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Les chaufferies bois mettent-elles la « Forêt » française en danger ?

La chaufferie bois de Cergy-Pontoise, 25 MW, photo Frédéric Douard

Le développement accru  des chaufferies collectives à bois en France depuis 10 ans fait parfois craindre aux usagers de la forêt, aux actuels usagers du bois-énergie ou aux industriels du bois, un danger pour la ressource française et une envolée des prix du bois. Les chiffres, publiés par l’ADEME dans l’ouvrage « Les chiffres clés – Énergie & Climat 2009 », montrent quant à eux une réalité plus sereine.

Le document pointe effectivement à partir de 2003 une évolution plus nette du nombre d’installations de chaufferies industrielles et collectives à bois,  mais selon des valeurs absolues faibles, puisque ce marché passe seulement de 200 unités/an en 2003 à 450 en 2008.

Le péril viendrait-il du volume de bois consommé en plus chaque année ?

Les 450 chaufferies mises en place en 2008 consommeront désormais 67 000 tonnes équivalent pétrole de bois en plus chaque année, c’est l’équivalent de deux cargos  de fioul tel que l’Erika qui sombra en 1999 sur les côtes françaises. Ce volume d’énergie correspond également à environ 370 000 m3 de bois.

Le risque d’une développement trop important des chaufferies pourrait être globalement une tension quantitative si la consommation globale de bois en France se rapprocherait de l’accroissement forestier annuel. Mais sachant qu’il est aujourd’hui admis par tous que plus de 40% de la forêt française n’est pas collectée, sur un accroissement annuel supérieur à 100 millions de m3, un calcul rapide montre qu’il faudrait plus de 100 ans de croissance de la part de marché des chaufferies à bois au rythme actuel pour consommer la quantité de bois aujourd’hui annuellement non utilisée ! Et même en excluant une partie de cette ressource pour des questions écologiques ou d’accessibilité, la marge de croissance reste très confortable.

Le péril viendrait-il alors de la taille de certaines chaufferies ?

Comme le montre le diagramme de droite, l’immense majorité des chaufferies à bois françaises est de petite taille, reflétant d’ailleurs la puissance moyenne des chaufferies françaises toutes énergies confondues. Ainsi 91% d’entre elles font moins de 1 MW et 79% d’entre elles font moins de 300 kW. En moyenne et globalement, chacune de ces nouvelles chaufferies consomme donc, toujours selon ces chiffres, un peu plus de 800 m3 de bois par an. Le diagramme de gauche montre par contre que 40 chaufferies de plus de 1 MW  (les 9%) consomment 81% de ces nouvelles quantités mobilisées, soit 7500 m3 par chaufferie, ce qui reste encore très raisonnable, même pour un approvisionnement local. En comparaison, les industries du bois mobilisent des dizaines voire des centaines de milliers de m3 /an sur un même site. Donc, encore une fois, le risque semble pour l’instant marginal.

Alors pourquoi tant de craintes ?

Rappelons nous simplement les effets d’annonce néfastes et à répétition des projets dit CRE de ces dernières années, pour la production d’électricité. Il est vrai que ces projets ont des dimensions hors de celles évoquées ci-avant et se rapprochent plus des volumes mobilisés dans les scieries modernes.  Pourtant la forêt ne crie pas au loup lorsqu’un industriel annonce vouloir installer une scierie sur un territoire, le bénéfice étant toujours, pour la forêt et ses propriétaires, de voir apparaitre de nouvelles sources de revenus. Et chacun sait aujourd’hui que consommer le bois qui pousse en forêt est bien plus profitable pour les propriétaires, pour les usagers et pour l’environnement que de le laisser tout pourrir ou d’attendre qu’une tempête ou un incendie  vienne y faire le ménage.

