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Les Hauts-de-France, une région propice à la méthanisation

Article paru dans le Bioénergie International n°77 de mars 2022

Unité de méthanisation, photo Chambre d’Agriculture des Hauts-de-France

Avec cent dix installations de méthanisation agricole en fonctionnement et vingt-six unités en construction, les Hauts-de-France se placent au palmarès des régions françaises les plus dynamiques en la matière. Actuellement, son parc est réparti à quasi parts égales entre les sites valorisant le biogaz en cogénération et ceux injectant le biométhane dans les réseaux. Retour sur cette success story.

Un complément de revenus pour les éleveurs

Les premières réflexions sur la méthanisation agricole ont démarré dans le Nord en 2005, chez un éleveur porcin, avant même que la réglementation ICPE dédiée n’existe. Elle s’est ensuite rapidement étendue auprès des éleveurs bovins du Nord et du Pas-de-Calais. Mais il faudra attendre la sortie du tarif d’achat de l’électricité en 2011 (BG11) pour que ces réflexions se concrétisent.

« Le monde de l’élevage s’est emparé du sujet, car la méthanisation permettait d’apporter un complément de revenus sur l’exploitation. Le modèle de tarif prévoyait en effet une prime à la méthanisation aux effluents d’élevage, ainsi qu’une prime à la valorisation de la chaleur fatale. Il y avait donc des opportunités au regard de la production d’eau chaude sanitaire, de chauffage des bâtiments d’élevage, de séchage de fourrages, de production de spiruline… Le profil des porteurs de projet était alors plutôt individuel ou en très petit collectif, et le coût des installations avoisinait les 500 000 €, » explique Arnauld ETIENNE, référent régional Méthanisation Hauts-de-France à la Chambre d’agriculture.

L’année 2011 a marqué un tournant. L’apparition d’un tarif d’achat du biométhane et la possibilité d’injecter dans les réseaux de gaz de ville ont complètement bouleversé le développement de la filière dans la région.

« Beaucoup de questions se posaient au début sur cette nouvelle technologie, que ce soit sur la faisabilité technique de l’épuration que sur les niveaux d’investissement à plusieurs millions d’euros. Ces projets étant plus conséquents et mobilisant davantage d’intrants, on a vu le profil des porteurs de projet évoluer », précise l’expert régional.

Les projets sont désormais portés par de plus gros collectifs d’agriculteurs. La gestion humaine du groupe prend de ce fait une part importante dans la réussite du projet, avec parfois uniquement des cultivateurs sans effluent d’élevage, notamment dans les départements de Picardie. La palette des déchets traités, initialement des effluents d’élevage, des résidus de cultures et des matières végétales brutes, s’est élargie aux déchets des territoires, dont ceux des industries agro-alimentaires, mais aussi à la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique. Très vite, cette typologie d’installation a pris l’ascendant sur les installations en cogénération, plus petites. Le tarif BG16 d’achat d’électricité paru en 2016 s’est avéré moins intéressant financièrement que l’injection du biométhane. Le rythme de développement a été très soutenu pendant plusieurs années.

Le saviez-vous ?

La région des Hauts-de-France est propice à la méthanisation, en grande partie grâce aux millions de tonnes d’effluents d’élevage qui sont produits chaque année sur son territoire, mais aussi grâce aux déchets de ses industries agro-alimentaires et aux coproduits de son agriculture très diversifiée.

Carte des unités de méthanisation agricoles des Hauts de France au 31 mars 2022. Cliquer sur la carte pour l’agrandir

Une cinquantaine de projets en cours

Deux évolutions vont à nouveau changer la donne : la parution d’un avenant au tarif d’achat du biométhane en novembre 2020, puis le durcissement de la réglementation ICPE 2781 dédiée à toutes les installations de méthanisation à l’été 2021.

« L’attractivité économique du nouveau tarif a été revue significativement à la baisse et les évolutions réglementaires ont imposé de nouvelles obligations, y compris aux installations existantes. La conséquence a été une baisse importante du nombre de nouveaux projets… A contrario, on constate toujours un développement du parc d’installations existantes avec un élargissement du panel de déchets traités, une augmentation de la production de biogaz et l’agrandissement des ouvrages. Désormais, la filière va poursuivre son développement sur un rythme différent et il y a encore une cinquantaine de projets en cours de développement actuellement en région », ajoute Arnauld ETIENNE.

Le Méthagri’Day 2019 à Arras, photo Chambre d’Agriculture des Hauts-de-France

Arnauld ETIENNE, photo Chambre d’Agriculture des Hauts-de-France

Quoi qu’il en soit, créer une unité de méthanisation reste une réelle opportunité pour le monde agricole et les Chambres d’agriculture des Hauts-de-France continuent d’adapter leur accompagnement aux évolutions et aux attentes de cette filière. Elles animent ainsi le groupe des Méthaniseurs Agricoles des Hauts-de-France, avec implication dans Rev3, le projet régional de troisième révolution industrielle, avec information auprès des collectivités ou encore par l’organisation d’événements professionnels tels que l’Epand’agri Day et le Méth’agri Day. Les efforts redoublent en région pour que la méthanisation agricole puisse encore avoir de beaux jours devant elle.

Contact : Arnauld ETIENNE, référent régional Méthanisation Hauts-de-France – arnauld.etienne@npdc.chambagri.fr
 – 03 27 21 46 85 – 06 89 17 78 76

>> Télécharger le panorama des unités de méthanisation agricole des Hauts de France au 31 mars 2022

Frédéric Douard