Collecter les plantes invasives pour les méthaniser, l’expérience de Noremat
Article paru dans le Bioénergie International n°47 de janvier-février 2017
Les renouées asiatiques invasives ont été introduites en Europe au XIXe siècle pour leurs qualités ornementales. Échappées des jardins, elles ont colonisé les bords des cours d’eau et les friches sur tout le territoire français. Elles sont de plus en plus présentes sur les bords de route et les dépendances de Lorraine, comme partout ailleurs en France.Une véritable source de problèmes
Avec une croissance hors norme, jusqu’à 30 cm de tige par jour, avec la sécrétion de composés allélopathiques qui empêchent la pousse d’autres espèces, ainsi que des métabolites lui permettant de s’accaparer l’azote du sol au détriment des autres plantes, elles menacent la biodiversité. Par ailleurs, leurs facultés biologiques extraordinaires leur permettent d’envahir les bords d’infrastructures, posant ainsi des problèmes de vieillissement prématuré des chaussées, des fossés, ou des digues. Hautes et denses, les renouées asiatiques invasives cachent la visibilité aux usagers dans les carrefours et les virages, ou empêchent l’arrêt d’un véhicule sur l’accotement.
Ces dix dernières années, de nombreux acteurs se sont penchés sur ces plantes et sur l’expérimentation de méthodes de lutte partout en France. Des spécialistes ont pu ainsi développer une expertise reconnue. Cependant, les méthodes d’éradication et les préconisations de traitement sont difficilement applicables pour les collectivités car coûteuses et lourdes à mettre en œuvre le long des infrastructures de transport.
L’intérêt pour la thématique arrive toutefois chez les gestionnaires des grands axes routiers (autoroutiers, DIR et conseils départementaux) : si le signal était faible il y a quelques années, c’est aujourd’hui la reconnaissance d’une véritable problématique.
Naissance d’un partenariat
Le partenariat entre Noremat et l’ENSAIA (École Nationale d’Agronomie et des Industries Alimentaires) a débuté dès la genèse de l’idée de la chaire « Energies et Territoire » en 2009. Cette première collaboration fut l’occasion pour Noremat de faire part de son retour d’expérience significatif et crédible sur la biomasse issue de l’entretien des bords de route : cette biomasse est intéressante en méthanisation et peut être mobilisée durablement. Les nombreuses communications autour des connaissances synthétisées et les projets qui en ont découlé (projet « Combine » Life+ par l’association Aile et le Conseil Départemental 22, puis « Carmen » programme CIDe piloté par l’Ineris) ont prouvé l’intérêt de la démarche.
Depuis, l’ENSAIA s’est penchée sur la problématique des renouées en 2013 suite à la sollicitation de la mairie de Laxou (Métropole du Grand Nancy), qui avait alors confié les difficultés qui étaient les siennes face aux renouées asiatiques. Les villes de Vandœuvre-lès-Nancy et de Saint Nicolas-de-Port ont rejoint par la suite le mouvement en mettant à disposition leurs sites pour les expérimentations.
À partir des difficultés de gestion de ces invasives rencontrées par les collectivités, l’ENSAIA a lancé un projet professionnel pour les étudiants, auquel Noremat s’est liée par la mise à disposition de matériel et de consommables notamment.
Recherche et résultats
La fauche mécanisée en bord d’infrastructures, répétée toutes les 5 à 10 semaines durant la période de pousse, épuise les réserves de la plante, qui, stressée, se met à produire de nombreuses petites tiges. La hauteur des massifs est ainsi réduite de moitié dès la première année, rendant leur gestion plus aisée.
Dès la deuxième saison, le changement est notoire : sur les parcelles fauchées toutes les 10 semaines, la hauteur des plantes a diminué de près de 50 %, et même plus sur celles fauchées toutes les 5 semaines. Même constat du côté du diamètre des tiges : plus elles sont fauchées, plus elles sont fines (voir graphique).
