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Haro sur les biocarburants de « première » génération

Culture de colza, photo Frédéric Douard

La sécheresse intense qui a régné sur plusieurs importantes zones de production agricole et diverses études économiques et environnementales sont en train de remettre en cause toute la politique suivie mondialement en matière de biocarburants dits de première génération issus des oléagineux non tropicaux (colza, soja et tournesol) et des céréales (blé, maïs).

Il est évident que l’incorporation obligatoire d’éthanol à l’essence et de méthyl ester d’huiles végétales (EMHV) au gas-oil, assortie de mesures financières favorables, a une influence fondamentale sur les cours de toutes ces matières (graines, huiles et alcool), par ailleurs utilisées dans le cycle de l’alimentation, et sur leur disponibilité globale pour satisfaire les besoins alimentaires.

Par ailleurs, les études menées montrent avec de plus en plus d’insistance que les bilans CO2 et énergétique de ces deux types de biocarburants (EMHV et éthanol) sont médiocres voire négatifs, et que leur coût global est très élevé. Du coup, les états et structures supranationales (Communauté Européenne) qui, depuis une dizaine d’années, poussaient très fort pour augmenter la part des biocarburants incorporés (objectif de 10% en Europe, à l’horizon 2020 : ceci mobilisera une surface agricole capable de nourrir 127 millions d’hommes ! ) veulent maintenant au moins geler la situation (7% actuellement en France), voire revenir en arrière.

Pas si simple, parce que cette politique est devenue, en Europe comme aux USA, un moyen privilégié pour subventionner les agriculteurs (en fait, les céréaliers), qui bénéficient à plein, en prime, de la hausse vertigineuse des cours. D’autre part, de gros investissements industriels ont été réalisés, de part et d’autre de l’Atlantique, pour transformer les graines : que deviendront-ils ? Comment les amortir si on baisse la cadence ? A force de prendre les problèmes par le mauvais bout, on finit par se retrouver dans des situations inextricables, qui mettent tout le monde dans le mur (mais il y a toujours aussi quelques malins qui profitent de toute situation…)

Le problème risque encore de s’aggraver dans les semaines qui viennent, avec la question des OGM : en effet, la production massive de produits énergétiques à partir des graines entraîne également celle des coproduits déshuilés ou déglucidés, riches en protéines, utilisés massivement dans l’alimentation du bétail, sans aucune traçabilité OGM. On nourrit ainsi en France tout le bétail à viande avec des tourteaux de soja ou de colza (canola) issus de plants OGM. L’étude récente du professeur Séralini (nourriture de rats avec du maïs OGM) laisse mal augurer de l’impact de ce type d’alimentation sur la santé à long terme des humains. Les animaux sont abattus avant que les effets ne se soient manifestés.

Et du coup, si on repensait tout ça sur des bases raisonnables ?

L’huile végétale pure, produite localement, combinée avec une limitation de l’utilisation des carburants liquides aux seuls besoins où ils sont irremplaçables (application demandant de fortes puissances : machines et transports pondéreux) apporte une solution à l’ensemble du problème. L’avantage énergétique et environnemental est indiscutable, la mobilisation de terres agricoles reste modérée, les coûts de production sont faibles (largement inférieurs aux coûts actuels d’obtention des carburants pétroliers, hors toute taxe), et le coproduit tourteau est garanti sans OGM. Sans doute cela est-il trop simple, et ne laisse-t-il pas assez d’espaces obscurs pour les petits profits entre amis. Nous reviendrons très prochainement sur ce point, avec les résultats d’un travail de recherche… décoiffant.

Marc Théry, photo Ouest France

Quoi qu’il en soit, ces orientations nouvelles, si limitées soient-elles, devraient détendre les cours des graines et des huiles, remonter celui du tourteau non OGM garanti, ce qui permettra enfin aux valeureux pionniers de Ménergol de tirer quelques fruits de leur démarche.

Article de Marc Théry dans les Les Energéthiques du Mené de septembre 2012
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