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Le parlement européen marche sur la tête en voulant exclure la biomasse forestière des énergies renouvelables

Déchiquetage de petits bois d’éclaircie en forêt, photo BEMA

Alors que le Parlement européen votait, le 14 septembre 2022, dans le cadre de la révision de la directive RED III, en faveur de l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergies de l’UE de 32 % à 45 % d’ici 2030, il votait dans le même temps des dispositions contraignantes sur la valorisation énergétique des bois récoltés en forêts qui, si elles devaient s’appliquer, constitueraient une aberration économique et écologique selon les acteurs mêmes de la forêt.

Plus que jamais dans le contexte de crise climatique et énergétique, le bois-énergie, qui la première énergie renouvelable de France et d’Europe, est nécessaire pour l’entretien des forêts, la décarbonation de l’économie et la protection du pouvoir d’achat des ménages. La filière affiche aujourd’hui en France et dans la majorité des Etats Membres de l’Union de très hauts rendements de valorisation énergétique. Or paradoxalement, alors que l’objectif en matière d’énergies renouvelables est rehaussé, les dispositions votées par le Parlement européen excluent la première d’entre-elles, à savoir la « biomasse ligneuse primaire », celle provenant directement de la forêt comme le bois bûches ou les plaquettes forestières, mais aussi une partie des granulés, ce qui priverait ces filières de l’accès aux aides publiques.

Les acteurs français de la filière forêt bois et des collectivités locales engagées dans la transition écologique veulent par conséquent alerter sur les conséquences graves qu’aurait pour l’ensemble de l’économie française cette position radicale, parce que :

  1. Le bois-énergie est indispensable à une gestion forestière durable, dans un contexte où il faut aider les forêts à s’adapter au changement climatique sans rupture violente et où il faut limiter au maximum les risques d’incendies.
  2. En France, le bois est d’abord récolté pour produire du bois matériau pour construire les maisons, les meubles, des emballages et le papier. La production d’énergie intervient en bout de chaîne, valorisant les parties de l’arbre qui n’ont pas d’autres débouchés. Le bois-énergie apporte ainsi aux propriétaires forestiers un complément de revenu indispensable à l’entretien de leur patrimoine forestier.
  3. Le cadre légal qui régit les coupes de bois en France est très strict. Les prélèvements de bois en forêt sont très inférieurs à l’accroissement naturel des forêts, en témoigne la surface forestière et le volume de bois qui ont doublé en deux siècles en France, et qui continuent de s’accroître.
  4. L’application de l’actuelle directive RED II montre l’exemplarité de la filière bois-énergie française, grâce à un suivi très précis des critères de traçabilité et de durabilité.
  5. Le bois-énergie est essentiel à l’indépendance énergétique de la France, dans un contexte de fortes instabilités géopolitiques.
  6. Le bois-énergie est la première énergie renouvelable en France : il représente à lui seul 36 % de la production d’énergies renouvelables et 66 % de la chaleur renouvelable.
  7. Renoncer au bois-énergie produit localement, c’est augmenter les importations d’énergies fossiles !
  8. Le bois-énergie protège le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises, grâce à ses prix relativement stables et bas en comparaison aux énergies fossiles importées.
  9. Le bois-énergie est la source d’énergie renouvelable la plus utilisée aujourd’hui en France par les particuliers : près du quart des ménages occupant 7 millions de logements sont équipés d’un appareil de chauffage au bois (bûches ou granulés). Le bois est la source d’énergie la plus économique pour chauffer un logement, comparé au chauffage au gaz, au fioul ou à l’électricité.
  10. Le bois-énergie représente également près du quart des énergies distribuées par les réseaux de chaleur qui permettent de garantir une facture énergétique maîtrisée aux habitants des villes. C‘est un outil de lutte contre la précarité énergétique des collectivités.
  11. Les industries françaises sont de plus en plus nombreuses à utiliser le bois-énergie pour leurs besoins en chaleur voire en électricité avec cogénération. Grâce à son haut rendement énergétique et un prix compétitif, le bois-énergie contribue à la compétitivité des outils de production dans tous les secteurs de l‘économie française.
  12. Le bois-énergie participe à la vitalité des territoires. La filière, c’est aujourd’hui 1,3 milliard € de valeur ajoutée annuelle et 50 000 emplois ancrés principalement dans les territoires ruraux.

Interpellation du gouvernement français

Les acteurs de la filière forêt-bois et des collectivités locales engagées dans la transition écologique, invitent donc le Gouvernement Français, dans le cadre du trilogue qui va s’engager, à tenir une position forte de rejet des dispositions restrictives votées par le Parlement européen sur la biomasse forestière et le bois-énergie, pour ne pas condamner les ambitions énergétiques et climatiques du pays ainsi que les milliers d’emplois que représentent ces filières dans les territoires.

Positions

Pour Jean-Michel SERVANT, président de France Bois Forêt, l’Interprofession nationale de la filière Forêt-Bois : « la définition de la biomasse forestière primaire adoptée par le Parlement européen est « hors sol ». Elle est déconnectée des réalités du terrain. En France, le bois-énergie, co-produit de l’exploitation forestière, est indispensable à la bonne gestion de nos forêts. Si on ne soutient plus cette énergie renouvelable, on va pénaliser l’entretien de nos forêts et la décarbonation de notre économie. »

Pour Antoine d’AMECOURT, président de Fransylva, la Fédération des Syndicats de Forestiers Privés de France : « le bois-énergie est une composante incontournable de l’équilibre économique de la sylviculture. Sa remise en cause serait une catastrophe pour la gestion durable de nos belles forêts ».

Pour Dominique JARLIER, président de la Fédération Nationale des Communes Forestières, FNCOFOR : « grâce au bois-énergie prélevé dans nos forêts et que nous utilisons dans nos chaufferies biomasse ou réseaux de chaleur, nous pouvons chauffer nos équipements collectifs (écoles, piscines, …) et lutter contre la précarité énergétique dans nos territoires ruraux, tout en étant indépendant des énergies fossiles dont le prix flambe. »

Frédéric Douard

1 réponse
  1. Albert Danielle dit :

    Tout est dit ci -dessus sur l’importance du bois énergie issu des forêt lors de gestion dynamique forestière.
    Ou sont donc les personnes compétentes aux parlement européen connaissant réellement l’importance actuellement de développer toutes les filières du BO, BI au BE ?