Total Energies dans la course à la distribution des granulés de bois

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Article paru dans le Bioénergie International n°30 de mars-avril 2014

Camion plateau Total Pellet Premier Alvéa avec chariot embarqué 3 roues motrices Transmanut pour le sud ouest, photo Transmanut

La forte montée en puissance de la demande en granulés de bois en France pour le chauffage des particuliers intéresse depuis plusieurs années les constructeurs de maisons neuves, les chauffagistes, mais aussi les distributeurs d’énergie, tel l’énergéticien Total qui est désormais capable de servir plus de 60 départements métropolitains. Bioénergie International fait le point sur ce développement avec Jean-Paul Riquet, responsable de la diversification au sein de la Direction Combustibles et Energies de Total.

Depuis quand Total Energies s’intéresse-t-il aux granulés de bois ?

Jean-Paul Riquet : Le chauffage résidentiel, toutes énergies confondues (électricité, gaz naturel, fioul, bois…) représente environ 43% de la consommation énergétique en France et près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. La sobriété énergétique et la réduction des GES sont donc aujourd’hui une exigence incontournable. Total est un acteur historique du chauffage individuel en livrant depuis plusieurs décennies du GPL et du fioul à ses clients. En investissant la distribution de granulés de bois, Total remplit le triple objectifs de :

• Répondre aux attentes des consommateurs et du marché,
• Diversifier son offre pour devenir un fournisseur de solution multi-énergies pour la maison,
• Créer de la valeur dans ses filiales confrontées à la baisse inéluctable et structurelle du fioul et du GPL.

Nous mettons ainsi à profit notre expérience de commerce et de logistique de distribution des combustibles domestiques. C’est à l’occasion du rachat d’un distributeur de fioul, que nous avons intégré son activité de distribution de granulés en 2011. Nous l’avons ensuite étendue en phase test à une filiale pilote sur le Sud Ouest de la France à partir d’avril 2013, et depuis le mois d’octobre 2013, nous avons lancé officiellement notre marque Total Pellet Premier dans l’ensemble de nos filiales sur le territoire national métropolitain.

Où vous fournissez-vous ?

Nous nous fournissons chez les principaux producteurs français, que nous sélectionnons avec soin. Nous sommes exigeants sur la qualité. Nous développons et mettons en place nos propres procédures de contrôle pour assurer cette qualité du producteur au consommateur final, en passant par l’accueil de nos clients et notre livraison. Nous nous appuyons évidemment sur les certifications du marché, notamment la DINPlus qui fait référence en France, ou encore la ENPlus à vocation européenne.

Quelle est votre approche de la qualité ?

Le marché français est avant tout un marché de sacs, destinés à alimenter des poêles, dont les réglages dépendent de la qualité des granulés. Les utilisateurs comprennent rapidement, que non seulement la qualité est importante, mais qu’en plus elle doit rester constante. Le consommateur doit d’ailleurs respecter les consignes de stockage très simples, indiquées sur nos sacs, afin de ne pas dégrader le combustible et s’assurer une combustion complète et un bon rendement. En plus de la qualité du produit, qui dépend du producteur sélectionné, nous attachons une grande importance à la qualité de la livraison, qui est entièrement de la responsabilité de nos filiales. Elles apportent à nos clients l’expérience historique de la distribution du charbon et du fioul, finalement proche de celle du granulé.

Plateau Charvet La Mure Bianco Loire avec chariot embarqué Transmanut en Rhône Alpes, photo CLMB

Envisagez-vous de devenir producteur ?

Le marché du granulé s’internationalise, comme en témoigne l’augmentation des flux d’export/import organisés par des intermédiaires ou les producteurs eux-mêmes, afin d’assurer la disponibilité de granulés et répondre à la demande toujours croissante des consommateurs. Comme les autres distributeurs, nous avons souffert à l’automne 2013 d’une situation temporaire et exceptionnelle de manque de produit. Comme le recours à l’import/export, nous ne nous interdisons pas d’intervenir dans la production de granulés, afin de servir nos clients. Si le procédé industriel n’est pas trop complexe et l’investissement modéré, en revanche, une bonne connaissance de la filière bois est nécessaire. Par exemple en France, où la forêt est aux trois quarts patrimoniale, le gisement est parfois compliqué à mobiliser et intéresse d’autres industries comme la papeterie et les panneaux de particules. C’est pourquoi, pour l’instant, nous nous concentrons sur notre métier traditionnel de distributeur, qui consiste à vendre, à organiser nos tournées et proposer le meilleur service de livraison. Pour la vente, à l’instar du fioul, nous travaillerons avec la filière chauffage – installateurs et distributeurs. Sans poêle à granulés, pas de vente de granulés. Et sans une couverture nationale de la distribution de granulés, moins de vente de poêles. Nous avons donc un intérêt commun à participer à l’information des clients, offrir dans nos sphères de compétences respectives des services de qualité, et pourquoi pas, imaginer des actions conjointes.

Quelle est votre perception du marché ?

Avec plus de 500 000 tonnes vendues en 2012 et 2,5 millions de tonne prévues en 2020, le marché est très dynamique et en forte croissance. Les ventes de poêles et de chaudières, qui ont progressé de plus de 50% l’an passé soulignent cette tendance et confirment l’augmentation de la demande. C’est le rôle de la filière bois-énergie, producteurs et distributeurs, en tête de s’organiser pour y répondre et éviter la pénurie. Par exemple, de plus en plus d’unités de production devraient bientôt intégrer du feuillu dans la composition des granulés, constitués principalement de résineux ces dernières années, sans affecter la qualité du produit final.

Malgré l’augmentation récente des prix, le granulé reste une énergie économique. À titre d’exemple, le prix au kWh de granulé de bois est au moins deux fois moins cher que le prix du kWh électrique. Les prix vont probablement augmenter encore, tout en restant très inférieurs aux prix des énergies conventionnelles, électricité en tête, mais aussi GPL, gaz naturel et fioul. La filière s’organise. Nous découvrons ses acteurs, qui à l’exception des chauffagistes, nous découvrent aussi. Nous souhaitons apporter notre contribution à son développement.

Camion plateau Total Pellet Premier CPO avec chariot embarqué Transmanut pour l’ouest, photo Transmanut

Quand Total Energies va-t-il communiquer largement sur cette nouvelle activité ?

Jusqu’à maintenant notre communication a été portée en local par l’intermédiaire de nos filiales de distribution. La communication grand public sur notre marque, « Total Pellet Premier », a débuté fin février 2014 avec une campagne radio relayée sur notre site internet www.totalpelletpremier.com. Nous l’accompagnerons d’une communication destinée à la filière, producteurs, distributeurs de granulés, mais aussi les fabricants, les distributeurs de matériel et les installateurs.

Frédéric Douard