Mais en l’occurrence, la grande majorité des projets CRE n’a pas vu le jour, faute d’avoir suffisamment considéré deux réalités économiques. La première est que vouloir collecter des volumes importants de matières premières renouvelables et diffuses exige de mettre en face les revenus le permettant; le bois est pondéreux, le coût de transport entre fortement dans son prix de revient et plus une unité de collecte est grande, plus grandes sont les distances d’approvisionnement et plus couteuse est la matière rendue. La seconde est que le bois est le fruit d’un travail, et il est inconcevable que les acteurs de ce travail (sylviculteurs, entrepreneurs) ne retirent eux-aussi quelque avantage à l’éclosion de ces nouveaux marchés.

Alors saluons ici la clairvoyance des pouvoirs publics français qui ont su rester raisonnables sur les tarifs d’achat au risque, comme c’est aujourd’hui le cas, de ne pas trouver le succès escompté. Car il est bien préférable de pousser raisonnablement les choses pour ne pas induire de distorsions de  marchés qui sont toujours sources d’incohérences. C’est ce qui aurait pu arriver si les projets CRE avaient été dotés de tarifs d’achat de l’électricité très élevés : cela aurait favorisé des projets à faible efficacité énergétique, des consommations très importantes de bois, du gaspillage et des tensions sur la filière. Au lieu de cela, les projets actuels se doivent d’équilibrer leurs comptes avec la vente de chaleur, sont conçus en adéquation avec le marché, la ressource et les besoins, et se font dans des dimensions raisonnables.

Concluons en disant que maintenant en France, quand des chaufferies bois un peu plus grandes que les autres voient le jour (notre photo), dans les conditions raisonnables telles que celles du fonds chaleur par exemple, alors c’est que les conditions de ressources et de prix étaient réunies, et qu’il n’y a pas matière à craindre pour la forêt française ! « Nous vivons une époque formidable, le progrès fait rage, je vous souhaite le bonjour ! »*.

Frédéric Douard, Bioénergie International, 21 février 2011

Références :

3 réponses
  1. Guy ROCHON dit :

    La gestion durable des forêts ? Quel avenir sur le long terme ?

    Je vous donne mes impressions concernant un document émis par l’ONF intitulé « La Gestion durable des forêts publiques ».
    Ce document intéressant sur la forme, nous dit ce qui serait bon pour la forêt, pour préserver TOUTES ses fonctions et services. Comment être contre un maintien ou une amélioration de la biodiversité forestière…On ne peut qu’être pour !
    Mais, ce document porte aussi à réflexion car il contient des remarques ou certitudes qui sont contredites par d’autres scientifiques ou experts en écologies forestières.
    Actuellement, l’ONF fait une campagne médiatique pour expliquer que l’accroissement des volumes coupés en forêts publiques est une bonne chose pour la société et le milieu forestier…Je regrette par exemple que cet établissement dont j’ai partagé les valeurs passées, ne se défende pas plus fortement contre ces directives du « couper plus » ! C’est une insulte faite aux anciens gestionnaires qui avaient leur expérience et leur savoir au service de la forêt en élaborant des plans de gestion conforme aux réalités de terrain, des milieux associés…et indépendants de décisions politiques. Depuis très longtemps, ils ont fait des inventaires, créé des accès routiers, planté et fait en sorte que tout fonctionne de mieux en mieux, récolté et vendre les produits…Continuer à progresser sur tous les besoins et les attentes de la société, quoi de plus normal ! Mais leur dire du jour au lendemain que la forêt était sous-exploitée, mal gérée au plan écologique et économique ! Quelle prétention ! Voir la page 5 du document ONF.
    Laissons les forestiers agir en dehors de ces pressions, ils savent faire leur métier avec passion et responsabilité. Mais la réalité est tout autre ! Il faut mettre des volumes supplémentaires sur le marché : plus 20 millions/an, chiffre rappelé par les Ministères de tutelle…et pourtant, les prétentions de l’IFN quant à la ressource forestière, sont revues à la baisse… Ces volumes supplémentaires sont en contradiction avec les anciens plans de gestion des forêts publiques. Il faut savoir aussi que les derniers « aménagements » forestiers tiennent compte de ces nouvelles directives politiques du « couper plus ». Quelle crédibilité attendre de ceux-ci ?
    La notion élémentaire en matière de gestion d’un massif forestier est l’inventaire pied à pied des peuplements forestiers, seule méthode qui garantisse les volumes sur pied, les accroissements donc les possibilité/volume réelles d’un massif ( réf. DUCHIRON).
    Pour en revenir au document de « gestion durable » de l’ONF, il est une réalité partagée par tous : celle d’une augmentation de la surface forestière française, doublement en 150 ans ! Nul ne le conteste ! mais comme je l’avais déjà écrit, cette augmentation de surface s’est traduite automatiquement par une augmentation globale et progressive des volumes prélevés : Plus 43% en forêts domaniales sur les trente dernières années ( rapport de la Cour des comptes) et plus 64% entre 1966 et 2010 selon un rapport du Président de l’ONF ( Mr Gaymard). Voir la page 9 du document ONF.
    Il y a donc bien un ajustement automatique et progressif de la croissance et de la récolte ! C’était le rôle des plans de gestion passés…réactualisés tous les 15 ans environ !
    Quant au déficit de la balance commerciale de la filière bois, il faudrait aussi dire que la forêt française est exportatrice de bois feuillus en grumes ( les ¾ des volumes forestiers français). La forêt française n’est pas, contrairement à ce que l’on laisse croire, déficitaire sur sa production de bois car elle exporte plus que ce qu’elle importe, par contre le déficit de la balance commerciale de la filière bois est dû aux entreprises de transformation du bois pas suffisantes pour donner de la valeur ajoutée à cette matière première. Voir page 10 du doc.ONF.
    Sur la sylviculture intensive préconisée par l’ONF pour améliorer les écosystèmes, améliorer les rendements et les qualités des peuplements forestiers, elle est, pour beaucoup de scientifiques de l’ex-Cemagref ou de l’INRA ou d’experts forestiers, source de dangers à moyen terme, danger pour l’économie de la filière, pour l’écologie forestière…

