Heizomat, un chaudiériste biomasse qui cultive sa différence depuis plus de 40 ans
Article paru dans le Bioénergie International n°98 de l’été 2025
Le showroom de Maicha avec les désileurs articulés historiques de plaquettes, photo Frédéric Douard
L’entreprise Heizomat, basée à Maicha en Bavière, est un pionnier dans l’utilisation du bois comme source de chaleur durable et locale. Fondée en 1982 par Robert Bloos Senior, l’entreprise a développé des chaudières automatiques à bois déchiqueté et à miscanthus sous la devise « L’énergie dans le cycle de la nature ». Ce qui semblait à l’époque, pour certains rétrograde, pour d’autres futuriste, le fait de se chauffer à nouveau au bois à notre époque moderne, est aujourd’hui devenu un pilier essentiel de la transition énergétique, le bois constituant la première source d’énergie renouvelable en Europe. Heizomat a ainsi contribué à moderniser l’usage du bois-énergie, à le rendre pratique et performant, et a permis de renforcer l’autonomie énergétique et la neutralité carbone des particuliers, des agriculteurs, des entreprises et des collectivités locales. Depuis sa création, l’entreprise a ainsi fabriqué et vendu plus de 40 000 chaudières et déchiqueteuses dans plus de 40 pays, et elle en produit chaque année 1600 de plus. Aujourd’hui détenue et dirigée à 100 % par les enfants du fondateur, et forte de 330 employés, elle continue à concevoir et produire des équipements pour l’ensemble de la filière sur une surface d’ateliers de plus de 35 000 m².
La famille Bloos depuis la gauche : Tina Gerhardt, fille de Robert Bloos Sr.; son frère Tobias; Robert Bloos Sr.; Petra, épouse de Robert Bloos Sr.; Robert Bloos jun.; Nicole, épouse de Robert Bloos Jr.;, Melanie Steinhöfner, fille de Robert Bloos Sr, photo Heizomat
Des innovations qui ont façonné les chaudières automatiques à bois d’aujourd’hui
Le développement du système d’extraction du bois déchiqueté par bras rotatif articulé en 1982 a marqué une étape fondatrice de l’entreprise. Il a permis d’alimenter automatiquement la chaudière avec des plaquettes provenant d’un silo de grande taille et donc de grande autonomie. Au départ de ce développement, pour arriver à ce résultat, on modifiait encore des chaudières à bûches ou à fioul, et on les équipait d’un système d’alimentation rapporté, des solutions que nous qualifierions aujourd’hui de bricolage. C’est à cette époque qu’Heizomat est allé plus loin en présentant une chaudière compacte sans avant-foyer ni trémie de stockage, la HSK-A, où l’ensemble des systèmes d’alimentation, de combustion et d’échange étaient incorporés dans la même « boite », exactement tel qu’on connaît aujourd’hui les chaudières à bois déchiqueté de petites et moyennes puissances (moins d’un MW), ce qui n’existait à alors que dans l’industrie du bois. Cette chaudière révolutionnaire a démocratisé le chauffage automatique au bois dans ces puissances. Puis, elle s’est progressivement perfectionnée, notamment avec son double foyer pour d’une part sécher, gazéifier le bois et brûler les charbons, et d’autre part pour brûler les gaz combustibles qui représentent les deux tiers de l’énergie contenue dans la biomasse.
L’usine historique de Maicha près de Gunzenhausen, photo Heizomat
Des sauts technologiques qui ont rapproché le chauffage au bois des standards de chauffage à énergies fossiles
Au départ de l’aventure, la granulométrie du bois déchiqueté était fluctuante, avec la présence de « queues de déchiquetage » due à l’usage de déchiqueteuses à disque, et cela rendait l’usage de ces combustibles hasardeux. Pour mettre fin au problème, Heizomat a développé le broyeur à tambour Heizohack dès la fin des années 1980. Avec ses couteaux décalés, son angle de frappe par le haut, sa forte inertie et sa grille de calibrage, il a permis de produire des plaquettes calibrées telles que seuls quelques rares broyeurs industriels savaient le faire à l’époque. Cette technologie, alors disponible derrière un simple tracteur agricole, a démocratisé la production de bois déchiqueté de qualité. Cela a permis d’améliorer les performances globales de ce système de chauffage en petites puissances, et par là même l’utilisation de bois local en circuit court, sans devoir passer par l’industrie. Heizomat est alors devenu le seul constructeur de chaudières à aussi produire des déchiqueteuses de bois, accompagnant la filière de l’arbre à la cheminée !
