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Etat des lieux 2011 des bioénergies en Poitou-Charentes

Pour la cinquième année consécutive, l’Observatoire Régional de l’Energie et des Gaz à Effet de Serre (OREGES) publie un « Etat des lieux des énergies renouvelables en Poitou-Charentes ». Porté et animé par l’AREC, l’Observatoire suit au plus près l’actualité énergétique et économique de toutes les filières renouvelables et ce, à l’échelon territorial le plus fin possible. Penchons nous ici sur la partie la plus importante, la biomasse-énergie.

La production d’énergie d’origine renouvelable est en progression pour la sixième année consécutive et retrouve quasiment en valeur absolue le niveau qui était le sien en 1990. Mais, contrairement à l’année 1990, le mix énergétique de 2011 est nettement plus diversifié : l’essor de nouvelles filières (bois déchiqueté et granulés, agrocarburants, éolien) est désormais tangible.
Avec 4 966 GWh, la production annuelle estimée des énergies renouvelables correspond à 9 % de l’énergie finale totale consommée sur la région en 2009, ce qui est à comparer avec une moyenne nationale de 12,9 % ainsi qu’à l’objectif français du Paquet Energie Climat européen fixé à 23 % à horizon 2020.

La biomasse, atout principal de la région en ressource renouvelable, représente 87% de la production d’origine renouvelable. Elle concentre, outre le bois, les agrocarburants ainsi que la biomasse hors-bois, c’est-à-dire le biogaz, les unités de valorisation énergétiques et la paille.
En l’espace de quelques années, le poids des agro-carburants a considérablement progressé pour atteindre 11,3% de la production régionale. C’est un des principaux moteurs de la croissance de la production d’origine renouvelable en région. La production énergétique régionale d’origine renouvelable était, jusqu’à un passé récent, quasi-exclusivement destinée à un usage thermique.

Le bois bûche est, de très loin, la première source d’énergie renouvelable. Le chauffage au bois bûche reste une pratique répandue en milieu rural où plus d’un foyer sur deux y a recours (surtout dans le Sud-Ouest de la région). C’est une énergie qui, depuis 20 ans, recule car les particuliers ont abandonné cette source d’énergie au profit du fioul, du gaz ou de l’électricité, plus faciles à utiliser au quotidien. Néanmoins, le renchérissement des énergies fossiles, les politiques incitatives, la prise en compte des enjeux environnementaux et l’apparition de matériels beaucoup plus performants ont considérablement changé les pratiques de chauffage et le bois énergie (bois sous forme de bûche, granulés ou plaquettes) redevient une énergie prisée des foyers.

AREC 2011 répartition par combustible, cliquer pour agrandir

S’il est difficile de percevoir avec finesse l’impact du retour en grâce du bois bûche, il est en revanche plus aisé de suivre l’évolution des appareils automatiques au bois déchiqueté et bois granulés. Depuis le milieu des années 90, ces chaudières ont trouvé un public diversifié d’industriels
puis de collectivités et, depuis quelques années, de particuliers.
En 2011, le parc atteint près de 1 700 installations et une puissance totale de 200MW. Les particuliers représentent 84% des installations automatiques en service mais seulement 19% de la puissance régionale. A contrario, les 280 chaufferies collectives ou industrielles correspondent à 81% de la puissance installée. Les installations « Collectives » sont essentiellement destinées au chauffage des bâtiments municipaux, habitats collectifs, établissements sanitaires et sociaux. Quant aux chaudières « industrielles », elles sont concentrées sur l’industrie de transformation du bois, de l’agroalimentaire, de la chimie et de l’industrie minérale.

AREC 2011 chaudières automatiques, cliquer pour agrandir

Le parc de chaudières automatiques au bois en service s’accroît au fur et à mesure des nouvelles installations alors que les plus anciennes, mises en service au début des années 1990, sont encore majoritairement en activité. En 2011, le parc en fonctionnement s’est enrichi de 263 nouvelles chaudières d’une puissance de 13,8 MW et atteint au total 199,7 MW. Par ailleurs, 89 chaufferies Collectives et Industrielles d’une puissance de 53,3 MW sont attendues, c’est-à-dire des chaufferies dont le dossier de subvention a été accepté en Commission Permanente du Conseil Régional mais qui n’est pas encore soldé.
Historiquement, 90% des dossiers acceptés en Commission Permanente sont réalisés dans un délai moyen de deux ans. Concentré jusqu’en 2006 sur les chaudières à plaquettes, le marché des chaudières automatiques pour particuliers s’est depuis développé et diversifié avec l’essor des
chaudières (mais aussi des poêles) fonctionnant aux granulés de bois. Cette filière est désormais largement majoritaire dans les installations de chauffage central automatique au bois en région. Les chaudières plaquettes à silo, de puissance moyenne importante (45 kW), répondent à un secteur niche d’habitats de grandes surfaces, contrairement aux chaudières plaquettes à trémie, destinées aux habitats de surfaces plus modestes. Ces dernières souffrent en conséquence de la concurrence des chaudières à granulés de bois, plus fonctionnelles et à plus grande autonomie pour un même volume de stockage.