    Certaines notions sylvicoles ONF sont contestées : la faiblesse des volumes sur pied à l’Ha, les éclaircies trop fortes qui ne favorisent pas ni la qualité, ni la résistance aux incidents climatiques, sécheresse, tempêtes, les microclimats forestiers perturbés ( notions de lumière et d’humidité ambiante, d’évaporation du sol, insolation des sous étages…). Les diamètres d’exploitation revus à la baisse, de même les temps de passage entre deux coupes (rotation) raccourcis eux-aussi ! ( notions critiquées par les chercheurs écologues) Des recherches de l’INRA CARBOFOR publié en 2010 ( Lousteau) confirment que les cycles longs permettent un meilleur stockage du carbone que les cycles courts.
    La thèse de Vallet (2005) confirme également l’intérêt des peuplements plus âgés pour le stockage du carbone.

    Savez-vous que les forêts françaises ont le plus faible volume de bois sur pied à l’hectare des forêts Européennes : France 160 à 170 M3/ha (source IFN), Suisse 330 M3/ha, Allemagne et Slovénie 280 M3/ha, Luxembourg 250M3/ha, Belgique 210 M3/ha, Autriche 350 M3/ha…
    Alors ? faut-il continuer à sous capitaliser ?. voir page 6 du doc. ONF.
    La qualité technique du bois est liée à la densité des peuplements forestiers :
    Forte densité = accroissements plus fins et réguliers, moins de décroissance, meilleur élancement, moins de branches…
    Faible densité = arbres plus courts, plus coniques et plus branchus…
    Depuis toujours, le forestier sait toute l’importance du milieu, l’ambiance forestière qui est le résultat d’un jeu subtil entre l’ombre et la lumière et de la lutte des espèces pour atteindre cette fameuse lumière le plus rapidement possible, pour tout simplement survivre…Une certaine densité favorise les relations complexes du système racinaire avec les champignons mycorhiziens…les peuplements espacés nuisent à cette relation de vie.
    Depuis toujours, le forestier par son travail de sylviculture, permettait à la forêt, de s’améliorer génétiquement par la priorité donnée aux plus beaux spécimens…c’était un choix individuel de l’arbre, une sylviculture pied par pied, méticuleuse et combien valorisante ! Il savait doser les espèces d’ombre et de lumière…son coup de marteau était le résultat de tout un savoir, de toute une sensibilité mise au service de la forêt et non de directives commerciales !
    Tout le contraire d’une gestion forestière collectiviste qui ne peut qu’être productiviste, quantitative et dangereuse pour le fonctionnement global de ces écosystèmes.
    « L’objectif d’augmentation de la récolte conduit dans certaines régions à prélever au-delà de l’accroissement naturel. Or, le fait que l’accroissement naturel ne soit pas entièrement récolté permet aux formations forestières jeunes de mûrir, de restaurer la biodiversité menacée qui est dépendante des forêts vieillies, d’augmenter la résilience de l’écosystème, de stocker du carbone et d’accroitre le capital sur pied avec des produits de qualité… »

