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Le Panorama 2023 de la biométhanisation en Wallonie

L’unité de méthanisation Biogaz du Haut-Geer en Wallonie, photo ValBiom

En 2022, la Wallonie comptait 47 unités de méthanisation. Ce décompte est issu du Panorama 2023 de la biométhanisation en Wallonie publié par l’association ValBiom et concernent les chiffres de l’année 2022. L’association y précise que le secteur agricole est le plus représentatif, avec 27 sites, dont sept micro-unités. Elle rappelle également que ce type d’unité traite à la fois des intrants issus directement de l’agriculture (cultures, coproduits de cultures, effluents d’élevage, etc.), ainsi que des déchets agroalimentaires. Par ailleurs, sept entreprises agroalimentaires ont fait le choix de traiter leurs eaux de manière anaérobie, permettant de produire du gaz renouvelable utilisé sur leur site. Quatre stations d’épuration urbaines utilisent les boues des stations dans un digesteur anaérobie. Les déchets ménagers permettent également de produire de l’énergie avec deux sites qui traitent les biodéchets issus de la poubelle organique des ménages. D’autre part, sept décharges valorisent le gaz issu de la dégradation des déchets ménagers enfouis avant 2010. 

Évolution historique

La méthanisation connait une évolution continue mais fluctuante en Wallonie. Le nombre d’installations en service est passé de 42 à 54 unités entre 2014 et 2021. Puis en 2022, la tendance est pour la première fois à la baisse : seules 47 unités actives ont été recensées. Ceci peut s’expliquer par différentes causes. Tout d’abord, les décharges (CET) ont tendance à moins produire et à progressivement arrêter leur production d’énergie. Entre 2021 et 2022, une station CET a d’ailleurs arrêté de produire du biogaz. Ensuite, ValBiom observe un nombre de micro-unités de biométhanisation à la ferme en diminution : plusieurs d’entre elles ont cessé leur production d’énergie. Néanmoins, le nombre d’unités de méthanisation agricole continue sa croissance, avec une unité supplémentaire sur la même période considérée.

Quelle valorisation de l’énergie ?

La grande majorité des unités valorise le biogaz via la cogénération. La production de chaleur verte seule n’est actuellement pas soutenue en Wallonie, ce qui explique probablement la faible proportion d’unités optant pour une valorisation du biogaz via une chaudière. Huit unités ont toutefois choisi de le faire. Dans ces cas, il semblerait qu’au vu de la quantité de chaleur nécessaire en interne (que ce soit en entreprise agroalimentaire ou en STEP), la chaudière est le choix le plus judicieux. Certaines CET produisent uniquement de l’électricité. Au vu de leur localisation, il est rare d’avoir une valorisation de chaleur à proximité, ce qui explique le choix d’une valorisation uniquement électrique. La législation régionale concernant la possibilité d’injection dans le réseau de gaz naturel est parue en 2018. La première unité injectant du biométhane sur le réseau a été inaugurée en 2021. D’autres unités lui ont emboité le pas en 2022. La valorisation sous forme de bioCNG ne bénéficie, actuellement, pas d’aides à la production. Cela implique une rentabilité économique très peu intéressante par rapport aux autres voies de valorisation. Certains projets ont été développés courant 2022 et ne sont donc pas repris dans cette édition.

Les intrants utilisés

Pour les unités de méthanisation agricole, de micro-méthanisation agricole, de traitement des FFOM et des boues, les intrants valorisés en 2022 représentent environ 760 000 tonnes. Les déchets de type agroalimentaire sont les plus utilisés, et en particulier en méthanisation agricole. En considérant uniquement la méthanisation agricole (y compris la micro-méthanisation agricole), soit environ 680 000 tonnes, les déchets agroalimentaires représentent 58,7 %, suivis des cultures énergétiques (14,8 %) et des effluents d’élevage (13,2 %).

Le digestat

Le digestat produit par la biométhanisation agricole, la micro-biométhanisation agricole et la FFOM représente en Wallonie environ 728.000 tonnes en 2022. Dans le cas de la FFOM, les deux unités réalisent un co-compostage du digestat avec les déchets verts (notamment les branchages). Ce compostage permet également une hygiénisation de la matière. Dans le cas des micro-unités, le digestat (présent en faible quantité) sera valorisé brut. Pour les unités agricoles, le digestat est souvent utilisé brut, ou alors avec simplement une séparation de phase (8unités) visant à faciliter l’épandage et à proposer une fraction solide. Une unité propose également un digestat séché. Pour les unités de traitement des eaux, au vu de son taux de matière sèche assez faible, les digestats sont souvent déshydratés (ce qui permet de diminuer le transport), avec dans certains cas, un traitement à la chaux ou à la struvite.

Pour en savoir plus :

Frédéric Douard