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Dans le Jura, la transition énergétique a commencé en forêt depuis plus de 30 ans

Déchiquetage de rémanents en forêt, photo Thermobois

Comment valoriser au mieux le bois des forêts et participer ainsi à leur entretien et leur renouvellement ? En cette période de lutte contre la prolifération du bostryche (parasite qui décime les pessières) et de sécheresses répétées, rencontre avec l’entreprise jurassienne Thermobois SA, parmi les pionnières en Suisse dans la valorisation du bois comme source de chaleur neutre en CO2 dans les chaufferies collectives.

Avec l’appui de toutes les communes du canton du Jura suisse et de nombreux acteurs de l’économie forestière régionale, la société Thermobois SA est fondée en 1989. Depuis, c’est plus d’un million de mètres cubes de plaquettes forestières qui ont été livrés à des chaufferies locales avec un volume annuel qui atteint désormais 100 000 m3. Une part prépondérante des plaquettes livrées a permis d’alimenter en chaleur le réseau de chauffage à distance de la ville de Porrentruy (à 50 km de Bâle et moins de 30 km de Sochaux pour les nuls en géographie), un réseau aujourd’hui géré par la société parapublique Thermoréseau-Porrentruy SA. Ce réseau alimente près de 500 sous-stations et produit en plus de l’électricité renouvelable pour l’équivalent de 2500 ménages.

Valoriser les déchets de coupes et réduire les coûts en forêt

Manuel Godinat, directeur de Thermobois SA et de Thermoréseau-Porrentruy SA. Il est également Conseiller municipal de la Ville brutruntaine.

A la base de ce remarquable projet qui a permis le développement de la filière bois-énergie sur tout le canton et au-delà en Suisse romande, il y a l’ingénieur forestier Marcel Godinat, alors directeur de l’association jurassienne d’économie forestière (AJEF). La réflexion de départ a été de valoriser les déchets de coupes, qui étaient alors brûlés en forêt, tout en diminuant de 25% à 30% les frais de bûcheronnage. Ainsi, la quasi-totalité des volumes déchiquetés provient de rémanents de coupes et non pas de bois rond, plus onéreux pour les chaufferies. Décédé prématurément en 2012, c’est son fils Manuel, ingénieur HES en génie thermique, qui a repris la direction des opérations et qui continue de développer activement les deux entreprises.

L’une des conditions de la réussite de Thermobois a été la construction dès sa création d’un hangar de stockage à Courchavon. Il reste aujourd’hui le plus grand hangar à plaquettes forestières de Suisse avec une capacité de 20 000 m3. Alors que les assortiments de bois de moindre qualité sont directement dirigés vers les deux centrales de chauffage du Thermoréseau de Porrentruy, le reste est déchiqueté, transporté et stocké dans le hangar. De juin à août, il va être ainsi soigneusement rempli et les plaquettes vont sécher par fermentation naturelle pendant 3 à 9 mois pour atteindre moins de 30% d’humidité relative. Les livraisons à la cinquantaine de chaufferies-clientes se feront ensuite par bennes basculante, soufflante ou à fond mouvant, de 40 à 90 m3.

Le hangar de stockage à plaquettes de Courchavon a été le premier investissement réalisé par Thermobois SA

Des qualités de plaquettes adaptées aux installations

Pour les chaudières de petites puissances (< 300 kW), les plaquettes vont être tamisées dans un crible situé dans le hangar pour permettre de contrôler parfaitement la granulométrie en retirant la fraction fine (< 3 mm) et les surlongueurs (> 45 mm). Ce procédé offre plusieurs avantages pour le consommateur de plaquettes tamisées : l’absence de fines et de surlongueurs assure un fonctionnement sans panne. De plus, la fraction fine des plaquettes a la particularité de concentrer les particules de bois denses riches en minéraux provenant principalement de l’écorce des arbres. Le fait d’extraire cette fraction va ainsi diminuer jusqu’à un facteur 4 à 5 la quantité de cendres produites pendant la combustion et limiter la quantité de poussières fines émises dans le foyer et en sortie de cheminées. Pour le client, le surcoût pour obtenir ce combustible bois de qualité est ainsi facilement récupéré via les économies réalisées sur les frais d’exploitation, de filtrage des fumées et d’évacuation des cendres.

Dès sa création, Thermobois s’est beaucoup impliquée dans le développement des chaufferies à plaquettes pour les collectivités publiques. A partir de ses activités de base – achat de bois, préparation de plaquettes et livraison – l’entreprise les a logiquement étendues ces dernières années à l’exploitation de chaufferies de plus de 70 kW et dans le conseil pour la planification et la réalisation de ce genre d’installations.

Richard Golay, Energie Bois Suisse

L’entreprise de Porrentruy est aujourd’hui composée de près d’une vingtaine d’employés. Forte de son expérience et du dynamisme de son directeur également impliqué dans la vie politique de la Cité brutruntaine, Thermobois compte bien continuer à participer à la transition énergétique et écologique en cours, pour le bien de tous et des forêts de la région. Celles-ci ont en effet un urgent besoin de débouchés viables pour le bois à faible valeur ajoutée qui découle de la prolifération du bostryche et des sécheresses à répétition de ces dernières années.

Richard Golay, Energie-bois Suisse / +41 21 706 50 32 – golay@energie-bois.chwww.energiebois.ch

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1 réponse
  1. choppin dit :

    Et bien faire de thermobois un fournisseur de chaleur et d’électricité, sous un rendement énergétique imbattable, ce ne serait pas idiot non ? La limite de l’une ou l’autre des applications : les distances de transport du combustible. Le choix chaleur-cogénération dépend totalement de l’analyse de chaque projet. Une exigence commune, une distance ressource-utilisation la plus courte possible et pour moi une limite de taille des chaufferies bois s’impose (et bien entendu aussi pour les cogénérations) pour la même raison, ainsi que le respect d’une certaine façon d’exploiter la forêts qui doit absolument éviter les conflits d’usage. Le bois n’est pas uniquement à la disposition de l’energie.