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Consensus mou pour une transition énergétique « à la française »

Géotexia, l’usine de méthanisation à St Gilles du Mené

Editorial de la Lettre Les Energéthiques du Mené n°46 de juin 2013 : L’exception française

« Nous revenons une dernière fois sur le DNTE (Débat National sur la Transition Energétique) et tout ce que révèle son déroulement. Nous approchons de la fin, et plusieurs synthèses ont été émises par les diverses commissions et instances qui structurent ce débat. L’analyse de cet ensemble est difficile, et hors de propos dans ces quelques lignes. Ce qui ressort de ce débat engagé depuis le mois de mars, c’est l’absence de direction claire et de consensus tant parmi les organisations dites qualifiées, participant aux commissions que dans la population « ordinaire », invitée à divers débats et à contribuer sur le site du débat, et très tiraillée entre les signaux contradictoires donnés par les médias. On s’oriente sans doute vers un nouveau « ni, ni » : ni tout nucléaire, ni trop de renouvelables ; le dosage se fera probablement « au fil de l’eau », selon une tradition bien française ; c’est ce que l’on a appelé jadis le changement dans la continuité. Mise à part l’Angleterre, nous nous écartons de tous nos voisins européens, qui ont résolument opté pour la transition vers les énergies renouvelables, sans nucléaire ni énergies fossiles.

Le débat a beaucoup de mal à dégager des points forts de consensus, et un effort en ce sens, aux résultats pourtant bien timides, a été retoqué vivement, comme l’explique en détail Matthieu Auzanneau, dans son excellent blog « Oil Man », dont nous recommandons encore une fois la lecture (http://petrole.blog.lemonde.fr/2013/06/21/allies-medef-et-syndicats-ont-fait-voler-en-eclat-le-debat-sur-la-transition-energetique/#more-8422). Aucun des points de choix importants n’est résolu, parmi lesquels les poids à donner au nucléaire, aux renouvelables, la question des gaz et pétrole de schiste, la question des transports, qui n’a pas été abordée par les commissions qualifiées, mais qui est remontée des débats locaux avec la population, la décentralisation des compétences en matière d’énergie, etc.

Les seuls points de consensus semblent s’établir sur la réhabilitation énergétique du bâti, la nécessité d’un mix énergétique « suffisamment » diversifié et l’utilisation en levier du prix de l’énergie pour améliorer l’efficacité énergétique.

Pendant ce temps, beaucoup d’attentisme : le développement des énergies éolienne et photovoltaïque patine (croissance inférieure à 2% au premier trimestre 2013, soit trois fois plus faible que la moyenne mondiale), mais, de l’autre côté, Areva n’a pas vendu une seule centrale nouvelle depuis 2007, et l’on sait comme il est empêtré dans les projets en cours et la gestion des approvisionnements en uranium. Difficile, dans ces conditions, de soutenir des ambitions et des industries dans ces domaines, et on peut craindre, outre notre absence dans les équipements d’énergies renouvelables, faute de recherche et d’investissements, que notre industrie nucléaire ne suive le sort de notre industrie automobile, laminée par l’absence de marché européen et la concurrence des pays émergents.

Marc Théry, photo Ouest France

Pourtant, la transition peut exister, nous essayons de lui donner vie ici dans notre coin de Bretagne, sur le modèle de ce qui se fait chez nos voisins, et il y a encore, dans ce très vaste champ, pourvu que l’on se donne la peine et quelques moyens, beaucoup d’innovations décisives possibles (sans plonger dans les délires numériques), qui permettraient à notre pays de se replacer dans une vraie transition fructueuse, quitte à réformer certains diplodocus qui aujourd’hui empêchent tout mouvement.

Bon plein d’énergies ! »

Editorial de Marc Théry dans les Les Energéthiques du Mené de juin 2013
Communauté de Communes du Mené – La Croix Jeanne Even – 22330 Collinée
http://energies.ccmene.fr

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