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Avec la crise en Europe, le biométhane est désormais moins cher que le gaz naturel !

Poste d’épuration de biométhane en Haute-Marne, photo Frédéric Douard

Aujourd’hui en Europe, le prix moyen du gaz naturel se situe vers les 80 € le MWh, contre 18 € il y a un an. Les prix pour l’hiver prochain devraient rester à un niveau tout aussi élevé, selon les estimations actuelles. Alors que les gouvernements peinent à réduire l’impact de la flambée des prix de l’énergie sur les factures énergétiques des citoyens, l’association européenne du biogaz, EBA, rappelle que les Etats peuvent augmenter la production de biométhane durable.

Car aujourd’hui, le prix du biométhane peut être inférieur de 30 % au prix actuel du gaz naturel. Il peut être produit à partir de 55 €/MWh, alors que le gaz naturel coûte environ 80 €/MWh, sans tenir compte du prix du CO2[1]. Ce gaz renouvelable restera probablement moins cher que le gaz naturel à court et aussi à long terme. Alors que d’autres gaz renouvelables comme l’hydrogène vert ont besoin de temps pour se développer et sont encore deux à quatre fois plus chers, le biométhane est disponible et évolutif dans les huit prochaines années[2].

Un déploiement rapide du biométhane à travers l’Europe pourrait fournir au moins 34 milliards de m3 de gaz renouvelable d’ici 2030 si elle était soutenue par un cadre législatif favorable. Cela représente environ 10 % de la demande totale de gaz de l’UE d’ici 2030. Ce potentiel est reflété dans de nombreux rapports récents provenant de différentes sources, dont la Commission européenne[3]. Selon EBA, si la tendance à la croissance se poursuit, d’ici 2050, l’industrie du biométhane pourrait couvrir 30 à 40 % de la demande de gaz de l’UE.

Le déploiement du biométhane made in Europe peut contribuer à stabiliser la hausse actuelle du prix du gaz liée aux ruptures d’approvisionnement en gaz de tiers. Il est urgent de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs de gaz extérieurs, car l’UE produit aujourd’hui moins de 15 % de sa demande de gaz. Le conflit actuel entre la Russie, premier fournisseur de gaz d’Europe[4], et l’Ukraine pourrait aggraver la crise énergétique en raison d’une pénurie d’approvisionnement en gaz. La flambée des prix du gaz a un impact direct sur la facture énergétique de millions de foyers européens. Cette situation oblige les gouvernements nationaux de toute l’Europe à investir des milliards d’euros dans des mesures de protection des consommateurs[5].

Pour EBA, un soutien politique clair est nécessaire pour attirer davantage d’investissements dans le secteur et libérer tout le potentiel du biométhane. Toute la chaîne de valeur du biométhane est prête à booster la production de biométhane sur le continent européen. L’Association européenne du biogaz appelle à un nouveau partenariat public-privé pour produire 40 milliards de m3 de biométhane d’ici 2030. En plus des 34 milliards de m3 de biométhane durable d’ici 2030, 6 milliards de m3 supplémentaires peuvent être produits en Ukraine. Cela fournirait des approvisionnements supplémentaires en gaz renouvelable tout en soutenant la croissance économique de ce pays. Le biométhane peut être transporté via les réseaux de gaz existants, ce qui réduit les coûts supplémentaires de déploiement des infrastructures.

« Un fort sentiment d’urgence grandit pour sécuriser les investissements et assurer le déploiement d’installations de biométhane à travers l’Europe. D’autres partenariats, tels que l’initiative Sustainable Biomethane récemment lancée, témoignent de l’intérêt des utilisateurs industriels, des producteurs et d’autres grandes entreprises de la chaîne de valeur pour le déploiement de ce gaz renouvelable dès maintenant. Favoriser la mise à l’échelle rapide du biométhane signifie soutenir l’atténuation du changement climatique, réduire la dépendance vis-à-vis des approvisionnements extérieurs en gaz et faire face à une augmentation sans précédent du prix du gaz naturel. Un cadre législatif clair apportera une certitude pour les investissements à long terme dans le déploiement du biométhane durable.» Harmen Dekker, président d’EBA.

Frédéric Douard

Notes

  1. Cela signifie un montant supplémentaire de 18 €/MWh car le prix du carbone a atteint 90 €/tonne. Les utilisateurs de combustibles fossiles dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission de l’UE (EU ETS), tels que les centrales électriques, les usines industrielles et certains domaines de transport, sont tenus de payer pour chaque tonne de CO2 qu’ils rejettent dans l’atmosphère.
  2. L’hydrogène verts coûte aujourd’hui 180€/MWh.
  3. https://climatecooperation.cn/wp-content/uploads/2019/06/com_2018_733_analysis_in_support_en_0.pdf
  4. https://www.bruegel.org/publications/datasets/european-natural-gas-imports/
  5. https://www.reuters.com/business/energy/europes-efforts-shield-households-soaring-energy-costs-2022-02-03/