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Un grave manque de soutien des alternatives au gaz naturel en France

La France regorge de ressources naturelles renouvelables inexploitées, photo Samuel Douard

Comme à chaque guerre qui met en jeu des pays fournisseurs d’hydrocarbures, la guerre en Ukraine a propulsé les prix des énergies fossiles vers des sommets. Elle confirme également l’immense dépendance de l’Europe aux hydrocarbures et dévoile les fortunes qui sont exportées chaque jour pour assouvir cette soif en combustibles climaticides, gaz naturel compris bien évidemment.

Dans l’urgence de cette crise, pour l’hiver 2022-23, la diversification maximale des approvisionnements en hydrocarbures sera bien entendu la seule solution de court terme, mais cette solution ne résoudra en rien ni la dépendance ni l’aggravation climatique. Pour résoudre ce problème stratégique, économique et environnemental, le moment est donc venu de vraiment booster les alternatives disponibles sur le territoire national, en même temps bien sûr que les actions de maitrise des consommations.

Le temps des demi-mesures est révolu, il faut mettre le turbo sur des filières comme celle du biométhane, un combustible produit localement, renouvelable, créateur d’emplois ruraux, très efficace pour le climat et qui a prouvé en dix ans sa maturité industrielle. Le chauffage au bois, individuel et collectif, est aussi une alternative très performante au gaz naturel, une filière également renouvelable, locale, économique, créatrice d’emplois ruraux, sous exploitée en France et qui a fait la preuve de sa maturité déjà depuis la fin du vingtième siècle. Et pour ceux qui comptent sur le nucléaire comme remède, une filière qui vient de démontrer sa fragilité et sa dangerosité potentielle face à un conflit armé, le « nucléaire nouveau » ne sera pas disponible avant 15 ans au mieux.

Julien Tchernia, président et co-fondateur d’ekWateur, fournisseur alternatif et indépendant français d’énergie, déclarait le 8 mars 2022 : “Le biométhane est une énergie innovante, renouvelable et prometteuse qui constitue un levier efficace pour atteindre l’indépendance énergétique du pays. Il faut donc en profiter ! Pourtant depuis 2020, cette solution est victime de mesures défavorables. En effet, les consommateurs ne sont plus dispensés de la Taxe Intérieure sur la Consommation de Gaz Naturel (TICGN), les tarifs de rachat proposés par l’état ont diminué, et enfin les garanties d’origine du biométhane ne sont plus vendues en direct mais aux enchères, constituant ainsi un frein important au développement d’une filière qui est une aubaine technique, s’en parler de la stratégie du tropisme électrique français en faveur du tout électrique qui conduit à ne pas investir dans d’autres moyens de production.…et aujourd’hui, plus que jamais, ekWateur reste convaincu que la résilience du modèle énergétique français passera par la décentralisation des modes de production« .

La décentralisation des modes de production est en effet cruciale car elle apporte :

  • des économies indéniables de distribution ;
  • une répartition plus large et plus locale des revenus de production vers un grand nombre de producteurs, comme les agriculteurs, les forestiers et les PME ;
  • un approvisionnement indépendant des événements extérieurs ;
  • une très grande résilience aux conflits armés et au terrorisme armé ou cyber, tant il serait difficile de faire dysfonctionner un système énergétique basé sur des centaines de milliers d’unités de production (centrales de cogénération au biogaz ou au bois, chaufferies bois, éoliennes, centrales photovoltaïques et centrales hydrauliques …) alors qu’il est si simple de stopper 18 centrales nucléaires et de mettre tout le pays à l’arrêt complet, et donc en situation de grande vulnérabilité.

Il faut malheureusement presque toujours attendre les catastrophes pour que les choses bougent.

Frédéric Douard