Lien de bannissement

Est ce que toutes les essences forestières se valent dans l’atténuation du changement climatique ?

Hêtraie en Corse, photo Frédéric Douard

En matière de carbone forestier, il est souvent mentionné par simplification qu’un m3 de bois = 1 tonne de CO2. En effet, lors de leur croissance les arbres consomment du gaz carbonique dans le processus de photosynthèse selon l’équation : CO2+H20 -> O2 + (CH2)O. La structure lignocellulosique comprend du carbone (C), pas de CO2 qui est un gaz. Cependant par convention pour analyser l’effets sur les Gaz à Effet de Serre (GES), on convertit le C (carbone) séquestré en potentiel de CO2eq (dioxyde de carbone équivalent) en multipliant par 3,67 (masse molaire du CO2).

Par ailleurs, toute personne qui a fait un peu de bois de chauffage en forêts sait que la densité des bois vert (kg/m3) ne se valent pas mais ce qui compte ici c’est la densité du bois sec appelé infra-densité (et exprimée en tonnes de matière sèche par m3). Elle varie de 0,35 pour les peupliers à 0,73 pour le chêne vert avec une moyenne multi-essences de 0,54 tMS/m3 (0,57 pour les feuillus et 0,42 pour les conifères).

Ainsi pour calculer la quantité de CO2 par m3 de bois, on applique la formule suivante : 0,475 (teneur en carbone dans le bois sec) x 0,54 (infra-densité moyenne toutes essences) x 3,67 (masse molaire CO2) => 0,94 TCO2eq/m3 de bois en moyenne toutes essences (0,73 pour les conifères et 0,99 pour les feuillus). La forêt française étant constituée aux 2/3 de volumes de feuillus, on serait donc à 0,9 TCO2eq/m3 en France. Le fameux 1 m3 = 1 T de CO2eq, utilisé par simplification est donc surestimé de l’ordre de 10%.

Doit-on en conclure que, d’un point de vue de la lutte contre le changement climatique, les chênes verts sont plus efficaces que les peupliers ou les conifères ?

Non bien sur car cela dépend aussi de la productivité intrinsèque de chacune des essences en stations. Cette productivité s’analyse au niveau de l’ensemble du bois produit (bois commercial, expansion racinaire et menus bois). Ainsi des essences de « compétition » (peuplier, douglas, sapin/épicéa) présentent des productivités en bois commercial jusqu’à trois fois plus élevées que celles du chêne et du hêtre mais après prise en compte de l’ensemble des paramètres impactant cités ci-dessus (infra-densité, facteur d’expansion, etc…), la différence en terme de puissance de pompe à CO2 est quand même bien moindre. En moyenne, les forêts françaises extraient de l’atmosphère 8-9 T de CO2eq/ha/an avec un écart de +/- 50% selon les essences.

Le choix d’une essence à implanter ne repose cependant pas sur sa capacité de captation du carbone mais sur des sujets classiques d’adéquation à des contraintes pédo-climatiques actuelles et futures, de préservation de la biodiversité ainsi que du potentiel de valorisation en bois d’œuvre.

Nous verrons dans un autre post que la différence d’un point de vue carbone est plus marquée selon l’usage que nous ferons du bois et ceci quelles que soient les essences.

Gwenaël Postec, Associé chez OpenForêt

Informations de contact de Open-Forêt

OpenForêt
9, place des halles FR-79170 Brioux sur Boutonne
 
@ Contactez-nous en ligne
Ou contactez nous par email : contact@openforet.com
OpenForêt est une société indépendante, créée en 2015, qui a pour ambition de rendre accessible toute l’information localisée et actualisée sur l’usage des sols (forestiers et agricoles) aux acteurs de terrains (collectivités, entreprises). Son offre s'appuie sur les très fortes compétences de son équipe et de ses partenaires dans le secteur agricole, forestier, dans l'analyse et le traitement d'images satellitaires, de photos aériennes, de cartographies, de données hétérogènes. La maîtrise des enjeux locaux, carbone, des écosystèmes (agricoles et forestiers), de leur adaptation au changement climatique en préservant la biodiversité permet à OpenForêt d'apporter des réponses uniques tant génériques que spécifiques