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La biomasse, pilier incontournable de la transition énergétique

La Lettre de l’ASDER du second trimestre 2013 consacre son dossier à la biomasse, pilier incontournable de la transition énergétique. La biomasse – le bois aujourd’hui, plus les déchets demain – reste LA principale source d’énergie renouvelable. Selon le scénario négaWatt, décrit dans le dossier de La Lettre de l’ASDER de janvier 2012, elle doit au minimum doubler d’ici 2050. Mais de quoi parle-t-on exactement, quelles ressources forestières ou agricoles mobilise-t-on ? Avec quels rééquilibrages nécessaires pour satisfaire les besoins énergétiques, alimentaires et environnementaux ?

La biomasse est souvent assimilée au seul bois-énergie or d’autres sources de biomasse existent car sous ce nom générique, on retrouve l’ensemble de la matière organique, principalement d’origine végétale, pouvant fournir de l’énergie soit sous forme de combustion directe (bois pailles, huiles végétales,…) soit par transformation en gaz (biogaz, gazéification). La biomasse est valorisable en toute forme d’énergie : chaleur, électricité, co-génération, carburant. Elle est compatible avec des prélèvements conséquents et un retour au sol de matières fertilisantes, une production d’énergie renouvelable et de la création d’activités locales.

Biomasse solide : le bois prépondérant 

Elle est principalement constituée par le bois (bûches, plaquettes et granulés) mais aussi paille, sarments de vigne, déchets de céréales. C’est aujourd’hui la première source d’énergie renouvelable utilisée en France avec une production de 136 TWh soit un peu moins de 7 % de l’énergie finale consommée. Dans le scénario négaWatt, elle fournira en 2050 deux fois plus d’énergie dont 56 % pour la production de chaleur et 44 % pour la production de méthane. Le taux de prélèvement forestier passera alors de 47 % à 75 % de l’accroissement biologique pour respecter des contraintes de biodiversité.
La biomasse solide restera la première source d’énergie renouvelable après avoir respecté le triptyque maintenant bien connu de Sobriété, Efficacité et Renouvelables. Ceci pourra se faire grâce à :

  • une optimisation de la collecte des résidus forestiers,
  • une exploitation des haies bocagères et l’introduction de l’agroforesterie
  • une meilleure valorisation des connexe de la première et deuxième transformation du bois ainsi que le bois de la déconstruction.

Biomasse liquide : les fameux agrocarburants

La biomasse liquide a fait couler beaucoup d’encre. Appelée agrocarburant (ou biocarburant- « bio », origine du vivant et non « bio » dans le sens sans engrais chimiques ou pesticides -) elle tire son origine de l’agriculture. En effet que ce soit l’éthanol issu principalement de la betterave ou le « biodiesel » issu du colza, ces agrocarburants sont déjà incorporés réglementairement, pour un petit pourcentage, aux carburants actuels.
D’après plusieurs études (ADEME et RAC Réseau Action Climat), on peut constater que les huiles végétales pures [HVP]
(celles directement produites à la ferme en tourteaux et huiles) présentent un bilan énergétique plus intéressant que les autres carburants car elles font l’objet de peu de transformation.
D’autres générations d’agrocarburants devraient voir le jour avec un impact moindre mais avec toujours un doute sur leur bilan écologique global : la deuxième génération à partir de co-produits des cultures (paille de blé, …), de la filière bois (produits d’élagage, sciures,…), des cultures dédiées (miscanthus, triticale, taillis à courte rotation) et la troisième génération, à partir d’algues.

Méthanisation : production de biogaz 

Quand la matière organique se dégrade de manière anaérobique (absence d’oxygène), cela produit du biogaz et un digestat. Cette transformation peut être réalisée dans des méthaniseurs où la réaction est contrôlée et permet de produire des quantités d’énergie importante. Les résidus de la méthanisation (le digestat) sont utilisés comme amendement organique dont les propriétés agronomiques sont équivalentes à celles des lisiers et fumiers.
Le développement du biogaz reste un point fort de la transition énergétique avec une compatibilité avec les autres sources de méthane (possibilité d’injecter du biogaz dans le réseau de gaz naturel actuel).
Le gros intérêt du biogaz est aussi la possibilité d’être produit à partir d’un grand nombre de variétés de déchets organiques d’origine agricole (fumiers, lisiers) et agroalimentaire (résidu de transformation ou déchets alimentaires) ainsi qu’urbain avec une méthanisation de la Fraction Fermentescible des Ordures Ménagères ou une valorisation des boues de station d’épuration.

Du bilan à l’action : rendre possible ce qui est souhaitable

Au total, un triplement de l’utilisation de la biomasse sous toutes ses formes à l’horizon 2050 permet, avec 453 TWh , de couvrir plus de 45% des besoins en énergie primaire en France selon le scénario négaWatt.
Il est possible de multiplier par 2,5 la production de bois-énergie avec une surface forestière quasi identique, une meilleure valorisation des «déchets de bois » et un développement de l’agroforesterie.
Pour optimiser les productions d’énergies renouvelables, une des priorités est de valoriser au maximum une vision systémique de l’énergie en interconnectant les productions électrique et gaz renouvelables afin de sortir de l’impasse des
énergies fossiles et fissiles.

Quels équilibres entre les vocations de production agricole et d’énergie ?

Le scénario négaWatt s’appuie sur les perspectives encourageantes dessinées par Solagro dans le scénario Afterres 2050 montrant qu’il est possible de concilier simultanément la production d’une alimentation saine et de la matière première issue de la biomasse sous différentes formes. Le scénario se base sur une évolution des pratiques :

  • régime alimentaire plus équilibré (plus de céréales, fruits et légumes et beaucoup moins de viande, sucre et lait, moins de surconsommation, moins de gaspillage),
  • travail du sol moins agressif,

    Association Savoyarde pour le Développement des Energies Renouvelables

  • réduction des intrants,
  • pratique des cultures associées,
  • agroforesterie,
  • restauration des haies….

De telles pratiques réduiraient de moitié la consommation globale d’énergie ainsi que les émissions de gaz à effet de serre de la filière agricole et alimentaire. Cela libérerait quelques 5 à 8 millions d’hectares disponibles alors pour produire des éco-matériaux de construction ou de l’énergie.

>> Télécharger La Lettre de l’ASDER d’avril 2013 en version légère ou en haute définition ici (3,8 Mo)

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