La première usine d’Heidenheim, photo Heizomat
Du côté des chaudières, la HSK-RA à nettoyage automatique des échangeurs a été lancée en 1996, ce qui a considérablement amélioré le confort d’utilisation et de fait les performances globales. Ce nettoyage automatique a évité aux utilisateurs le brossage manuel fastidieux et a rapproché l’utilisation de ces chaudières des standards de confort des systèmes de chauffage à combustibles fossiles. Un peu plus tard, dans les années 2000, la gamme RHK-AK avec sa chaine de décendrage ouvrait la possibilité d’utiliser du miscanthus, en particulier sur le marché français.
Deux maîtres-mots : robustesse et innovation
Parallèlement aux développements technologiques, la politique de l’entreprise s’est fondée sur la robustesse et la durabilité de ses équipements, à l’image de la machinerie agricole qui est soumise à rudes épreuves. Ainsi, de nombreuses installations réalisées il y a plus de 40 ans sont toujours en service aujourd’hui et fournissent de la chaleur de manière fiable à leurs propriétaires !
Robot de sougage en action, photo Heizomat
L’entreprise s’est également attachée à améliorer constamment l’efficacité de ses chaudières, avec par exemple le système d’évacuation des cendres par chaîne qui réduit l’usure, le bruit et la consommation d’énergie, ou avec le séparateur électrostatique de particules sur turbulateurs qui minimise les émissions, deux systèmes qui restent encore aujourd’hui uniques dans la filière.
Un cœur de marché dans la moyenne puissance
Heizomat propose aujourd’hui des solutions complètes de chauffage au bois déchiqueté ou au miscanthus jusqu’à 3 000 kW. Son cœur de marché reste cependant la gamme de puissances de 300 à 1000 kW, où Heizomat est leader dans de nombreux pays comme en France. Ces chaudières permettent l’utilisation de bois forestier, bocager ou industriel, et de miscanthus, et Heizomat accorde une grande importance au caractère local des biocombustibles, aux filières courtes, à l’indépendance et à l’autonomie de ses clients en matière de chauffage. Pour répondre à ce principe, Heizomat met en œuvre de nombreuses solutions avec ses déchiqueteuses, ses conteneurs de transport et de séchage, ses camions Mercedes Benz modifiés, ses systèmes de convoyage et de stockage, et tout récemment ses bennes soufflantes pour la livraison pneumatique de plaquettes.
Poste de soudure automatique en 3D à Heidenheim, photo Frédéric Douard
Une nouvelle usine intelligente
L’industrie verte dont fait partie Heizomat est aujourd’hui bien plus qu’une simple chaudronnerie et incarne l’avenir de l’usinage durable et intelligent de la tôle. Ainsi, en plus de ses deux sites de production de Maicha et Heidenheim, une usine ultramoderne, la Smart Factory, a été construite sur le site d’Heidenheim en intégrant des technologies de production respectueuses de l’environnement, préservant les matières premières, tout en garantissant les normes de qualité les plus strictes. Le bâtiment a lui-même été réalisé selon les normes écologiques les plus récentes en matière de construction, d’utilisation d’énergies renouvelables et de gestion intelligente de l’énergie. Dans ce projet, Heizomat s’appuie sur des solutions d’automatisation et de numérisation de pointe pour optimiser ses processus et aborder les prochaines années de manière compétitive et durable.
La nouvelle usine d’Heidenhein, la Smart Factory, photo Heizomat
Contact : 04 79 60 54 10 – contact@heizomat-france.fr – www.heizomat-france.fr
Frédéric Douard, en reportage à Heidenheim et Maicha
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