    Pascal VINE, directeur général de l’ONF a dit : « depuis 20 ans, il est prélevé TOUTE la production biologique… ».
    D’après Barthod (2005), certains forestiers américains s’étonnent de notre obsession sur l’écart entre récolte et accroissement biologique, leurs expériences ont montré toute la valeur de celui-ci comme un « tampon indispensable à tout système biologique en situation de durabilité ».
    En clair, lorsque l’ IFN ( Inventaire Forestier national) donne comme valeur de production biologique de la forêt française, 80 millions de M3, on ne doit pas prélever cette valeur, mais rester bien en- dessous pour tenir compte des mortalités naturelles ou aléas climatiques, toutes les espèces inventoriées ne donnent pas des produits commerciaux… Pascal VINE, directeur de l’ONF a donné comme chiffre de récolte possible, 70% de la production. Je partage totalement cette appréciation de bon sens.
    Voilà donc une autre réflexion, ce ne sera pas la dernière et c’est bien de réfléchir ainsi ! Guy ROCHON ( ex. agent ONF) Mars 2012 .

  2. Guy ROCHON dit :

    A tous les amoureux de la forêt…et aux décideurs publics !

    Ancien forestier, je ne peux passer sous silence les atteintes possibles à la forêt baujue. Des risques de surexploitation existent, ils sont le résultat de directives nationales qui demandent à la forêt française de « produire plus ». Et cette demande n’est pas acceptable sur le principe, surtout en ce qui concerne la forêt publique déjà largement exploitée, parfois au-delà de ses possibilités réelles. Je vous livre à la lecture ce long commentaire qui est fait uniquement pour poser les questions et aussi pour permettre à la forêt de mieux se porter à l’avenir. Merci.

