Le Citeau et Agriopale inaugurent Bio Énergies Beaujolaises, la première SEMOP biométhane de France

Bio Energies Beaujolaises à Charentay en Beaujolais, photo Agriopale
Le 10 avril 2025, plus de 200 personnes, concernées ou parties prenantes dans le projet de la centrale biométhane Bio Énergies Beaujolaises, située près de Belleville-en-Beaujolais dans le département du Rhône, étaient rassemblées pour l’inauguration du site. L’idée de produire une énergie renouvelable à partir des déchets dans la Communauté de Communes Saône-Beaujolais a émergé dès 2015. Porté par la volonté d’atteindre l’autonomie énergétique et de valoriser les ressources locales, le Centre Intercommunal de Traitement de l’EAU (Citeau) a rapidement engagé des études de faisabilité, en lien avec la profession agricole, les services de l’État, les collectivités et les partenaires techniques. Un appel à projet national a alors été lancé pour sélectionner un partenaire technique et économique capable d’assister la collectivité dans son projet. Et parmi des acteurs de dimension nationale et même internationale, c’est une entreprise familiale du Pas-de-Calais, Agriopale, qui a emporté le partenariat !
Agriopale, pionnier du biométhane en France
Agriopale Services est une entreprise familiale spécialisée dans la valorisation de la biomasse pour l’agriculture et l’énergie. Elle a été créée il y a 25 ans par cinq exploitations agricoles d’une même famille de la région du Touquet, les Dusannier et les Tardieu, pour produire des composts à partir de déchets verts et de boues de stations d’épuration pour redonner vie aux sols agricoles. L’activité s’est ensuite diversifiée dans le production et la commercialisation de bois-énergie sous la marque Planète Terre, avant de mettre en service une première unité de biométhane en 2015.

Discours introductif de François Dusannier, Président d’Agriopale, photo Frédéric Douard
Aujourd’hui, Bio Énergies Beaujolaises est la neuvième centrale de biométhane exploitée en partenariat avec Agriopale Services et la première en région Auvergne-Rhône-Alpes. Et la particularité de ces neuf centrales, est qu’aucune n’incorpore de cultures. Elles ne fonctionne qu’avec des sous-produits agricoles ou agroalimentaires, avec des boues d’épuration et/ou avec des biodéchets. Les derniers projets mis en oeuvre par Agriopale Services depuis 2020 concernent la construction de trois stations service fournissant du bioGNV dans les Hauts-de-France, sous la marque Gazie.

Une belle délégation des familles Dusannier et Tardieu était venue du Pas-de-Calais pour l’inauguration, photo Frédéric Douard
Une gouvernance public/privé innovante
Ce projet de méthanisation territoriale se distingue par sa gouvernance atypique, publique et privée, via une Société d’Économie Mixte à Opération unique (SEMOP), détenue par le centre intercommunal de traitement de l’eau de Belleville-en-Beaujolais dit Citeau et par Agriopale Services. Le choix de créer une SEMOP provient de la volonté de la collectivité de rester pleinement décisionnaire dans le cadre de cette société, en détenant une minorité de blocage au capital, tout en s’appuyant sur l’expertise technique du privé.

La cérémonie d’inauguration avec au micro, Frédéric Pronchéry, président de la SEMOP Bio Énergies Beaujolaises, photo Frédéric Douard
Historiquement, la première SEMOP de France, Doléa, a été crée en 2016 dans le domaine de la gestion de l’eau, par la ville de Dole dans le Jura avec l’opérateur privé Suez. La première SEMOP de France dans le domaine de l’énergie, Amiens Energies, a été créée en 2017, par la ville d’Amiens avec ENGIE Solutions et la Banque des Territoires, pour développer le réseau de chaleur renouvelable de l’agglomération picarde. Bio Énergies Beaujolaises, créée en 2023, est la première SEMOP en France pour la production de biométhane. Elle se présente ainsi comme un modèle reproductible, adapté à d’autres collectivités souhaitant conjuguer autonomie énergétique, valorisation des déchets locaux et gouvernance publique forte.

Plus de 200 personnes ont assisté à l’inauguration de la SEMOP Bio Énergies Beaujolaises, photo Frédéric Douard
Deux lignes de méthanisation distinctes sur un seul site
L’unité de méthanisation est implantée sur un terrain de 4 hectares situés dans la ZAC Lybertec sur la commune de Charentay, au sud de Belleville. Elle repose sur deux lignes de traitement distinctes, mais complémentaires, qui permettent de valoriser une grande diversité de matières organiques issues du territoire : l’une pour les boues d’épuration, l’autre pour les intrants agroalimentaires.

Les cinq cuves de Bio Energies Beaujolaises, photo Frédéric Douard
Les intrants sont d’origine locale : les boues d’épuration sont issues du Citeau de Belleville-en-Beaujolais et de l’agglomération de Villefranche-sur-Saône, et des coproduits agroalimentaires (lactosérum, marc de raisin…), déchets agricoles (effluents, pulpes, déchets végétaux, distillerie…). L’approche retenue exclut toute culture dédiée et limite les transports.

Visite commentée du site par Christophe Evrard, directeur technique chez Agriopale, photo Frédéric Douard
Le site va ainsi traiter chaque année plus de 35 000 tonnes de matières organiques pour une injection maximale de 350 Nm³/h de biométhane dans le réseau GrDF. Le digestat, près de 28 000 m³/an, sera entièrement valorisé dans l’agriculture locale, en remplacement d’engrais chimiques.
Frédéric Douard, en reportage à Charentay