Une chaufferie bois aux Ulis pour un prix bas du chauffage urbain
Article paru dans le Bioénergie International n°64 de décembre 2019

La chaufferie bois d’Enerlis aux Ulis, photo Frédéric Douard

La borne du pont-bascule pour le pesage du bois à l’entrée de la chaufferie des Ulis, photo Frédéric Douard
Les Ulis, ville nouvelle de 25 000 habitants située dans l’Essonne, a porté récemment le mix énergétique de son réseau de chaleur au-delà des 50 % pour participer aux efforts de lutte contre le dérèglement climatique mais aussi pour maintenir le prix compétitif et social de la chaleur distribuée, à moins de 7,4 c€/kWh TTC. Avec un mix basé jusqu’en 2015 sur la chaleur de récupération provenant de l’usine d’incinération de Villejust, sur une cogénération à turbine gaz installée en 2015 et sur des chaudières de pointe à gaz, il manquait au réseau, selon les conditions météorologiques, entre 10 à 15 % de production renouvelable pour bénéficier du taux réduit de TVA. Le choix a donc été fait de compléter le mix par la biomasse, la chaleur du sous-sol n’était pas assez chaude à cet endroit pour envisager une production géothermique.
À l’issue de sa consultation pour l’exploitation du réseau de chaleur, la ville des Ulis a attribué le 1er juillet 2013 le contrat de délégation de service public pour 22,5 années à Enerlis, filiale de Dalkia, avec mission de construire la chaufferie bois. Après un an et demi de travaux, la nouvelle chaufferie bois a été mise en service le 1er janvier 2016.

Zone résidentielle de la ville des Ulis, photo Frédéric Douard
La chaufferie bois est composée d’une chaudière à bois à eau surchauffée et à grille mobile de 10 MW, fournie par le constructeur Vyncke, spécialiste de la combustion de la biomasse depuis 1912. Un préchauffeur d’air de combustion installé sur le circuit d’évacuation des fumées permet à la chaudière d’accepter des bois à l’humidité relativement élevée tout en garantissant un rendement de l’ordre de 90 %. Le foyer bas NOx a été conçu pour garantir des émissions d’oxydes d’azote inférieures à 300 mg/Nm³ à 6% d’O2 sans SNCR. Les fumées sont traitées par un double système de filtration pour les poussières (filtres multi-cyclones et filtres à manches). Les cendres de grille sont reprises par l’approvisionneur en bois pour être réutilisées en épandage agricole ou en compostage.

Le grappin à bois avec surveillance de niveau par mesure laser, photo Frédéric Douard
Pour la réception du bois, la chaufferie dispose d’un pont bascule, d’un laboratoire d’analyse du bois, d’un local de stockage de 2 000 m³ dimensionné pour garantir cinq jours d’autonomie. Le bois y est manipulé automatiquement par un grappin depuis une fosse de dépotage vers la fosse d’alimentation de la chaudière ou vers le silo de stockage tampon qui sert de réserve pour la nuit et le week-end. La chaufferie est alimentée majoritairement en plaquettes forestières. À leur arrivée, tous les camions sont pesés sur place, des prélèvements de bois sont réalisés pour analyse de l’humidité en étuves et facturation en fonction de l’énergie effectivement présente dans le bois.

La chaudière biomasse des Ulis, son économiseur et son filtre cyclonique, photo Frédéric Douard
La puissance de la chaufferie bois peut couvrir jusque 20 % des besoins du réseau sur des années froides, mais les températures douces de ces dernières années (moins de DJU) en ont jusque-là limité l’usage à 10 % des besoins totaux sur l’année, principalement en hiver, en appoint des fournitures de l’UVE et de la turbine à gaz.

Synoptique de contrôle-commande de la chaudière VYNCKE, photo Frédéric Douard – Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
Une salle de contrôle assure la gestion technique de toutes les installations du réseau : chaufferie bois, chaufferie gaz, centrale de cogénération, les pompes et vannes de régulation en fonction des températures et de la demande du réseau. Un système de détection récupère les données concernant le risque incendie. Une baie d’analyse est dédiée à l’enregistrement en continu des émissions atmosphériques.

Etuves pour la mesure d’humidité du bois et le paiement de l’énergie au fournisseur de bois au kWh contenu, photo Frédéric Douard
Les chiffres 2018 du réseau de chaleur des Ulis | |
---|---|
Puissance souscrite par les abonnés | 73,5 MW, 104 abonnés, 85 sous-stations |
Production nécessaire pour 10 000 éq. logement 2018 | 154 GWh dont 37 GWh ECS (5 MW) |
Réseau | 28 km, 180°C, 18 bar, rendement 91% |
Fourniture UVE Villejust | 16 MW, 84 GWh, 55% des besoins |
Fourniture centrale de cogénération gaz | 11 MWth, 38 GWh, 25% des besoins |
Fourniture chaufferie bois | 10 MW, 16 GWh, 10% des besoins |
Fourniture chaufferie gaz | 89 MW, 16 GWh, 10% des besoins |
Consommation combustible bois | 5000 tonnes à 39% humidité moyenne |
Production de cendres | 52 tonnes humides et 24 tonnes volantes |
Investissements chaufferie bois | 9 millions d’euros HT |

Tamis d’analyse granulométrique du bois, photo Frédéric Douard
Contacts :
- Enerlis / Dalkia : Avenue de Provence – 91940 Les Ulis / +33 160 923 500
- Chaudière bois : Jérôme Béarelle / +33 619 883 353 – jbe@vyncke.com – www.vyncke.com
- Le pont roulant : www.dcb.dk
- Etuves pour la mesure d’humidité du bois : +33 389 204 381 – france@memmert.com – www.memmert.com
- Mesure des gaz de combustion et des émissions atmosphériques : www.solstice-analyse.com
- Tamis de mesure de la granulométrie du bois Haver & Boecker : fr.vwr.com
Frédéric Douard, en reportage aux Ulis
ℹ️ Le magazine Bioénergie International est disponible :
- Au détail
- Dans le cadre d'un abonnement