AREC 2011 parc des chaudières automatiques, cliquer pour agrandir

La consommation totale de bois et assimilés par les chaudières automatiques en service s’élève à 197 300 tonnes (+ 5 900 tonnes/2010) correspondant à 714 GWh (+22 GWh/2010)*. Il s’agit, pour l’essentiel, de bois déchiqueté, de connexes de bois (écorces et sciures) et, dans une moindre mesure, de plaquettes forestières. Le granulé de bois n’occupe – malgré son essor actuel – qu’une part très modeste de la consommation.
Les maîtres d’ouvrage ayant recours au chauffage au bois sont majoritairement issus de l’industrie de transformation du bois (fabrication de meubles, de panneaux) qui utilisent le bois à disposition en autoconsommation.
La consommation régionale de bois déchiqueté et granulé ainsi que celle attendue (44 000 tonnes) sont à rapprocher de l’estimation du gisement de bois déchiqueté mobilisable à l’échelle régionale de 260 000 tonnes (source : Mission d’observation biomasse, AREC 2010).

Biogaz thermique – production 2011 : 19 GWh
Le parc des installations de valorisation thermique du biogaz se compose de 5 unités sur 4 sites : une petite unité valorisant les boues d’une station d’épuration, deux grosses unités de valorisation des vinasses sur un site industriel, une unité valorisant les déchets organiques d’une Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND) et enfin, une unité sur un site agricole valorisant des déjections animales et des résidus de culture (fumiers, lisiers porcins, résidus de céréales).

AREC 2011 biogaz thermique, cliquer pour agrandir

Biogaz électrique – production 2011 : 35 GWhé

En complément des 2 sites ne valorisant que la chaleur, la région Poitou-Charentes dispose de 8 sites où la valorisation du biogaz, issu de la dégradation organique de la biomasse, produit de l’électricité (dont trois sites produisant également de la chaleur). Ces installations d’une puissance totale de 8,5 MW sont récentes, six d’entre elles ayant été raccordées au réseau électrique depuis 2010 (et deux en 2011).
Six de ces sites (dont les deux nouveaux raccordés en 2011) récupèrent le biogaz d’Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND). A cela s’ajoute un site industriel méthanisant les vinasses du cognaçais et un site de méthanisation agricole. Le biogaz valorisé a ainsi produit 34,6 GWh d’électricité en 2011.
De nombreux projets de méthanisation agricole sont à l’étude et certains devraient être en service au cours de l’année 2012, notamment TIPER en Pays Thouarsais, plus grosse unité régionale de méthanisation territoriale ainsi que l’unité de La Lougnolle (79) en méthanisation agricole.

Agrocarburants – Production 2011 : 560 GWh

Pour mesurer l’impact des agrocarburants en région, deux approches sont possibles :

  • Une approche production pour laquelle on comptabilise la production transformée en région. Dans cette approche, la production est déconnectée du lieu de consommation, les quantités produites en région étant consommées sur tout le territoire national.
  • Une approche consommation dans laquelle on comptabilise la part d’agrocarburants consommée en Poitou-Charentes et ce, quelle que soit la provenance de ce carburant.

Dans notre état des lieux sur la production régionale d’origine renouvelable, nous avons privilégié l’approche production.
En région Poitou-Charentes, deux unités avaient obtenu les agréments du ministère pour la production de biodiesel : la coopérative Centre Ouest Céréales (COC) à Chalandray (Vienne) et SICA Atlantique à La Rochelle (Charente-Maritime). Seules les unités ayant reçu cet agrément peuvent produire des agrocarburants. SICA Atlantique qui regroupe l’ensemble des organismes stockeurs de céréales et d’oléagineux de Poitou-Charentes, a implanté sur le port de La Pallice en 2007 une unité pilote (Bionergy pilot) de production d’EEHV (Esther Ethylique d’Huile Végétale) utilisant le procédé « Multival » développé par Valagro. L’unité Bionergy Pilot a cependant été liquidée en février 2012 et n’aura produit en tout et pour tout que 300 t d’agrocarburants. Selon SICA, la faillite serait principalement liée au contexte conjoncturel défavorable : sur la même période (2007-2011) la hausse du prix de la graine (colza et soja) sur laquelle reposait tout le processus industriel de production de l‘EEHV a été proportionnellement plus forte que la hausse du prix du pétrole.
L’unité de COC, spécialisée dans la transformation des oléagineux (colza et tournesol) produit du biodiesel depuis 4 ans et prend chaque année une dimension plus importante. En octobre 2011, Centre Ouest Céréales a inauguré sa troisième ligne de trituration. Cette usine valorise à ce jour 225 kt d’oléagineux produits localement : 90 kt d’huile, 132 kt de tourteaux et 6 kt de glycérine. L’agrément de production de biodiesel, porté en 2010 à 60 kt, soit 560 GWh, a été réalisé chaque année en totalité. COC souhaite désormais obtenir l’autorisation de produire 40 kt supplémentaires ce que l’outil industriel permet d’absorber.
L’approvisionnement actuel est à 80% régional : sur les 150 kt de colza et tournesol nécessaires à la production de l’agrément, 120 kt proviennent de Poitou-Charentes. A titre de comparaison, le poids des agrocarburants en approche consommation est nettement plus élevé qu’en approche production : si l’on considère que la part d’incorporation des agrocaburants en région est conforme à la moyenne nationale de 6% pour l’essence et 6,5% pour le diesel (source : SOeS, Bilan énergétique France 2010), la consommation d’agrocarburants sur Poitou-Charentes est alors de 1 474 GWh, soit près de trois fois la production régionale.

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