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L’École Nationale de l’Aviation Civile à Toulouse se chauffe au bois depuis 2014

Article paru dans le Bioénergie International n°79 de juin 2022

L’École Nationale de l’Aviation Civile de Toulouse, photo Frédéric Douard

L’École Nationale de l’Aviation Civile (ENAC) compte neuf centres de formation en France où elle accueille chaque année quelque 2000 étudiants en cursus longs et 3500 stagiaires en formation continue. En matière d’énergie et de climat, l’objectif de l’École est de diminuer ses émissions globales de CO2 de 40 % à l’horizon 2030. Sur son site principal à Toulouse, l’école exploite 32 bâtiments dont six résidences étudiantes et un restaurant sur un campus de 27 ha. Sur ce site, la diminution des émissions, outre des travaux d’optimisation de la gestion de l’énergie, a consisté à mettre en service en janvier 2014 une chaufferie à très bas carbone, en l’occurrence fonctionnant avec du granulé de bois local.

Jusqu’en 2013, le chauffage des bâtiments du campus de Toulouse était assuré par le chauffage urbain du complexe scientifique de Rangueil. Aujourd’hui, la chaufferie biomasse est raccordée au réseau de chaleur interne du campus qui fait 2300 mètres linéaires. Elle couvre la totalité des besoins en eau chaude sanitaire et une partie des besoins en chauffage tout au long de l’année. Le besoin de puissance pour les besoins en ECS est d’environ 250 kW et correspond à la consommation du restaurant (900 couverts par jour) et des logements étudiants (744 studios). Une chaufferie gaz existante de 2 MW couvre les besoins en appoint et en cas de secours.

Le campus de L’ÉNAC à Toulouse, photo Frédéric Douard

Une chaufferie avec trois chaudières bois en cascade

À la mise en service, la chaufferie était équipée de trois chaudières bois de marque Hargassner : une de 200 kW aux granulés, une mixte granulés/plaquettes de 200 kW et une mixte granulés/plaquettes de 100 kW. La chaufferie a d’ailleurs été conçue avec deux silos : un exclusivement pour les granulés et un mixte pour réceptionner des granulés (période hiver) ou des plaquettes, du bois déchiqueté, plus volumineux, devant servir d’énergie de base (période été). Le silo à granulé fait 23 m³, est alimenté pneumatiquement et peut contenir 15 tonnes. Le silo mixte fait 50 m³, est alimenté par déversement dans une trémie déportée, dispose d’un extracteur rotatif et peut contenir 33 tonnes de granulés ou 11 tonnes de bois déchiqueté. Dans la pratique, étant donné la difficulté à trouver de la plaquette de qualité régulière dans le secteur, les trois chaudières fonctionnent principalement aux granulés depuis 2017. Cette configuration a permis un taux de couverture des besoins de 41 % par le bois sur un total de 5,7 GWh/an, et ce en garantissant un prix de l’énergie inférieur à ce qu’il était auparavant.

Les trois chaudières à granulés de l’ENAC, photo Frédéric Douard

En 2018, au vu de la fiabilité du fonctionnement de ces installations, et pour poursuivre son objectif climatique et de décarbonation, l’École a décidé d’accroître la puissance bois pour augmenter son taux de couverture renouvelable. Courant été 2019, les deux anciennes chaudières mixtes ont ainsi été remplacées par deux chaudières mixtes Hargassner Eco-HK de 300 kW, ce qui a permis de monter la puissance totale bois de 500 à 800 kW et d’atteindre un taux de couverture de 73 %.

L’exploitation

La mise en place de la chaufferie biomasse s’est faite, suite à un appel d’offre bien entendu, et par la signature d’un contrat de conception, réalisation et exploitation sur quinze ans avec la société locale TPF (Technique Performance Faisabilité), filiale du Groupe Alliaserv. Dans ce cadre, la société TPF a participé au montage financier de l’opération en apportant 38% du montant des investissements (533 k€ initialement). Le contrat prévoit que TPF assure les achats d’eau pour l’ECS, d’électricité pour le fonctionnement du réseau et des combustibles pour les chaudières bois et gaz. Il prévoit également que TPF réalise toutes les tâches de conduite et maintenance des deux chaufferies et du réseau. Enfin, il engage l’exploitant sur un taux de couverture minimum des besoins avec l’énergie renouvelable.

La chaufferie bois de l’ENAC avec ses six bouches de livraison de granulés, photo Frédéric Douard

L’installation fonctionne 8 500 heures par an, notamment pour la fourniture d’eau chaude sanitaire. Elle est visitée une fois par semaine par un technicien TPF. Les chaudières bois sont nettoyées une fois par mois et une grosse maintenance est réalisée une fois l’année.

Raphaël Albouy, responsable d’exploitation de la chaufferie bois de l’ENAC chez TPF, photo Frédéric Douard

Dans la configuration actuelle, la consommation de granulés est de 100 tonnes par mois en hiver (novembre à avril), de 30 tonnes par mois en été (mai à octobre). Le combustible est fourni par le producteur régional le plus proche, KWBois situé à Saint-Paul de Jarrat dans le département de l’Ariège, à seulement 90 km de l’ENAC.

Le système de décendrage des chaudières est automatique et les cendres sont valorisées dans des composts par les Ets Cler Verts à Bélesta-en-Lauragais. Elles représentent environ 10 tonnes par an.

Contacts :

Frédéric Douard, en reportage à Toulouse