Certaines précautions sont indispensables : les tiges doivent être broyées, sans quoi la plante peut se régénérer avec un seul fragment de plus de 15 cm. Quant au broyage des massifs, il est à prévoir avant la fin de l’été, avant que la plante ne produise des akènes fertiles (le fruit de la plante). En revanche, pas question de toucher aux rhizomes (racines), car déplacés hors de leurs massifs d’origine, ils ont toutes les chances de repousser.
Quelle valorisation ?
Avec un rythme de croissance hors du commun et les fauches répétées, la renouée génère une quantité de biomasse non négligeable, qui nécessite d’être éliminée ou valorisée. La valorisation en méthanisation a été testée car elle offre un avantage double : le broyat de renouée produit du biogaz par le processus de méthanisation et les éléments organiques non dégradés fournissent du digestat, un fertilisant très intéressant pour le sol et les cultures.
Même si la renouée ne produit pas en biogaz l’équivalent d’un maïs ou d’une herbe (40 m³ de méthane pour la renouée contre 120 m³ pour le maïs ou l’herbe ensilés), les résultats sont intéressants. La méthanisation annihile en outre le pouvoir de germination des akènes et la reprise végétative des tiges ou rhizomes. (Le Roux et al. 2016)*
Valoriser la biomasse des accotements
La valorisation des co-produits de fauche s’inscrit dans la démarche de Noremat depuis une dizaine d’années. En France, les accotements routiers sont systématiquement entretenus pour des raisons de sécurité routière. Pourtant, l’herbe fauchée sur les bas-côtés des routes est une ressource quasi inexploitée à ce jour car souvent abandonnée sur place. Avec 1 million de kilomètres, soit 500 000 ha d’accotements routiers et 400 000 ha d’accotements de voies rurales, le réseau routier français est un véritable gisement de biomasse renouvelable.
En pratique, cette biomasse peut être collectée puis valorisée au sein des filières de compostage et de méthanisation. Collectés, les coproduits de fauche évitent l’amendement du sol (repousse rapide de la végétation), l’encombrement des fossés et l’obstruction des ouvrages hydrauliques.
Des solutions de collecte en un seul passage
Partie du service et de la pièce détachée à sa création, Noremat est arrivée sur le marché de la conception de ses propres matériels en 1989 et a lancé son premier porteur, le VSV, en 2013, équipé notamment pour la collecte de la biomasse. Aujourd’hui, Noremat complète sa gamme de véhicules avec le tracteur Lintrac with Noremat, entièrement configuré pour l’entretien des accotements routiers.
Pour la fauche, le broyage et la collecte des plantes invasives ou des accotements, Noremat propose une solution en deux variantes :
- une solution avec un VSV avec une tête de coupe Collect’ et remorque aspiratrice Jumbo ;
- une rotobroyeuse frontale Sprinta Visio ou Experia avec module de collecte et remorque aspiratrice Jumbo.
Pour le broyage de la renouée sur des surfaces escarpées, le véhicule de pente Lintrac With Noremat équipé d’une rotobroyeuse frontale est particulièrement adapté.
Contact : + 33 383 25 69 60 – www.noremat.fr
*Le Roux Y., Ravard B., Montagne P., Pacaud S. & Chanudet-Buttet B. (2016). Gestion intégrée des renouées asiatiques : de leur maîtrise à leur valorisation. 5è journées de la méthanisation industrielle et agricole, (p. 6). Chambéry.
Informations de contact de Aile
⚑ | AILE 19B boulevard Nominoë FR-35740 Pacé | ☎ | +33 299 54 63 23 | |
---|---|---|---|---|
www.aile.asso.fr | @ | Contactez nous par email : info@aile.asso.fr |
Aile est cité aussi dans ces articles :
Informations de contact de Noremat
⚑ | Dynapôle Ludres-Fléville 166 rue Ampère - BP 60093 F-54714 Ludres Cedex |
☎ | +33 383 25 69 60 |
---|---|---|---|
@ | www.noremat.fr g.laurent@noremat.fr |