La décarbonation du transport lourd n’est pas possible sans le recours au bioGNV et au biodiesel

Le bioGNV est le biocarburant le plus économe en carbone fossile, photo Frédéric Douard
Les filières du bioGNV, représentée en France par France Mobilité Biogaz, et des biodiesels de type Esters Méthyliques d’Acides Gras (EMAG), représentée par Esterifrance, unissent leurs voix pour dénoncer l’exclusion injustifiée de ces carburants renouvelables dans les nouvelles normes d’émissions de CO₂ des véhicules lourds adoptées par l’Union européenne en juin 2024.
Ne pas exclure de solutions devant l’urgence climatique
Ces filières rappellent tout d’abord souscrire pleinement aux objectifs ambitieux de décarbonation du transport fixés par l’Union européenne. Pour cette raison-même, elles déplorent que le règlement sur les normes d’émissions de CO₂ exclue de facto les solutions bas-carbone biogéniques comme le bioGNV et les biocarburants liquides en ne considérant que les émissions directes à l’échappement. Cette approche ignore la contribution à la décarbonation permise par ces filières qui captent du carbone lors de la production de leurs carburants. Et elle met ainsi en péril les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre des flottes des collectivités et des transporteurs, en risquant de les priver d’alternatives immédiatement disponibles, fiables et abordables.
De plus, les filières ajoutent que la non prise en compte du bioGNV et des biocarburants par le règlement sur les normes d’émissions des véhicules lourds est incohérente avec les règles fixées par la Directive européenne relative aux énergies renouvelables (RED). En effet, cette dernière dispose explicitement que les émissions de CO₂ à l’usage de ces deux carburants doivent être considérées comme nulles du fait leur origine biogénique.
L’ambition européenne de décarbonation est telle que, pour tenir la trajectoire, toutes les énergies disponibles doivent être mobilisées par les acteurs publics et privés du transport. C’est une condition pour préserver les finances des collectivités territoriales, la compétitivité des transporteurs et des constructeurs européens. Ces acteurs seront également confrontés à des coûts insoutenables s’ils doivent s’orienter exclusivement vers des solutions batteries ou hydrogène, deux filières issues de la coûteuse filière électrique. Et par ricochet, faute d’être en mesure de recourir à d’autres énergies disponibles et moins coûteuses pour se décarboner, collectivités et transporteurs pourraient être contraints de retarder leur sortie des énergies fossiles.
Pas de respect des objectifs sans les biocarburants et le bioGNV
Les biocarburants et le bioGNV représentent des options complémentaires de l’électricité. Le bioGNV et le biodiesel sont particulièrement pertinents pour décarboner les véhicules lourds utilisés pour le transport de voyageurs et de marchandises sur de longues distances, nécessitant d’enchaîner les postes de conduites, ou pour certaines missions du BTP.
Par ailleurs ces deux filières représentent un débouché important pour les agriculteurs et une part significative de leurs revenus. Elles encouragent également l’innovation et représentent des capacités industrielles non délocalisables offrant des débouchés de valorisation aux déchets agricoles, ménagers et industriels européens. A ce titre, ces énergies permettent de contribuer à l’autonomie énergétique de la France et de l’Europe. En outre, ces filières s’appuient sur des infrastructures de stockage et de distribution déjà existantes. A contrario, la filière électrique fair appel à un combustible et à des composants de stockage importés, contribuant à accentuer le déficit de la balance commerciale et la dépendance politique à des Etats parfois peu recommandables.
A l’horizon 2040 il est indispensable que la réglementation européenne laisse assez d’espace à ces filières. Au vu de l’urgence climatique, France Mobilité Biogaz et Esterifrance, demandent ainsi la révision du règlement CO₂ véhicules lourds sans attendre 2027, pour permettre une décarbonation accessible et viable dans la durée grâce à un mix énergétique fondé sur le principe de neutralité technologique. Pour ce faire, ces organisations défendent :
- la reconnaissance de ces carburants comme neutres en carbone du fait du caractère biogénique du CO₂ émis ;
- la prise en compte de la part renouvelable dans les carburants distribués (Facteur de Correction du Carbone) ;
- l’homologation de véhicules utilisant exclusivement des carburants biogéniques comme le Bio GNV ou le B100.
Frédéric Douard