Des critères de durabilité irréalistes vont-ils réduire à néant les atouts de la biomasse-énergie ?
Danger n°1 : ignorer les critères de durabilité nationaux et européens
Le rapport d’Eickhout ignore la réalité et met en danger tout le secteur forestier. Il propose une liste arbitrairement établie de types de biomasses forestières qui seraient considérées comme durables, faisant fi de toutes les législations nationales et européennes existantes sur la gestion durable des forêts.
« Essayons de comprendre le raisonnement de M. Eickhout : la biomasse issue de forêts gérées durablement, destinée à l’énergie ne serait pas suffisamment durable. Il faudrait légiférer davantage pour limiter certains types de biomasse à l’usage énergétique… On marche sur la tête ! » s’indigne Antoine d’Amécourt, président de Fransylva.
Danger n°2 : rompre le cercle vertueux de la complémentarité des usages en forêt
La mise en oeuvre du principe de l’utilisation en cascade voulue par la directive est irréaliste sur le terrain. Ces suggestions montrent un manque fondamental de compréhension du cycle de production forestière caractérise par une utilisation interdépendante et intégrée de toutes les parties de l’arbre pour de nombreuses utilisations finales. En matière de foresterie, c’est le marché qui garantit que le bois de haute qualité est utilisé pour la production de produits à forte valeur ajoutée par les industries du bois, tandis que les résidus, les sous-produits et les produits de faible qualité fournissent la production de bioénergie.
Les forestiers ont besoin de débouchés complémentaires comme la biomasse pour conduire une sylviculture durable au profit de bois à destination de haute valeur ajoutée. Cette biomasse est fournie, entre autres, par des millions de propriétaires forestiers principalement à petite échelle qui ont besoin d’un revenu diversifié de leurs forêts.
« Si M. Eickhout avait pris le temps de discuter avec les personnes concernées et ceux qui mettent en place une gestion durable des forêts tous les jours, il aurait pu arriver à une proposition plus crédible » ajoute Antoine d’Amécourt.
Danger n°3 : freiner les ambitions européennes de décarbonation de son économie
Les propositions envisagées dans le rapport de M. Eickhout mettraient en danger toute offre de biomasse durable de l’UE pour le secteur de la bioénergie, qui représente aujourd’hui 95 % de la biomasse provenant des forêts de l’UE. Lorsque les Etats-Unis quittent l’Accord de Paris il est plus important que jamais que l’UE reste un leader sur le climat et défende une politique judicieuse fondée sur les faits. Le rapport de M. Eickhout est un exemple clair d’ambition qui a mal tourné et n’a aucun lien avec la réalité du terrain. Nous ne devrions pas restreindre les utilisations de la biomasse forestière, mais nous devrions soutenir un développement économiquement viable d’une bioéconomie durable. La bioénergie joue un rôle important ici, tant pour atteindre les objectifs climatiques que pour soutenir un secteur forestier durable.
Lire également la réaction de l’association européenne de la biomasse : Le parlement européen va-t-il suicider tout le potentiel des bioénergies ?