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Projet BioTfueL, questions à Laurent Bournay, chef de projet IFPEN

Lancé en 2010, le projet BioTfueL vise à développer une chaîne de production de biocarburants de 2e génération de type gazole et kérosène. BioTfuel est un projet soutenu par l’Ademe (fonds démonstrateur de recherche) et le conseil régional de Picardie. Il rassemble des organismes de R&D – IFP Energies nouvelles et le CEA – et des industriels – Axens, Sofiprotéol, Total et Uhde. L’association de ces partenaires permet de couvrir l’ensemble de la chaîne, de la ressource au carburant et de la R&D à l’industrie.

Questions à Laurent Bournay, chef du projet BioTfueL à IFPEN

Le cotraitement est une particularité du projet BioTfueL. En quoi consiste-t-il ?

L. B. : BioTfueL privilégie le cotraitement, c’est-à-dire la possibilité de traiter la plus large gamme de ressources biomasses et fossiles (procédé BxTL). Il s’inscrit dans la stratégie d’IFP Energies nouvelles en matière de diversification des sources de carburants et de réduction des émissions de CO2.

Pour des raisons de rentabilité, la production de carburants de 2e génération exige des unités industrielles de grande taille, qu’il faut pouvoir alimenter en charge de façon continue. Or, la biomasse est une ressource saisonnière, variée et dispersée. Au sein de BioTfueL, nous avons choisi la flexibilité en privilégiant le concept novateur de cotraitement.

Il s’agit de traiter non seulement une large diversité de biomasses, mais aussi d’autres ressources fossiles, solides ou liquides, comme des résidus pétroliers ou du charbon. Le produit obtenu sera un mélange de carburant d’origine fossile et d’un biocarburant dont la teneur dépendra de la part de biomasse utilisée en entrée, et qui variera selon les saisons et les sites de production.

Qui plus est, cette flexibilité sur le choix des matières premières permet d’augmenter le rendement de la filière et de réduire le coût de production de chaque tonne de carburant. Au-delà de la diminution des émissions de CO2 liée à l’utilisation de la biomasse, le cotraitement réduit donc le coût de chaque tonne de CO2 évitée.

Quels sont les verrous technologiques à lever pour mettre en œuvre le cotraitement ?

L. B. : La conversion de la biomasse cellulosique en carburants de synthèse passe par plusieurs étapes successives, qui ont aujourd’hui des niveaux de maturité technologique différents. Ainsi, les partenaires du projet ont choisi la torréfaction comme procédé de prétraitement de la biomasse. Il constitue l’un des principaux verrous technologiques du programme, car aucune application industrielle continue de grande capacité n’existe à l’heure actuelle.

La technologie de gazéification retenue (à flux entraîné sous pression) est utilisée industriellement pour les charges fossiles, mais nécessitera des évolutions sensibles pour permettre l’injection de biomasse seule ou en cotraitement.

La purification du gaz de synthèse comporte de nombreuses étapes. Certaines, maîtrisées sur des charges d’origines fossiles, doivent être adaptées et validées sur un gaz issu de charges biomasses. D’autres étapes, liées à des impuretés spécifiques à la nature de la biomasse, doivent en outre être développées et validées.

Des travaux viseront également à sélectionner l’enchaînement de procédés le plus efficace sur le plan énergétique et environnemental. En ce qui concerne la synthèse Fischer-Tropsh, elle s’appuiera sur le procédé Gasel™ développé avec Axens et Eni. Mais il faudra valider les performances des catalyseurs au cobalt vis-à-vis du gaz issu de l’épuration.

Enfin et surtout, une fois développées ou adaptées à un cotraitement fossile/biomasse, ces différentes technologies devront être assemblées, puis validées sur plusieurs pilotes de démonstration pour en garantir l’efficience à l’échelle industrielle.

>> Voir également la vidéo d’animation du projet BioTfueL

1 réponse
  1. skander bchachour dit :

    Quelles sont les plantes possibles (matière première) que l’on peut / espère cultiver en Tunisie pour la réalisation de ce projet?
    Merci