    _______________

    Quelques remarques…pour mieux comprendre les dérives d’un système qui risque de malmener durablement les milieux forestiers et les hommes qui les servent !
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    A propos du Grenelle de l’Environnement et des directives nationales concernant la forêt française, il a été dit : « En 25 ans, la production biologique de la forêt française a progressé de 30%, la récolte est restée stable ! »
    Dans son rapport sur la forêt, Hervé Gaymard, président de l’ONF dit : « De 1966 à 2010, la récolte en forêts publiques a progressé de 64 % » ( voir le graphique sur les prélèvements forestiers et les ressources financières)
    Alors, que faut-il croire ?
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    « Gérer, c’est prévoir pour demain, après-demain…pour les générations futures. Le court terme n’existe pas en matière forestière. L’unité de mesure est le siècle ! »
    Sur le fond, Natura 2000 est une bonne chose car ses objectifs sur le papier, impliquent un respect de la nature avec un développement raisonné de l’activité humaine. C’est donc un objectif défendable.
    Sur la forme, on est hélas bien loin de la réalité et en ce qui concerne la forêt publique : on peut même être inquiet !
    Si l’ONF « joue le jeu Natura 2000 en réunion » pour les forêts qu’il gère… sur le terrain il en est tout autrement.
    Lors de débats, après des discours optimistes sur ce dossier, il semblerait que la forêt baujue n’ait pas de problèmes…on ne parle que de croissance, d’expansion et de sous exploitation…que les rendements nationaux indiquent un accroissement de la forêt en surface (ce qui est vrai depuis 100 ans ! ce n’est pas nouveau…) et donc qu’il faudra exploiter d’ici à 2020, 21 millions de M3 supplémentaires soit 50% de plus qu’actuellement (lettre Sarkozy à Gaymard, président de l’ONF) dont 5 millions pour les seules forêts publiques ( + 25%). Les gros efforts de reboisements en France remontent à l’après guerre, ils ont déjà 60 ans d’existence pour la plupart et l’IFN les a déjà pris en compte et inventoriés plusieurs fois ! La montée en puissance de la forêt est progressive et les différentes structures de gestion et d’exploitation ont déjà pris en compte cette problématique…ce n’est pas quelque chose de nouveau. Sur les trente dernières années, la progression des volumes mobilisés a été de + 43% en forêt domaniale et + 40% en forêt des collectivités (source : rapport de la « Cour des Comptes » et de + 64,28% entre 1966 et 2010 ! (rapport GAYMARD) où est donc la sous-exploitation ?
    La problématique du réchauffement climatique et l’accroissement forestier supposé ne se sont pas non plus fait du jour au lendemain…Le fonctionnement de la nature n’est pas aussi rapide et réactif que les décisions ministérielles !Du jour au lendemain, son rendement en volume ne peux pas passer à + 40% !
    Out ! La tempête de 1999 et ses 45 millions de m3 par terre, 1,5 million d’hectares détruits pour une longue période de 50 ans à 150 ans, le 1/10 ème de la forêt française ! Et pourtant, tout va bien puisqu’il est prévu d’augmenter la production nationale de 40% en quelques années, d’ici à 2020 ! et pour toujours …
    A une réunion à la Maison du PNR des Bauges au Châtelard, la « sous-exploitation de la forêt » a été relevée à de multiple reprises par les intervenants et chaque participant a pu entendre cette messe que l’on nous rabâche un peu trop.
    L’ONF et ses responsables départementaux confirment une forêt publique en bonne santé, sous-exploitée et qui peut encore supporter des prélèvements plus forts ! ! C’est un discours politique, conforme aux directives nationales… Quel irréalisme inquiétant ! On a parlé que de son rôle de production de bois, de volumes à récolter tout cela avec un discours rassurant sur l’écologie de la forêt ( écologie-spectacle avec ses deux arbres creux à l’hectare pour rassurer le public) !…impasse totale sur ses fonctions écologiques, environnementales, sociales et culturelles et son rôle de protection en montagne qui devrait être une préoccupation majeure pour des gestionnaires de milieux naturels : les avalanches, l’érosion des sols, les chutes de pierres et la préservation des habitats faunistiques et floristiques…sans oublier l’aspect visuel du couvert forestier. Pour répondre à des besoins accrus de bois, doit-on déstabiliser des forêts de montagne, sur forte pente, en faisant l’impasse sur les plans de gestion de l’ONF ? Qu’en pensent les Co-gestionnaires de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage des Bauges ? Et le PNR ? Quelle position ? Je suivrai de près l’installation programmée de lignes de câbles pour exploiter en forêt domaniale de Bellevaux, au cœur de la Réserve Nationale de Chasse des Bauges, des forêts sur forte pente, autrefois préservées de toute exploitation, déjà traversées par plusieurs couloirs d’avalanches où les enjeux de protection et d’impact visuel seront très importants, sans oublier les risques humains de chutes de pierres lors de l’exploitation, dans un secteur très fréquenté par les randonneurs…tout cela pour un revenu financier négatif !( Forêt domaniale).
    La réalité écrite et chiffrée de la forêt publique, c’est : source IFN, une production nationale inférieure à la forêt privée : 6 m3/ha /an pour 8 m3/ha/an en forêt privée. C’est bien le résultat direct d’une exploitation plus forte, plus intensive en forêt publique avec comme conséquence, un volume total sur pieds à l’ha plus faible de 25% (moins d’arbres, moins de volume). L’ONF dit que la forêt privée est sous-exploitée (parfois) mais c’est surtout la forêt gérée par l’ONF qui est trop exploitée, le constat de terrain est sans appel ! (Voir aussi les plans de gestion de l’ONF pour chaque forêt)
