Lien de bannissement

Mise en oeuvre du Pacte en faveur de la haie en France : un tournant historique ! 

Bocage et agriculture, un mix gagnant, photo Karolina Samborska

Présentés par le ministre de lʼAgriculture de la Souveraineté Alimentaire à lʼoccasion du salon de lʼagriculture le 2 mars 2024, les premiers dispositifs du Pacte en faveur de la haie inaugurent un tournant majeur des politiques publiques de la haie. Par la voix de son Président, Philippe Hirou, le Réseau Afac-Agroforesteries souligne ces avancées très significatives qui répondent à lʼAppel de la haie lancé un an auparavant « ce nʼest pas la contrainte règlementaire qui règlera le problème de la disparition des haies. Il faut donner envie aux agriculteurs de préserver le capital qu’ils possèdent et dʼen avoir davantage ; et les aider à comprendre qu’ils y ont intérêt dans les conditions dʼaujourd’hui. La haie peut participer au revenu agricole et à ce qu’ils soient fiers de ce qu’ils font. Lʼagriculture a besoin dʼun nouveau pacte avec la société. La haie en fait partie. »

Une inflexion des politiques publiques de la haie, qui était très attendue

Dans son Appel de la haie, lʼAfac-Agroforesteries appelait à sortir des politiques du « tout plantation » pour passer à des politiques combinant reconstitution et maintien des haies, par leur gestion durable, restauration et valorisation. Sans cela, le rythme de disparition restera six fois supérieur à la replantation. En fixant un objectif de gain net de 50 000 kilomètres de haies dʼici 2030 le Pacte en faveur de la haie définit une trajectoire chiffrée claire et ambitieuse, et donne les moyens pour lʼatteindre :

  • il permet dʼagir sur lʼaugmentation du linéaire. Le Pacte reconduit ce qui avait fait le succès de la mesure Plantons des haies en introduisant des avancées très intéressantes : telles que les logiques de consortium qui permettent à plusieurs structures dʼanimation territoriale de coopérer en croisant leurs compétences, ainsi que la régénération naturelle assistée introduite à titre expérimental,
  • mais surtout il permet de sʼattaquer à la partie « immergée de lʼiceberg » à savoir ne plus perdre de haie. Pour répondre à cet enjeu crucial, les Appels à projets régionaux qui vont être lancés par les DRAAF dans le cadre du Pacte introduisent une grande nouveauté en fléchant des moyens dʼanimation vers la gestion durable. Cʼest essentiel et lʼAfac le demandait depuis plusieurs années : « stopper le déclin des haies, cʼest avant tout avant tout encourager lʼadoption de pratiques de gestion durable des haies pour quʼelles soient en bon état écologique et quʼelles puissent rendre les services attendus, affirme Philippe Hirou ». En complément, un autre appel à projets en cours dʼélaboration par lʼAdeme et le MASA permettra dʼaider la structuration des filières de valorisation des haies : cʼest une réponse à la priorité n°1 de lʼAppel de la haie, « valoriser les haies ». Il reste cependant un maillon indispensable que nous couvrent pas les différents AAP du Pacte et sur lequel les autres financeurs (ou dispositifs de type MAEC) pourraient utilement être fléchés : pour ne pas sʼen tenir au diagnostic mais passer à la gestion durable, il faudra à court terme que les travaux de restauration de haies puissent être aidés, au même titre que la plantation. LʼAfac se donne pour objectif que cela devienne possible, dʼici deux ans maximum.

Changer de politique, cʼest changer lʼévaluation de ces politiques

Ce Pacte nous place devant un défi de taille : inventer de nouveaux indicateurs de suivi et dʼévaluation des politiques de la haie. Il faut impérativement rompre avec la logique du « compteur dʼarbre ou du kilomètres de haies plantées » qui ne dit rien de lʼenjeu du maintien et de la restauration du linéaire de haies. Pour lʼAfac, le Pacte doit être évalué à lʼaune de plusieurs indicateurs, mis à jour annuellement, région par région : kilomètres de haies plantées, mais aussi km de haies passées en gestion durable, km de haies pour lesquelles une destruction a été évitée, km de haies en état dégradé qui ont été restaurées, quantité de biomasse produite issue dʼune gestion durable de la haie certifiée Label Haie, etc. Lʼévaluation de cette politique agricole est très attendue et doit être exemplaire, en cohérence avec les objectifs de la planification écologique.

Un déploiement qui se fera avec les acteurs de terrain : le réseau Afac se tient prêt

Lʼambition et les moyens alloués au Pacte sont multipliés par quatre par rapport à la mesure Plantons des haies. LʼAfac salue cette avancée considérable qui répond à lʼurgence climatique, tout en appelant à ce que les moyens du Pacte soient déployés avec des garanties solides de qualité. Fort de plus de 400 structures dont certaines agissent pour lʼarbre et la haie depuis plus de 40 ans, le Réseau Afac jouera un rôle central dans la mise en oeuvre territorial du Pacte, en mettant son expertise au profit de la qualité technique des projets. LʼAfac encourage les logiques de consortium afin que les associations spécialisées, structures agricoles, fédérations de chasseurs, collectivités territoriales, et tous les autres partenaires puissent coopérer pour créer dans la durée un écosystème favorable à la haie dans les territoires et que le Pacte tienne toutes ses promesses.

Pour aller plus loin :