Face aux gaz de guerre et de schiste, il faut décupler immédiatement la production de biométhane
Il y aura un an dans quelques jours, l’invasion de l’Ukraine bouleversait l’équation énergétique européenne. Pour pallier à sa forte dépendance au gaz russe, l’Europe s’est tournée vers d’autres sources d’approvisionnement et une course au gaz s’est engagée, et notamment vers le gaz naturel liquéfié américain et ses conséquences dévastatrices et irréversibles sur l’environnement. Cette frénésie s’est traduite par la multiplication de projets d’importations et de contrats de longue durée, risquant de créer de nouvelles dépendances durables sans pour autant résoudre la question du dérèglement climatique.
L’ONG les Amis de la Terre France vient à ce propos de sortir une note qui synthétise les chiffres clés sur l’évolution des importations de gaz aux niveaux européen et français, depuis le début de la guerre en Ukraine. Cette note doit nous rappeler que le gaz fossile reste dangereux pour le climat et qu’il ne doit constituer qu’une énergie de transition de très courte durée.
Extraits
La France est devenue la plus grande importatrice mondiale de GNL américain
Entre janvier et septembre 2022, la France a accueilli 132 méthaniers des États-Unis et importé 11,9 milliards de mètres cubes de gaz américain. Cela représente 38 % de la consommation française de gaz. Selon les données mêmes de l’administration américaine, environ 87 % du gaz produit aux États-Unis est du gaz de schiste ou étanche et est donc extrait par fracturation hydraulique, une technique pourtant interdite en France depuis 2011 en raison de ses impacts environnementaux et sanitaires considérables.
… Et l’augmentation des importations de GNL russe
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la France a importé 4,5 milliards de mètres cubes de GNL russe pour 3,7 milliards d’euros, selon les estimations du Centre for Research on Energy and Clean Air, ce qui en fait le cinquième plus gros importateur européen de gaz russe depuis le début de la guerre. Si les importations par gazoduc ont largement chuté, le commerce de GNL russe se porte donc bien. Ainsi, le site de production Yamal LNG a connu des records de production en 2022, avec 21 millions de tonnes de GNL exportés par cargo.
Les importations de GNL russe en Europe ont augmenté de 46 % entre janvier et septembre 2022 par rapport à la même période en 202115. Un véritable non-sens, puisque la ruée vers le GNL était politiquement justifiée par la nécessité de se défaire de la dépendance aux énergies fossiles russes, en réaction à la guerre en Ukraine.
La priorité doit donc aujourd’hui être de stopper au plus vite ces pratiques inefficaces et contre-productives, et de mettre tout en oeuvre pour faciliter la mise en place de productions de biométhane dans le plus grand nombre possible d’exploitations agricoles, d’industries agroalimentaires, de collectivités locales et de stations d’épuration des eaux de France et d’Europe. Les sommes considérables d’argent dédiées aujourd’hui au GNL sont autant de fonds qui ne vont pas à la transition énergétique qui en a désespérément besoin.
Frédéric Douard