Lien de bannissement

La plus grande centrale électrique d’Amérique du Nord 100% biomasse

Infos clés fiche de casMaîtrise d’ouvrage publique – Conversion d’une production pure d’électricité du lignite au bois – Centrale de pointe de consommation – Combustible : 90 000 tonnes de granulés de bois par an – Chaudière Babcock & Wilcox mise en service en 1985 – Puissance électrique en 2014 : 205 MWé – Stockage sur place : 10 000 tonnes – Exploitation : OPG – Conversion à la biomasse mise en service en 2014 par Doosan Babcock Ltd.
Le site de la centrale électrique d'Atikokan, photo OPG

Le site de la centrale électrique d’Atikokan, photo OPG

L’Ontario dispose désormais de la plus grande centrale électrique d’Amérique du Nord alimentée entièrement en granulés de bois. La centrale d’Atikokan vient en effet d’être convertie du lignite au bois, avec une capacité de désormais 205 MWé. L’arrêt de l’utilisation du charbon s’inscrit parmi les mesures de la Province pour édifier un réseau d’électricité plus efficace et plus propre. Cette centrale  dont la flexibilité vient d’être accrue avec l’usage du granulé servira en effet de  centrale d’appoint pour les périodes de pointe.

Cette conversion à la biomasse est la plus grande initiative de lutte contre le changement climatique et pour la qualité de l’air prise en Amérique du Nord ces dernières années. L’élimination du lignite reviendra sur ce site à supprimer l’équivalent de la production annuelle de sept millions de voitures en CO2. La centrale d’Atikokan peut être mise en marche rapidement dès que la demande est élevée. Elle viendra en complément de la base d’hydroélectricité et des électricités intermittentes comme le vent et le solaire.

Vue de l'intérieur d'un silo avec sa spirale de chute, photo OPG

Vue lors de la construction de l’intérieur d’un silo avec sa spirale de chute, photo OPG

Cette installation de Ontario Power Generation (OPG), l’opérateur public de la province, emploie 70 personnes à temps plein. Elle a brûlé ses dernières réserves de charbon le 11 septembre 2012. Sa conversion a débuté au milieu de l’année 2012 et vient de se terminer à la mi-2014. Elle a consisté à construire deux silos pour les granulés et à modifier l’installation thermique pour recevoir la biomasse.

Les silos disposent d’une capacité unitaire de 5000 tonnes et mesurent 44 mètres de haut et 21 mètres de diamètre. Ils sont équipés d’une spirale de chute centrale afin de réduire la formation de poussière au remplissage. Il sont également équipés de sondes de température afin de détecter d’éventuels échauffements. En cas d’échauffement par fermentation, un système d’inertage de l’air du silo par injection d’azote est prévu afin d’éviter les risques d’auto-inflammation. Les dispositifs anti-explosions (aspirations et détecteurs d’étincelles) ont enfin été placés sur les convoyeurs pour éviter les explosions de poussière. Enfin, des panneaux d’explosion équipent les silos afin de limiter les dégâts d’une éventuelle explosion interne.

Montage d'un injecteur de bicarbonate de sodium anti-explosion sur un brûleur, photo MEDTE

Montage d’un injecteur de bicarbonate de sodium anti-explosion sur un brûleur, photo MEDTE

La conversion de la partie thermique a été confiée à l’entreprise sud-coréenne Doosan, cette même entreprise qui est en train de convertir la centrale Provence 4 de Gardanne du charbon au bois. Doosan intervient à Atikokan sur une chaudière Babcock, société américaine à l’origine dont, pour la petite histoire, elle a pris le contrôle en 2006 à la suite du japonais Mitsui. La branche énergie de Doosan a d’ailleurs été renommée Doosan Babcock Ltd en 2013. Doosan a donc installé 15 nouveaux brûleurs sur la chaudière (des Doosan Mark IV), équipés chacun d’un système anti-explosion (injecteur de bicarbonate de sodium dans le foyer) et un nouveau système de décendrage. L’entreprise a ainsi réussi à convertir une puissance de centrale de 227 MWé au lignite, en une centrale de 205 MWé au granulé de bois, avec la même chaudière. Au début des années 80, la construction de la centrale avait coûté 800 M CAN$ (560 M€). Le coût de cette conversion a été de 170 millions de CAN$ (120 M€).

Le site en travaux en janvier 2014, photo OPG

Le site en travaux en janvier 2014, photo OPG

La biomasse qui alimente la centrale d’Atikokan est récoltée et transformée en Ontario. L’OPG a des contrats avec deux compagnies du Nord-Ouest de l’Ontario pour s’approvisionner en granulés de bois. Rentech Inc. et Resolute Forest Products Canada fourniront chacune 45 000 tonnes de granulés par an. Ces fournisseurs ont d’ailleurs tiré parti de cette occasion pour conclure des contrats d’approvisionnement en granulés avec des acheteurs étrangers.

L’institut Pembina a mené une analyse sur l’aspect durable de la biomasse en 2011 tout en tenant compte des conséquences sur les changements climatiques de la production d’électricité par biocombustible. Le rapport affirme que le traitement des résidus de bois constitue une méthode de production d’électricité durable. Un programme de biomasse utilisant des granulés de bois à un rythme de deux millions de tonnes par année peut être exploité sans qu’il y ait de déclin systémique des stocks de carbone forestier au fil du temps. C’est donc dire que le programme de biomasse d’OPG, en conjonction avec le processus et les pratiques durables de planification de la gestion des forêts de l’Ontario, peut satisfaire à la définition de biomasse renouvelable de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. De fait, la production d’électricité à partir de granulés de bois génère 90 % moins de gaz à effet de serre que le charbon.

« Une nouvelle ère commence en Ontario; une ère où l’air sera plus pur et où les coûts multiples de production d’électricité avec du charbon ne seront plus qu’un souvenir. La conversion réussie de la centrale d’Atikokan à la biomasse fera de l’Ontario un chef de file mondial dans l’utilisation de combustible écologique pour produire de l’électricité », précise Bob Chiarelli, Ministre de l’Énergie

Centrale granulés d'Atikokan terminée, photo OPG

Centrale d’Atikokan terminée, photo OPG

L’Ontario est la province la plus prospère du Canada : elle représente 37 % de son PIB, 39 % de sa population et 38 % de ses exportations de biens. Avec sa main-d’œuvre qui est la plus scolarisée du G7, l’Ontario a maintenant l’économie la plus importante du Canada et l’une des dix premières en Amérique du Nord. La province entretient des liens économiques étroits avec la France, qui est son septième partenaire commercial. Dans la province, environ 7 % des investissements étrangers directs et 15 % des dépenses en immobilisations en provenance d’Europe sont français. L’accord économique et commercial global (AECG) qui est proposé stimulera encore davantage les échanges commerciaux entre le Canada et l’Union européenne.

Pour en savoir plus :