    L’ONF a également confirmé que les rotations (passages en coupe dans la même parcelle) seraient raccourcies, elles sont passées progressivement de 15 ans à 10 ans…(voir moins) c’est vicieux car invisible de la plupart des personnes, de même le diamètre d’exploitabilité est lui aussi revu à la baisse ce qui fait que l’on coupe des arbres de plus en plus petits et jeunes, les éclaircies seront également plus fortes, pour paraît-il résister aux tempêtes…(lire le rapport de l’INRA !) La densité des peuplements forestiers est déjà faible pour beaucoup de forêts…voir les normes sylvicoles avec les surfaces’ terrières’ ainsi que les rendements volume à l’hectare… les conséquences en seront : disparition de certaines classes d’âge ( les plus vieux), des arbres plus courts mais aussi plus branchus, plus coniques et avec une structure des peuplements bouleversée avec une régularisation des peuplements qui va à l’encontre de la futaie irrégulière préconisée en montagne !Que fait-on du guide de sylviculture des forêts des Bauges qui préconise la futaie irrégulière, le respect de toutes les classes d’âge…et les directives de Natura 2000 ?…Des chercheurs du CEMAGREF ( institut de recherches en Ingénierie de l’Environnement) disent que la « sylviculture intensive menace la diversité biologique…les forêts exploitées intensément abritent un éventail d’espèces vivantes plus réduit…Ces résultats mettent en évidence la nécessité de conserver des forêts anciennes… » Message de scientifiques qu’il faut prendre en compte !
    Les chercheurs de l’INRA, eux aussi, dans une note de juillet 2009 sont très critiques sur la gestion forestière actuelle de l’ONF, ils disent : « L’association d’une sylviculture de type intensif et en même temps de la biodiversité est écologiquement impossible… » Ils disent aussi : « Les gens bien informés le savent bien…Il reste à espérer que ce honteux camouflage en vert ne soit pas suivi trop à la lettre dans les régions forestières françaises, et que des initiatives locales positives de forestiers compétents et responsables puissent s’exprimer pour sauver réellement ce qui reste de biodiversité forestière… » Au moins, c’est clair !
    Ces constats de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) sont sévères, et il y a aussi d’autres remarques qui concernent l’accumulation de carbone, la nécessité de conserver des forêts anciennes, la résistance des peuplements forestiers au vent et les densités forestières trop faibles… Des notions qui contredisent les discours actuels…A lire obligatoirement !
    En SAVOIE Il a même été dit que certains scieurs ne voulaient que des arbres plus petits en diamètre à cause de leurs machines à scier…c’est un comble ! Ce serait une sylviculture faite pour l’industrie ! Pauvre forêt ! Out son fonctionnement naturel…son écosystème et ses fonctions sociales… On est loin de NATURA 2000 qui préconise une forêt équilibrée dans ses classes d’âges, variées dans sa composition et exploitée raisonnablement en préservant aussi les gros bois…
    La réalité de la forêt gérée en Bauges est (sources plans de gestion ONF pour chaque forêt, à consulter en mairies.) :
    Une productivité de 2 à 5m3 / ha /an…on est loin des chiffres officiels de l’IFN….Des volumes sur pieds en baisse presque partout, forêts communales, forêts domaniales et départementales, des rendements à l’ha.en baisse aussi…reconnus par ces plans de gestion où parfois les mots surexploitations sont prononcés et également les phrases « réduction des prélèvements avec augmentation de gros bois. » ! (C’est bien de l’admettre).
    Alors ? Comment prélever plus ? Comment répondre à la demande de l’Etat d’augmenter la production ANNUELLE de 5 millions de mètres cubes à prélever dans les forêts domaniales et communales ?
    Les conséquences de ces surexploitations seront catastrophiques pour les forêts concernées ! On ne pourra pas sans risques, récolter des bois n’importe où ! Il y a des zones d’altitude ou de forte pente où le forestier a un devoir de préserver ces peuplements pour des raisons d’éthique, de protection contre les avalanches ou phénomènes d’érosion, et aussi pour préserver certains milieux forestiers très fragiles que sont les forêts d’altitude appelés ; zones de combat » où vivent une flore et une faune très particulières. Classons ces forêts « haut perchées » en réserves biologiques intégrales, si utiles pour la biodiversité et sans aucun intérêt sur le plan économique.
    Trop couper maintenant se paiera obligatoirement dans les années futures par une baisse importante de la récolte que l’on perçoit déjà sur certaines forêts communales.
    Ecoutez les forestiers de terrain (sur le net), ils souffrent en silence des atteintes portées aux forêts qu’ils défendent ! Ils savent d’expérience que la situation est grave ! Pourquoi les belles forêts de certains secteurs du massif des Bauges, seraient-elles devenues parce qu’elles sont riches en bois, riches en diversités, riches en gros bois…des exemples à ne plus suivre ! Ecoutez aussi les anciens bûcherons, exploitants forestiers…usagers de la forêt, ils parlent !
    Dernière interrogation : comment se fait-il que l’on puisse faire l’impasse sur tous les aménagements forestiers en vigueur ! Sont-ils faux ? Et pourquoi l’ONF ne défend-il pas son outil de gestion ? Sa crédibilité future en ce qui concerne l’élaboration des plans de gestion pourrait en être remise en question ! Juste un peu de courage ! Respectons ces documents de gestion actuels et non les nouvelles directives nationales déconnectées de la réalité de terrain ! Il ne peut pas y avoir de double discours de la part des gestionnaires, celui de dire « Qu’il y a trop de gros bois et qu’il faut éclaircir plus fortement » et en même temps de dire que les forêts sont trop pauvres à cause de la gestion passée !
    Personnellement, je préconise, au vu des documents d’aménagements forestiers actuels et de la situation de terrain, un moins coupé de 25% en forêts publiques !
    En 2010, une coupe définitive (coupe rase) a été réalisée en forêt communale de Doucy en Bauges, conjointement avec une coupe privée sur forte pente,( exploitation par câble)…un bel exemple de (non) gestion forestière conforme aux directives du PNR et Natura 2000… ? Une parcelle forestière détruite pour plus d’un siècle, pour quel bénéfice… ?
    A qui le tour ? Domaniale de Bellevaux… ?
    Il n’est pas trop tard pour réagir.

