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Difference de vue à Rennes après le choix de la solution biomasse

Conseil municipal de Rennes, 4 avril 2011, pour le groupe de l’Union démocratique bretonne, le recours à la biomasse pour alimenter le réseau de chaleur sud de Rennes est un choix riche de potentialités.

Correctement mise en place, une filière bois-énergie est, en effet, une solution alternative à notre dépendance aux énergies fossiles, qu’elle soit nucléaire ou autre. Ce choix est bien entendu une contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est aussi l’opportunité de créer dans le même temps une capacité de production énergétique décentralisée, et des emplois locaux riches de sens.

La réalité du projet dont il est question ce soir n’est pourtant pas à la hauteur de ces promesses, et nous le regrettons. Deux obstacles majeurs nous empêchent de voter en faveur de cette délibération.

Pour qu’une filière bois-énergie soit cohérente et efficace, il est indispensable qu’elle repose sur un cycle réfléchi. Un cycle qui intègre à la fois une production locale, un approvisionnement en circuit court, et une gestion de la ressource qui permette son renouvellement et le respect de la biodiversité. Tout cela pour limiter l’émission de gaz à effet de serre, mais aussi pour créer de l’activité sur le territoire.

Avec la décision de choisir l’offre de Dalkia, on échoue précisément sur tous les tableaux. Tout d’abord le dimensionnement du projet n’est pas adapté aux besoins de notre collectivité et il est, à notre avis surdimensionné, c’est bien plutôt un projet clés en main ficelé dans le cadre du Grenelle II, par Dalkia pour récupérer des fonds publics qu’un projet adapté aux besoins de la ville de Rennes ; Ensuite la consommation annuelle de bois pour la production de cette énergie est fixée à 117 000 T (soit les ¾ du potentiel du bassin rennais). Pour votre information en 2007, en Bretagne, 80 000 T de bois par an alimentaient plus d’une centaine de chaudières disséminées sur la région et nous allons en consommer 117 000 T pour notre projet ! ; et enfin au niveau économique, les emplois annoncés se comptent sur les doigts de quatre mains.

Eliane Leclercq, conseillère municipale de Rennes

D’autres options existaient pourtant. On aurait pu réfléchir à long terme et intégrer ce projet de biomasse dans le renouvellement de la Délégation de service public Sud qui prendra fin en 2014. La ville aurait pu également être au cœur même du dispositif et réaliser ce projet avec ses moyens en interne ou dans le cadre d’une Société Publique Locale ! et bien sûr, notre préférence serait allée à une gestion du projet en régie publique. A l’UDB, nous affirmons que le rôle des pouvoirs publics n’est pas de faire gagner de l’argent au secteur privé. Il existait donc différents scénarios : nous aurions aimé en débattre.

Mais il n’y a pas eu de débat. C’est le deuxième obstacle, qui porte sur la forme et non plus sur le fond. Nous aurions aimé une vraie discussion ouverte, où toutes les problématiques auraient été proposées au débat et avant que soit acté le choix de la délégation à Dalkia.

C’est vrai qu’il faut avancer, et que les solutions parfaites n’existent pas et que le projet présenté va dans le bon sens. Mais comme dit l’expression, « il ne faut pas confondre vitesse et précipitation ».

Voilà pourquoi nous voterons contre cette délibération malgré tout l’intérêt que nous portons au développement de nouveaux modes de production d’énergie pour l’avenir.

Source : Association des élus progressistes de Bretagne

Note technique du Télégramme du Morbihan

Cette centrale alimentera le réseau de chaleur assurant le chauffage de 12.500 logements du sud de la ville et aura également une production électrique de 10,4 mégawatts correspondant aux besoins de 15.000 logements. La mise en service du nouvel équipement, prévue pour 2013, permettra une réduction de 30.000 tonnes (soit 4%) des émissions de CO2 du territoire rennais et une baisse de 10,2% du coût du chauffage urbain pour les usagers raccordés au réseau de chaleur. La centrale consommera 117.000 tonnes annuelles de bois-énergie collectées dans un rayon de 100km (biomasse issue de scieries, d’écorces, de broyats de centres de tri, d’entretien d’espaces verts et forestiers) et livrées par la route à raison de 15 à 20 camions par jour. L’usine sera construite au Blosne et exploitée par Dalkia (filiale de Veolia et d’EDF) qui investira 40 millions €.

1 réponse
  1. HUBERT dit :

    A propos de la biomasse et les émissions de CO2 lors de la combustion

    Il est de bon ton et même très convenu de prétendre que la combustion du bois se traduit par un facteur d’émission nul pour les émissions de CO2.
    Afin de justifier certains droits à polluer, les politiques se sont emparés de cette vraie bonne idée que la biomasse, elle-seule, recycle merveilleusement le Carbone, via le CO2.
    Abattez vos bois, faites-en du bois de chauffage, c’est bon pour la planète et en plus vous aurez de l’énergie.
    Ce facteur ne devrait pas être considéré comme nul, voici pourquoi

    L’Adème base son raisonnement sur le fait que la plante absorbe pendant sa croissance le CO2 qui est émis lors de sa combustion, d’où un bilan nul.
    C’est d’une part sans compter sur le facteur temps nécessaire à cette croissance qui voit l’assimilation du CO2 et forcer la nature en faisant croire qu’elle distingue deux CO2.

    On essaierait presque de nous faire croire à l’existence de deux CO2 : le « CO2 noble », au destin prévu et maîtrisé puisque recyclé et le « vilain CO2 » provenant de la combustion entre-autres des énergies fossiles qui dérange.

    Or, la nature ne sait pas distinguer les deux. Si je plante un arbre, il absorbera le CO2 provenant de l’une ou de l’autre source, il ne distinguera probablement qu’en fonction de facteurs géographiques.

    Voici donc pourquoi ce facteur ne peut être considéré comme nul, mais pondéré.

    Par contre, c’est hypothéquer l’avenir que de baser son raisonnement sur la générosité de la nature qui accomplit les taches photosynthétiques indispensables à tous.

    Ainsi, les pollueurs que nous sommes, seront mieux convaincus des choix qui sont faits si les raisonnements sur lesquels ces choix s’appuient ne sont pas biaisés.

    Michel HUBERT
    Chartres de Bretagne