dans des filières de valorisation thermique comme les fours des cimentiers.

Cuves de sulfate d’ammonium en sortie de l’évaporateur pour épandage ou commercialisation ultérieure, photo Biogastechnik Süd

Sur le marché allemand, il y a aussi une tendance qui se dessine, c’est de diversifier les rations à base d’ensilage et de maïs, avec des effluents d’élevage comme les lisiers. Sur le marché allemand, qui fut très critiqué pour ses monocultures de maïs, la question qui se pose aujourd’hui aux exploitants est de savoir vers quel modèle évoluer. Et là aussi nous pouvons les accompagner, notamment avec notre expérience acquise en France !

Au fil du temps nous avons développé une feuille de calcul que nous renseignons à partir des données brutes fournies par les clients et dès lors nous sommes en mesure d’indiquer une rentabilité ou non de chaque projet, y compris le génie civil, la pose des canalisations et tous les postes de recettes et dépenses imaginables. Nous pouvons ainsi évaluer et revoir le projet sous l’aspect rentabilité avec le client et le cas échéant lui conseiller de ne pas donner suite, notre but étant que l’installation fonctionne avec une certaine rentabilité et lui soit profitable, sinon cela n’a pas de sens à nos yeux.

Enfouissement de sulfate d’ammonium, photo Biogastechnik Süd

Contacts : www.biogastechnik-sued.de/fr/

  • En allemand ou anglais : Robert Ohneberg
 / +49 7562 97085 40
 – r.ohneberg@biogastechnik-sued.de
  • En Français : Isabelle Chenu
 / +49 7562 97085 – 638
 – i.chenu@biogastechnik-sued.de

François Bornschein, sur Expobiogaz 2021

Informations de contact de Biogastechnik-Süd

logo Biogastechnik Süd
Am Schäferhof 2
DE-88316 Isny im Allgäu
Isabelle Chenu +49 7562 970 85 638
@ www.biogastechnik-sued.fr i.chenu@biogastechnik-sued.de