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La production de bio-électricité dans les départements français ultramarins

Ile de la Réunion, photo Frédéric Douard

Les systèmes électriques des départements d’Outremer français, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion, restent très carboné, reposant essentiellement sur des moyens thermiques alimentés en hydrocarbures, en charbon et en bagasse ainsi que sur une production hydraulique en Guyane et à la Réunion. 

En 2018, une mission interministérielle a été chargée d’évaluer les gisements et les modes de production de la biomasse pour stabiliser la production électrique dans les départements d’outre-mer notamment au regard des énergies renouvelables intermittentes.

Les moyens de pointe sont, dans la technologie actuelle, uniquement fournis par des turbines à carburants liquide ou gazeux. Comme combustible, l’éthanol est possible (turbine à combustion mise en service à La Réunion) mais non compétitif qu’il soit importé ou produit localement.

La Turbine à bioéthanol de Saint-Pierre de la Réunion, photo Albioma

Les sources d’énergie renouvelables intermittentes même avec une forte augmentation des moyens de stockage qui permettrait de disposer d’une alimentation minimale 24 heures sur 24, voire même de déporter les pointes de production aux heures de forte demande, ne peuvent pas selon EDF à elles seules stabiliser le réseau en fréquence et suffire en volume pour garantir l’équilibre offre/demande tout au long de l’année. Aussi, la loi prévoit actuellement un seuil de déconnexion des EnR intermittentes fixé forfaitairement à 30 % de la consommation qu’il conviendrait d’augmenter et d’adapter à la situation de chaque collectivité territoriale comme le recommande la Commission de régulation de l’énergie.

Production électrique à partir de biomasse : presque tout reste à faire

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte impose depuis 2015 à l’État d’élaborer une programmation pluriannuelle de l’énergie avec les collectivités territoriales uniques (Guyane, Martinique), les régions (Guadeloupe, La Réunion) et le département (Mayotte).

La première PPE aux horizons 2018 et 2023 a été adoptée pour quatre DOM sur cinq, une difficulté étant survenue en Martinique à propos de la biomasse, du fait de l’opposition de la Collectivité territoriale de Martinique au projet de centrale biomasse Galion 2, essentiellement approvisionnée en biomasse importée.

La centrale Albioma Galion 2 à La Trinité en Martinique, photo FL Design

Dans un contexte de demande électrique en stagnation pour trois îles (Réunion, Guadeloupe, Martinique) les échéances de renouvellement des moyens de production de forte puissance à énergie fossile sont aussi un enjeu crucial à prendre en compte pour rendre possible une augmentation significative du taux de pénétration des EnR. Malheureusement pour le climat et pour les économies locales, ces renouvellements ont habilement TOUS été effectués au cours des cinq dernières années par EDF, avec des augmentations de puissance souvent fortes, ceci figeant les situations pour de nombreuses années encore et sabotant les éventuels projets de biomasse en cours.

Les données de la mission

La mission, qui a été réalisée par différents service de l’Etat de juin à octobre 2018, a distingué deux situations contrastées : la Guyane, qui dispose d’un fort potentiel de biomasse forestière, et les quatre départements insulaires.

Objectifs biomasse de la programmation pluriannuelle de l’énergie pour les cinq DOM

Les îles sont caractérisées par une forte densité de population, l’exiguïté de leurs surfaces agricoles et l’absence de filière bois. Mayotte mis à part, ce sont par ailleurs des îles où la culture de la canne à sucre est fortement implantée. La canne fournit un sous-produit, la bagasse, qui a permis le développement de centrales électriques installées par des industriels de l’énergie à côté des sucreries. Elle représente une faible part de la production électrique et le complément est fourni par du charbon importé. Deux voies de renforcement du gisement cannier ont été étudiées par les industriels avec l’appui de la recherche agronomique :

  • sélectionner les cannes à sucre pour augmenter simultanément leur rendement et leur teneur en fibre,
  • substituer sur une partie de la sole cannière à sucre, une canne énergie à fort rendement biomasse. Cette substitution a l’avantage d’être relativement neutre sur le plan social. Le caractère saisonnier de la production nécessitera une importation de biomasse sous forme de granulés.

Pour Mayotte, le projet de centrale biomasse prévu par la PPE ne pourra être réalisé qu’à la condition d’importer la biomasse : cette option ne semble pas susciter de difficultés d’acceptabilité sociale dans son principe, et semble judicieuse d’un point de vue socioéconomique.

La chaudière biomasse Vyncke de la centrale de Kourou, photo Soten

En Guyane, la biomasse comme source d’énergie est aujourd’hui marginale avec une seule centrale à Kourou de 1,7 MW. Bien que certains projets soient maintenant lancés, l’accroissement de capacité ne s’est pas encore concrétisé malgré un accord en 2017 sur des objectifs ambitieux.

> Télécharger le rapport de mission

Frédéric Douard

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