Les prix des huiles végétales atteignent des sommets
Vous le savez, les huiles se substituent les unes aux autres. Lorsque l’une manque, on se rabat sur l’autre. Ainsi, la demande insatisfaite sur le soja a commencé à se tourner vers le colza et surtout vers l’huile de palme. La hausse du soja est donc contagieuse !
Or cette année, le secteur des oléagineux dans son ensemble est tiraillé par une demande forte, et une offre à la peine : l’huile de palme en Asie et le colza en Europe rejoignent ainsi le soja américain dans la course que se livrent en cette fin d’année les oléagineux.
Nous avons étudié ensemble hier le cas du soja. Tournons-nous aujourd’hui vers le colza et l’huile de palme
1 – Le Colza à 480 euros la tonnes, du jamais vu !
Le contrat février du colza tutoie actuellement des sommets inexplorés.
Malgré les bonnes performances de l’Angleterre, de l’Allemagne et de la Roumanie, l’offre européenne s’est réduite. Deux facteurs expliquent cette situation.
- D’abord, la France a fortement réduit sa production cette année. Paris, la principale place de négoce du colza (les cours du colza y ont gagné 46% en 2010), enregistre jour après jour des records historiques.
- Le développement des programmes de biodiesel a également joué un grand rôle dans cette hausse.
Le développement du biodiesel accapare une part grandissante de l’offre de colza
L’augmentation de la production de tourteau de colza en Europe est liée largement au développement du biodiesel européen. Désormais, le biodiesel peut être incorporé à hauteur de 7% dans le gazole banalisé.
Partout dans le monde, le développement du biodiesel accroit la pression sur le cours du colza. Cette « nouvelle forme de demande » (inexistante il y a encore quelques années) progresse fortement et ponctionne de plus en plus le marché, poussant les cours à la hausse.
Récemment, la Corée du sud, la Thaïlande, ou encore l’Indonésie ont lancé des programmes de biodiesel.
Scrutez la corrélation pétrole vs biodiesels
Le biodiesel pourrait restreindre encore plus l’offre de colza si les prix du pétrole continuent à monter. Avec un baril à bientôt 100 $, le biodiesel retrouvera vite de sa compétitivité. Les oléagineux seront bientôt réquisitionnés. Ce qui en dopera les cours
2 – +45% en 6 mois, l’huile de palme décolle à son tour
L’huile de palme décolle sous le double effet de la croissance asiatique et de la météo exécrable en Malaisie, principal producteur
Source : les Echos
La Chine contrainte de se convertir à l’huile de palme
Importatrice modérée d’huile de palme, la Chine a finalement du changer son fusil d’épaule. Au printemps 2010, à la suite d’un litige commercial avec l’Argentine, la Chine a décrété un embargo sur les importations d’huile de soja argentin. Problème, l’huile de soja argentin représente 75% de ses importations… La Chine a rapidement du trouver un substitut !
Pékin a ainsi choisi d’accroitre ses importations de soja américain et d’huile de palme malaisienne et indonésienne.
+ 400 000 tonnes d’huile végétale pour l’Inde en 2011
New Delhi a également décidé augmenter sa demande d’huile de palme. En 2011, les importations indiennes atteindront 9 millions de tonnes.
Pour répondre à cette hausse de la demande, les stocks seront probablement vidés. En 2011, seule une augmentation de la production ramènera l’équilibre sur les marchés. Malheureusement, les deux grands producteurs connaissent actuellement de grandes difficultés à produire.
L’offre des deux grands producteurs chute
L’Indonésie et la Malaisie, producteurs de 85% de l’offre mondiale, ont passé l’année 2010 à subir des perturbations climatiques.
Au premier semestre 2010, les sécheresses provoquées par El Niño se sont abattues sur la Malaisie. L’abondance tardive de pluie a ainsi entrainé des problèmes logistiques dans les ports. La trop grande humidité a également eu des conséquences sur la qualité des récoltes. La Malaisie s’attend à une baisse de 2 à 3% de sa production.
Conjuguée à une augmentation de 4.8% de ses exportations, le pays n’a pas pu fournir l’ensemble des importateurs.
L’Indonésie rationalise ses plantations
Le gouvernement indonésien a quant à lui décidé d’améliorer la productivité de ses plantations, plutôt que de les étendre. Un moratoire doit entrer en vigueur en janvier prochain pour deux ans. Cette décision ne permettra pas d’augmenter les quantités mises sur les marchés mondiaux.
Conséquence immédiate, la tonne d’huile de palme est montée en flèche. Sur la bourse de Kuala Lumpur, la tonne d’huile pourrait se maintenir au-dessus des 3000 ringgits la tonne en 2011.
Quel marché choisir ?
La consommation mondiale d’huile végétale pour la campagne 2010-2011 devrait augmenter de 6 millions de tonnes. Cette demande soutenue continuera à alimenter la hausse des oléagineux, au moins jusqu’en mars 2011.
Mon avis ?
Je vous conseille de vous placer sur l’huile de palme. Les fondamentaux sont particulièrement haussiers. La production est tenue par seulement deux pays, qui connaissent tout les deux de lourdes difficultés amenées à perdurer. Le RSI, à 75, sur le graphique de l’huile de palme ne montre pas encore de zone de sur-achat.
Par Florent Detroy, pour l’Edito matières premières le 23 décembre 2010