Comment atteindre un mix de gaz 100% renouvelable en 2050 en France ?
Quelles sont les sources de production du gaz renouvelable ?
Le gaz renouvelable peut être produit par trois types de procédés :
- La méthanisation permet de produire du méthane en utilisant des micro-organismes qui dégradent de la matière organique (résidus de cultures, déjections d’élevage, déchets agroalimentaires, herbes, algues, etc.).
- La pyrogazéification permet également de produire du méthane, mais cette fois par dégradation thermochimique, principalement de bois. Enfin, du gaz renouvelable peut être produit à partir d’électricité renouvelable (éoliennes, panneaux photovoltaïques, énergies marines).
- Les procédés électricité->gaz permettent de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau, ou bien de produire du méthane en combinant l’hydrogène produit avec du CO2 (par « méthanation »).
Quelle est la part du gaz renouvelable aujourd’hui dans la consommation d’énergie globale en France ?
Aujourd’hui la production de gaz renouvelable est encore peu développée en France, bien qu’elle progresse. Dans leur panorama du gaz renouvelable, les gaziers ont annoncé l’injection de 815 GWh de gaz renouvelable sur les réseaux en 2016, ce qui représente plus du double de ce qui était injecté en 2015 (82 GWh). Il existe 522 unités de production (méthaniseurs) et 26 unités d’injection sur les réseaux (contre 17 en 2015). Une partie du gaz produit n’est pas injecté sur les réseaux, mais consommé sur place, essentiellement par des exploitations agricoles. Les deux autres filières de gazéification et de power-to-gas ne sont pas encore industrialisées. Malgré ces développements, le gaz renouvelable représente toujours moins de 1% de la consommation totale de gaz en France. La consommation française s’approvisionne donc toujours par des importations de gaz naturel.
Selon l’ADEME, quels sont les leviers pour atteindre un mix de gaz 100% renouvelable en 2050 ?
Il est d’abord possible d’augmenter la disponibilité en matières biodégradables et en électricité renouvelable. On estime à 620 TWh le contenu énergétique de ressources mobilisables en métropole en 2050, contre 140 TWh estimés pour 2010. Cela représente un potentiel de 460 TWh de gaz, soit la consommation de 2016. Une partie des ressources biodégradables devrait aussi servir à produire de la chaleur et de l’électricité. L’hypothèse d’un mix 100% renouvelable ne peut que s’inscrire dans un contexte de demande réduite, ce qui suppose une poursuite des efforts d’efficacité énergétique. Si ces efforts sont poursuivis, les besoins d’adaptation des réseaux seraient limités, consistant essentiellement au raccordement d’environ 10 000 méthaniseurs répartis sur le territoire.
En plus des évolutions agricoles, sylvicoles, et la mise en place de filières de récupération des déchets, le développement des filières de pyrogazéification et de power-to-gas serait aussi nécessaire. Cette dernière présente des synergies intéressantes avec l’évolution des systèmes électriques mais coûte aussi plus cher. Des conditions économiques compatibles, notamment une progression de la tarification du carbone, sont également nécessaires pour que les acteurs économiques mettent en œuvre ces solutions techniques au bon niveau (les coûts moyens en 2050 du gaz 100% renouvelable sont estimés à 100 à 150 €/MWh pour une demande comprise entre 270 et 360 TWh ; les coûts seraient inférieurs à 80€/MWh pour une production inférieure à 200 TWh).
>> Lire également et télécharger la synthèse de l’étude ADEME : Un mix de gaz 100 % renouvelable pour la France en 2050