4 et 5 octobre 2017, la gestion intégrée des Renouées invasives

La Renoué du Japon en bord de route, photo Noremat
Le contexte
Historique de l’invasion
Les renouées asiatiques invasives ont été introduites en Europe au XIXe siècle pour leurs qualités ornementales. Échappées des jardins, elles ont colonisé les bords des cours d’eau et les friches sur tout le territoire français.
Croissance et reproduction hors norme, menaçant la biodiversité
Naturellement, les renouées ont la capacité de proliférer à une vitesse record. Leur rythme de croissance hors norme peut aller jusqu’à 30 cm de tige par jour. Par méconnaissance et négligence, elles sont aussi aidées par les activités humaines : terrassements, pratiques d’entretien non adaptées ou absence d’entretien, etc.
Elles sécrètent des substances qui empêchent la pousse d’autres espèces et sont capables de s’accaparer l’azote du sol et la lumière au détriment des autres plantes.
Un danger pour les infrastructures et les usagers
Leurs facultés biologiques extraordinaires leur permettent d’envahir les bords d’infrastructures (routes, voies ferrées, etc.) et les bords de cours d’eau, posant ainsi des problèmes de vieillissement prématuré des chaussées, des fossés, ou des berges. Hautes et denses, les renouées invasives nuisent aussi à la sécurité des automobilistes lorsqu’elles cachent la visibilité dans les carrefours et les virages, ou empêchent l’arrêt d’un véhicule sur l’accotement. En s’accumulant, elles peuvent former des embâcles, obstruant le lit des cours d’eau.

La Renoué du Japon, photo Noremat
Des méthodes de lutte inapplicables
Ces 10 dernières années, de nombreux acteurs se sont penchés sur ces plantes et sur l’expérimentation de méthodes de lutte partout en France, développant ainsi une expertise reconnue. Mais les méthodes d’éradication et les préconisations de traitement sont difficilement applicables pour les collectivités car coûteuses et lourdes à mettre en oeuvre.
Des plantes méconnues
La plupart des gestionnaires n’entretiennent les espaces envahis que sous le prisme de la contrainte, pour la sécurité des usagers. Leurs connaissances sur ces espèces sont sommaires, ce qui ne leur permet pas d’estimer les risques de leur propagation. Prudents, les acteurs appliquent le principe de précaution, alors que les renouées gagnent du terrain.
L’intérêt pour la thématique arrive aujourd’hui chez les gestionnaires des grands axes routiers (autoroutes, DIR et conseils départementaux) : si le signal était faible il y a quelques années, c’est aujourd’hui la reconnaissance d’une véritable problématique. Des journées techniques, des colloques et autres rassemblements s’organisent partout en France.
La législation
La législation agit à la fois en faveur et en défaveur des acteurs qui luttent contre la renouée. En effet, on peut considérer que l’interdiction d’utilisation de produits phytosanitaires en zone non agricole est une aubaine pour le développement de méthodes de lutte alternative, qui peuvent faire leurs preuves contre les invasives.
En revanche, la lutte contre les renouées a été récemment jugée trop complexe et coûteuse par la Commission Européenne, qui a fait le choix de ne pas les intégrer dans la liste des espèces exotiques envahissantes à combattre.
Une initiative de SPIGEst
Depuis 5 ans, des travaux ont permis de synthétiser des connaissances et de tester des méthodes de luttes, conduisant à la formation du groupe SPIGEst, pour « Synergie Plantes Invasives Grand Est ».
Il est composé de chercheurs et d’étudiants (ENSAIA – Université de Lorraine), de gestionnaires (communes de Laxou et Vandoeuvre-lès-Nancy), d’associations spécialisées (Floraine – les botanistes lorrains, Les Amis de la Chèvre de Lorraine) et de Noremat.
Trouver des techniques de lutte simples, économiques et efficaces
Les acteurs de SPIGEst s’attachent à expérimenter différentes méthodes de lutte sur la biologie de la plante. Les effets d’affaiblissement sur la renouée sont mesurés scientifiquement et des plans de restauration écologique sont conçus, selon les sites envahis.
SPIGEst étudie également la possibilité de valoriser des coproduits de renouées par méthanisation. L’appui des scientifiques permet d’expliquer les résultats obtenus sur le terrain.

La Renoué du Japon en bord de rivière, photo Noremat
SPIGEst vise à faire émerger des techniques curatives efficaces à la fois simples et peu coûteuses, mais aussi des solutions innovantes et complémentaires aux méthodes actuelles, qui pourraient être adoptées par les gestionnaires de sites envahis.
Participer au colloque
Le colloque réunira les spécialistes francophones de la renouée asiatique invasive ainsi que des gestionnaires publics et privés.
L’objectif ? Échanger sur l’avancée des connaissances en matière de renouées et sur les moyens de lutte adaptés aux problématiques : en bords de route, en bords de cours d’eau, en zones urbaines, dans les friches etc.
Des visites terrain sont organisées le 4 octobre, notamment sur des sites envahis, où sont testées des méthodes de restauration écologique. Le 5 octobre, des cas concrets seront abordés et discutés sous l’éclairage de spécialistes de la plante, au CILM (Centre intercommunal Laxou Maxéville) à Laxou.
L’utilisation de techniques et de matériels innovants donnera aux gestionnaires de nouvelles perspectives et des alternatives dans leurs méthodes de lutte.
Inscriptions : spigestinvasives.com
Lire également : Collecter les plantes invasives pour les méthaniser, l’expérience de Noremat