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Appel vibrant des sylviculteurs du Sud-Est pour la poursuite de la centrale de Gardanne

La centrale de Provence avec son parc à bois au premier plan, photo RBL-REI

La centrale de Provence avec son parc à bois au premier plan, photo RBL-REI

Quand nous, les sylviculteurs du Sud-Est de la France, avons eu vent du projet de la centrale biomasse de Gardanne, nous avons montré quelques signes de curiosité. Quand, cinq ans plus tard, un arrêté préfectoral risque de mettre fin à son exploitation, nous lançons un signal d’alarme ! Nous avons vraiment une opportunité historique pour redonner vie à nos collines, valoriser durablement nos forêts et structurer une vraie filière régionale à circuit court. Il n’est pas question de laisser passer cette chance qui profiterait à tous, les emplois, la biodiversité, l’énergie renouvelable et la sécurité de notre territoire face aux risques d’incendie.

Revenons aux prémices de ce projet.

Parcelle dégradée à exploiter, ASL Le Tréboux dans les Alpes de Haute-Provence, photo Margot Couvent-Maurin

Parcelle dégradée à exploiter, ASL Le Tréboux dans les Alpes de Haute-Provence, photo Margot Couvent-Maurin

Propriétaires de forêts, sylviculteurs, producteurs de bois, nous avons une responsabilité importante en tant qu’acteurs à l’amont d’une filière qui joue un rôle écologique majeur lié aux arbres que nous élevons pour produire du bois. Les forêts captent du CO2, purifient l’eau et l’air… lorsqu’elles sont gérées. Sans débouchés, pas d’investissements en forêts ni de gestion. Les forêts ne peuvent alors pas assumer pleinement toutes ces fonctions.

Il nous a fallu du temps pour comprendre l’écosystème proposé par cette centrale biomasse. Nous avons ici, dans le Sud, des forêts qui sont pour la plupart insuffisamment entretenues, faute de débouchés adaptés : l’absence de marchés pour nos bois engendre en effet une moindre gestion de notre forêt. En étudiant très finement le positionnement de la centrale, nous avons compris qu’une collaboration gagnant/gagnant pouvait voir le jour. C’était une chance historique.

Lorsqu’arrive une unité de biomasse à Gardanne qui offre un débouché aux bois de qualité médiocre et envisage de créer aussi des unités de sciage pour les bois d’oeuvre, nous ne pouvons que nous en féliciter. Certains ont eu peur de voir nos forêts disparaître, la conséquence de l’arrivée de cette unité de transformation est au contraire l’opportunité de la relance de la dynamique forestière. Récolter des bois arrivés à maturité permet de planter ou d’assurer la régénération naturelle avec les essences existantes et celles plus adaptées au changement climatique.

Les pistes et coupe-feux pourront être installées, les jeunes arbres capteront plus de CO2, la biodiversité prendra un nouvel élan, les paysages boisés seront respectés et nous, sylviculteurs, nous pourrons financer les travaux nécessaires.

Les forêts ont besoin de recettes financières et donc de débouché pour être entrenues, photo Marie de Guisa, AgroParisTech

Les forêts ont besoin de recettes financières et donc de débouché pour être entretenues, photo Marie de Guisa, AgroParisTech

Les objections qui ont conduit à une remise en cause de la centrale Uniper se sont faites sans prendre en compte l’avis des forestiers alors que nous sommes les premiers acteurs engagés et les premiers créateurs d’une écologie positive. Nous demandons à être écoutés et entendus, nous voulons contribuer à créer des emplois non délocalisables dans notre région, nous voulons développer une filière forêt-bois dynamique et respectueuse de l’environnement. Nous sommes plus de 100 000 propriétaires sylviculteurs sur les régions de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc Roussillon potentiellement concernés par l’approvisionnement de cette centrale.

Nous soutenons une industrie qui a pris des engagements et qui contribue à la transition énergétique indispensable dans notre région. Nous veillerons au respect des engagements car nous aimons notre forêt, c’est notre passion. Donnons-lui une chance de se revitaliser et de remplir toutes ses fonctions qui sont essentielles pour nous sylviculteurs, pour nos forêts, pour tous, citoyens ou visiteurs de nos régions.

Antoine d’Amécourt, président de Fransylva France
Frédéric Georges Roux, président de Fransylva Provence-Alpes-Côte d’Azur
Sylvie Coisne, présidente de Fransylva Languedoc-Roussillon

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