Etat de la filière biogaz à la Réunion
La valorisation de la ressource en biogaz a été l’une des préoccupations du Conseil Régional de la Réunion dès sa création, avec l’ADEME, et a donné lieu à la réalisation d’une installation sur la Plaine des Cafres dans les années 1990, à la Ferme Durieux, installation aujourd’hui désaffectée.
Deux installations valorisent déjà du biogaz à La Réunion : les centres d’enfouissement techniques de Sainte-Suzanne et de la Rivière Saint-Etienne. Deux micro turbines de 30 kWé ont été installées sur le CET de Sainte-Suzanne en 2006, et deux moteurs devraient être installés début 2009 pour valoriser au mieux le potentiel du gisement. La production totale sera de 1,6 MWé.
Les études PRERURE 2002 ont préconisées diverses actions :
- Fiche 3.1 Unité de traitement biologique des déchets organiques urbains, agroalimentaires et agricoles au sud de l’Ile de la Réunion
- Fiche 3.2 Méthanisation des lisiers de porcs et autres déchets humides a Salazie/Grand-ilet
- Fiche 3.5 Méthanisation des vinasses de mélasse des distilleries de la Réunion
Le projet de mise en place d’une unité de traitement des déchets organiques au sud de l’île n’a pas avancé. A Grand îlet, le choix s’est arrêté sur la mise en place d’une plateforme de traitement des lisiers de porcs et des litières de volaille avec production de compost. La valorisation énergétique par méthanisation a été écartée. En revanche, les distilleries de La Réunion s’intéressent à la méthanisation de leurs vinasses : après une première expérience peu concluante, des études sont en cours pour améliorer le procédé de méthanisation.
Un groupe de travail « biogaz » a vu le jour en 2008 dans le cadre du PRERURE pour identifier les ressources disponibles et établir une stratégie de développement de cette filière. En effet, l’évaluation des sources potentielles de production de méthane et de tous les coûts afférents s’impose en vue d’une stratégie de déploiement de filière cohérente et mobilisatrice pour les investisseurs.
Un premier travail d’évaluation des ressources a permis de montrer que le gisement le plus important est représenté par les effluents d’élevage, les industries agroalimentaires – abattoirs, brasseries, laiteries et distilleries- ainsi que les stations d’épuration.
Une priorité a été donnée pour identifier les STEP susceptibles de produire du biogaz. En effet, plusieurs stations d’épuration prévoient des travaux de mise aux normes, d’agrandissement ou de création, ce qui peut être l’opportunité d’introduire une phase de méthanisation des boues dans leur filière de traitement des eaux usées. Les études PFRD ARER 2003 sur les boues de STEP avaient déjà démontré la pertinence de valorisation en biogaz des boues de STEP à La Réunion. Un travail de sensibilisation des élus et des exploitants de stations d’épuration est mené pour promouvoir cette étape productrice d’énergie renouvelable, sans retarder les démarches de mise aux normes déjà engagées.
Concernant la méthanisation des effluents d’élevage, plusieurs fiches actions ont été rédigées dans le cadre du groupe de travail GERRI Agriculture : état des lieux des ressources organiques valorisables, projets pilotes de stations de méthanisation de différentes tailles… La sensibilisation du monde agricole nécessite d’être poursuivie pour identifier les regroupements possibles et les porteurs de projet potentiels.
Concernant la valorisation de la fraction fermentescible des ordures ménagères (FFOM), le potentiel est important mais ce mode de valorisation fait débat et la filière est à structurer. Ces ressources pourraient permettre de produire au moins 7 MW de puissance à La Réunion, avec des unités fonctionnant pendant cinq heures par jour (couverture des pics de consommations de 9h à 11h30 et de 18h à 20h30) (Etude PFRD 2005). Le coût d’une collecte sélective des déchets ménagers semble freiner les collectivités. Les installations de tri biomécanique des déchets (OMR) pourraient être une solution permettant de récupérer la part fermentescible des déchets ménagers.
Un séminaire « biogaz » a été organisé par la Région et l’ARER en octobre 2009 et a permis de faire le point sur l’intérêt de la méthanisation à la Réunion. Une approche territoriale parait mieux adaptée pour la Réunion : le mélange de différents substrats permet en effet d’optimiser l’économie du projet tout en limitant les transports de déchets. Des installations de taille moyenne (500 kW à 2 MW) pourraient se développer dans chaque sous-région (Nord, Est, Ouest, Sud) pour valoriser par exemple des effluents d’origine industrielle associés à des boues de STEP. Par ailleurs, de plus petites installations pourraient être mises en œuvre dans le monde agricole, regroupant des effluents de plusieurs exploitations.
Par ailleurs, l’entreprise Crête d’or à Saint-Louis envisage la mise en place d’une installation de méthanisation des déchets d’abattoir. Les études de faisabilité ont été menées par NASKEO et le projet est en cours de développement.
Enfin, la Région et l’Université de la Réunion mettent actuellement en place un programme d’expérimentation sur le biogaz au lycée agricole de Saint Joseph.
Source : ARER (Agence de l’Energie de La Réunion)
Frédéric Douard
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