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Qu’attend-on pour décarboner la moitié de la consommation d’énergie française : la chaleur ?

Vers plus d’énergie renouvelable thermique, c’est facile et rapide, photo Frédéric Douard

L’enquête annuelle réalisée par la FEDENE Réseaux de chaleur & froid, premier syndicat des opérateurs publics et privés de réseaux de chaleur et de froid, avec le concours d’AMORCE, premier réseau national de collectivités territoriales et d’acteurs locaux engagés dans la transition écologique, et sous la tutelle du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition énergétique le montre à nouveau : les réseaux de chaleur et de froid maintiennent leurs atouts pour l’environnement et l’économie, surtout en temps de crise. Alors qu’attend-on pour les multiplier ?

De la politique énergétique de la France, un constat et une prévision s’imposent

Le premier parait convenu, presque suranné, tant il a été répété alors qu’il n’a jamais été autant d’actualité : la France ne parvient pas à se défaire des importations d’énergies fossiles qui creusent un déficit commercial abyssal et, aidées par le bouclier tarifaire public, soit directement l’argent des impôts !!! Rien qu’en 2022, les importations énergétiques du pays ont plus que doublé pour dépasser 115 milliards d’euros.

Evolution de la facture des importations d’énergie de la France de 1970 à 2022, source : https://analysesetdonnees.rte-france.com/bilan-electrique-synthese

Les prévisions ne sont guère plus encourageantes : aucune accalmie n’est prévue. Les conflits qui se multiplient fragilisent les approvisionnements et les prix des énergies devraient rester élevés. Si l’on souhaite préserver l’économie française, tous ses acteurs doivent s’engager dans sa transformation. Mais par où commencer cette mue ?

Yann Rolland, président de FEDENE Réseaux de chaleur & froid l’affirme : « Par un de ses besoins les plus élémentaires, celui qui concentre pratiquement la moitié de la consommation énergétique : la chaleur et le froid ! Transition énergétique, écologie, cohésion des territoires, économie…la production de chaleur à partir d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) locales est une priorité nationale ».

La chaleur représente près de la moitié de la consommation finale d’énergie dans l’UE27 (données centrales toutes énergies) – Source RHC – First Timeline of Research Policy Inputs – 2019 …  ce type de diagramme est introuvable en France !

Disposer d’une chaleur sécurisée et durable

Se chauffer est de loin le premier usage d’énergie devant les transports et les usages spécifiques de l’électricité. Les trois quarts de l’énergie consommée dans un logement français sert à se chauffer et à prendre des douches chaudes. La production de chaleur dépend toujours et encore d’énergies fossiles importées dont l’approvisionnement est devenu incertain et les prix volatils.

En 2022, contrairement à celles chauffées grâce aux EnR&R, locales et aux prix plus stables, plus de 80 piscines municipales ont dû fermer pour cause de facture énergétique trop élevée.

De la même manière, les prix des énergies ont forcé certaines entreprises, de toutes tailles, à fermer ponctuellement leurs lignes de production.

Utiliser les EnR&R disponibles sur le territoire pour chauffer

Une croissance rapide des énergies locales renouvelables et de récupération dans les réseaux de chaleur français, source FEDENE

  • + vert : 66,5 % de la chaleur livrée aujourd’hui par les réseaux est issue d’EnR&R locales. Ce taux montera à 75 % d’ici 2030 !
  • + propre : un réseau de chaleur émet en moyenne deux fois moins de gaz à effet de serre qu’une chaudière gaz et trois fois moins qu’une chaudière fioul. Avec une division par 2 du contenu CO2 tous les 10 ans, en 2030, les réseaux seront aussi – voire plus – plus décarbonés que l’électricité !
  • + local : produite et consommée localement, l’énergie des réseaux de chaleur est aussi un facteur de compétitivité et de développement économique pour les territoires. D’ici 2030, les réseaux de chaleur pourraient créer plus 40 milliers d’emplois non-délocalisables et générer 30 milliards € d’investissements publics et privés sur l’ensemble du territoire !
  • + économique : en 2022, les réseaux de chaleur ont été en moyenne 25 % moins chers qu’un chauffage utilisant du gaz fossile.

Les territoires français n’ont pour a plupart ni pétrole, ni gaz. Par contre, ils ont des savoir-faire et d’importants gisements d’EnR&R, de quoi créer plus de 1300 réseaux de chaleur pour sortir rapidement et définitivement des énergies fossiles. Il faut désormais, une stratégie nationale ambitieuse pour libérer tout leur potentiel. Les acteurs publics et privés sont mobilisés pour passer de la planification réalisée par le gouvernement, à l’action écologique. Alors qu’attend-on pour accélérer le développement des réseaux de chaleur ?

Pour en savoir plus

Les chiffres des réseaux de chaleur français en 2022, source FEDENE

L’enquête annuelle de la FEDENE est une source d’informations techniques et économiques unique en France. A caractère obligatoire, cette enquête nationale s’adresse à tous les gestionnaires d’un ou de plusieurs réseaux de chaleur ou de froid en France métropolitaine et à Monaco, quel qu’en soit le propriétaire. Reconnue d’intérêt général et de qualité statistique, elle est soumise à la réglementation sur le secret statistique (loi n°51-711 du 7 juin 1951).

Frédéric Douard