    Respectons les rythmes de la vie forestière, la sylviculture doit être dictée par les réalités du milieu et non par des impératifs économiques ou politiques !…il en va de la crédibilité des gestionnaires…
    Guy ROCHON
    janvier 2011

    Références consultables :

    – Lettre de mission du président SARKOZY et discours à URMATT
    – Rapport Hervé GAYMARD
    – Rapport de la Cour des Comptes
    – Rapport au Sénat
    – Note technique du CEMAGREF sur la sylviculture et la biodiversité.
    – Note technique de l’INRA sur la gestion sylvicole et le réchauffement climatique…
    – La charte forestière du Massif des Bauges
    – Charte Natura 2000
    – Charte forestière du Territoire
    – Plans de gestion forestière de l’ONF …
    – Histoire du service forestier en France
    – Journal « L’élu d’aujourd’hui » : service public forestier en danger…
    – ALERTE Monin…appel à mobilisation…la disparition du Régime forestier…
    – Les forestiers de l’ONF mobilisés….
    – Petit diaporama sur la forêt des Bauges

  1. 22 février 2011

    […] Ce billet était mentionné sur Twitter par F&BE, Bioénergie promotion. Bioénergie promotion a dit: Les chaufferies bois mettent-elles la "Forêt" française en danger ? – http://bioenergi.es/s/xp #bois-énergie #chaufferies #france […]