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Propositions et feuille de route pour la chaleur renouvelable citoyenne en France

Énergie partagée, mouvement français de promotion, d’accompagnement et de financement de projets de production d’énergie renouvelable dont le financement et la gouvernance sont maîtrisées par des collectivités territoriales et des collectifs citoyens, vient de publier une feuille de route regroupant des propositions aux autorités pour augmenter la part des projets de chaleur renouvelable dans l’investissement citoyen.

Cette feuille de route (Chaleur renouvelable citoyenne – États des lieux et propositions) dresse un panorama du développement de projets citoyens dans les filières bois-énergie et solaire thermique. Elle détaille :

  • la typologie des projets déjà en service, et les atouts de la chaleur renouvelable citoyenne (CRC),
  • l’exploration du codéveloppement et co-investissement entre un opérateur privé, la collectivité et une structure d’intermédiation citoyenne ou opérateur énergétique territorial quelle que soit la filière,
  • les leviers à actionner pour lever les freins spécifiques à ces deux filières,
  • les bonnes pratiques pour encourager le développement de la CRC,
  • des recommandations aux pouvoirs publics pour appuyer le développement des projets de CRC (en particulier : financement, mise en réseau des acteurs, adaptation des réglementations aux projets citoyens).

La production de cette feuille de route a été motivée par la fait qu’à la fin 2022, sur les 178 projets citoyens d’énergie renouvelable en fonctionnement en France, définis et labellisés comme tels par Énergie Partagée, seuls ceux de huit structures produisent actuellement de la chaleur dont six en bois-énergie, sous forme de grappe, et deux en solaire thermique. Les projets de chaleur renouvelable citoyenne sont donc encore marginaux à l’échelle du mouvement de l’énergie citoyenne, entendue comme l’écosystème des porteurs de projet citoyen. La puissance installée en fonctionnement ne représentent que 6,2% de la puissance installée totale des projets labellisés à date de publication, représentant la consommation en chauffage de 5 291 personnes. Sur le plan financier, les projets de chaleur citoyenne, quelle que soit leur stade de d’avancement, associent environ 700 actionnaires citoyens et 50 collectivités ayant investi directement ou via une SEM, pour un total d’un demi-million €, auxquels s’ajoutent les 2,1 millions € financés par Énergie Partagée Investissement pour sept projets. Ces montants, aussi impressionnants qu’ils soient, représentent une proportion faible des 20 millions € consacrés à 91 projets citoyens par cet outil d’investissement.

Ces chiffres sont d’autant moins compréhensibles que les projets de chaleur sont particulièrement pertinents pour déployer une approche territoriale de l’énergie : les collectivités sont légalement compétentes pour créer des réseaux de chaleur publics, les exploitants des réseaux peuvent développer une relation de proximité avec leurs abonnés ou encore faire le lien avec le territoire pour l’approvisionnement en biomasse locale.

Malgré ces ingrédients propices au développement des projets de production de chaleur citoyenne, la filière est encore embryonnaire. Les installations de chaleur à gouvernance partagée, mêlant acteurs publics et privés locaux, se traduisent actuellement par des projets pionniers de petits réseaux de chaleur ou de centrales solaires thermiques sur bâtiment. Au-delà du mégawatt EnR installé, la chaleur renouvelable citoyenne demeure inexistante.

Comment expliquer que la chaleur prenne une faible place dans le mouvement Energie Partagée ? Comment faire en sorte que cela ne soit plus le cas ?

Ces deux questionnements ont servi de fil à rouge à la réflexion déployée dans la présente feuille de route. Son objectif est de dresser un état des lieux détaillé, d’identifier les facteurs explicatifs de cette carence des projets de chaleur renouvelable citoyenne et d’expliciter les leviers à actionner pour inverser la tendance, tant pour les filières où il n’existe pas de projets citoyens que pour celles où l’enjeu est de favoriser l’essaimage de projets en fonctionnement.

Pour les deux filières où des projets existent déjà, à savoir le bois-énergie et le solaire thermique, la réflexion s’appuie sur des retours d’expériences étayés. Pour les filières où il n’existe pas encore de projets à gouvernance locale, à savoir les chaufferies et réseaux de chaleur supérieurs à 1 MW, indépendamment de la ressource EnR mobilisée, la démarche est exploratoire et a consisté avant tout à proposer des pistes de travail. A noter, la réflexion ne se limite pas aux seuls réseaux de chaleur publics mais envisage la filière chaleur dans son ensemble : production et/ou distribution (via réseaux publics, privés ou techniques) de chaleur à visée collective.

Voir tous les retours d’expériences et les proposition dans la feuille de route « Chaleur renouvelable citoyenne – États des lieux et propositions » :

En savoir sur Energie partagée : energie-partagee.org

Frédéric Douard