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Un Fonds Chaleur renouvelable mieux doté est indispensable pour atteindre les objectifs

La nouvelle chaufferie d’Amiens Energies avec sur la droite les deux cheminées biomasse, photo ENGIE Solutions

Alors que le gouvernement français présentera dans les prochaines semaines les contours de la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), alors que la Loi d’accélération des énergies renouvelables promulguée le 10 mars 2023 n’a quasiment fait la part belle qu’à l’électricité nucléaire, éolienne et solaire, les acteurs de la chaleur renouvelable et de récupération ont remis le 21 avril 2023 à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, une proposition de Plan Marshall à même de transformer, d’ici 2030, 54% de la chaleur consommée en France en énergie renouvelable, locale et compétitive.

La chaleur, qui représente près de la moitié de l’énergie consommée en France, soit près du double de l’électricité consommée, est toujours la Grande Oubliée du débat énergétique français, alors même qu’elle continue de dépendre très majoritairement d’énergies fossiles importées. Le gouvernement français confond toujours mix énergétique et mix électrique, dans une sorte d’amnésie permanente aux réalités.

Les sources d’énergies renouvelables et de récupération sont en progression constante et représentent déjà 23% de la consommation totale de chaleur en France. Mais il est essentiel d’aller plus loin et plus vite. Le plan proposé constitue une opportunité pour conjuguer aux bénéfices environnementaux des retombées économiques et des créations d’emplois sur les territoires. Les 300 TWh de chaleur renouvelable et de récupération proposés éviteront l’émission de 62 millions de tonnes de CO2 tous les ans, génèreront des économies pour les finances publiques et la balance commerciale du pays en effaçant plus de 15 milliards € d’importations d’énergies fossiles et profiteront directement aux ménages et aux entreprises. Ils sont également source de souveraineté énergétique pour la France et l’Europe en permettant de valoriser des ressources disponibles sur nos territoires.

La biomasse assure aujourd’hui les deux tiers de la production de chaleur renouvelable en France

Pour un Fonds Chaleur renouvelable digne de ce nom

Cette ambition repose sur une série de propositions législatives et règlementaires, ainsi que sur une augmentation pluriannuelle du Fonds chaleur. En 2023, l’enveloppe du Fonds devrait être portée à 750 M€ pour lancer tous les projets déjà transmis à l’ADEME, mais cette enveloppe n’est pas du tout à la hauteur des objectifs et des enjeux, surtout si on la compare avec les milliards d’aides aux combustibles fossiles du bouclier tarifaire !

L’Union européenne vient d’envoyer un signal très fort, en prévoyant de doubler la part des énergies renouvelables d’ici 2030. Cette accélération ne pourra se faire uniquement par l’électricité et devra nécessairement passer par le déploiement massif de sources de chaleur renouvelable additionnelles si le pays souhaite tenir ses engagements climatiques à 2030 alors qu’il n’a pas respecté ses objectifs à 2020 : pour les acteurs de la chaleur renouvelable, la PPE qui sera présentée en juin 2023 constitue celle de la dernière chance !

Frédéric Douard