Rapport 2021-22 d’ecoprog sur le marché des centrales à biomasse solide dans le Monde

Centrale de cogénération à la bagasse à Vale do Paraná au Brésil, photo Albioma
Le cabinet ecoprog, société de conseil basée à Cologne vient de publier la douzième édition de son rapport annuel Biomass to Power. On peut y lire que la capacité mondiale des centrales électriques à biomasse solide a augmenté en 2021 pour la deuxième année consécutive. Les marchés asiatiques ainsi que le marché brésilien restent forts. En Europe, ce marché n’atteindra plus les taux de croissance des dernières années alors que le marché s’orientent plutôt vers le celui de la chaleur en pleine mutation. Le cabinet ecoprog s’attend à ce que plus de 1500 centrales d’une capacité cumulée d’environ 23,2 GWé soient mises en service dans le monde durant la période 2021-2030.
En 2021, le parc mondial de centrales à biomasse a augmenté d’environ 120 centrales avec une capacité cumulée de près de 2,9 GWé. Comme ces dernières années, l’Asie est la région à la plus forte croissance avec une capacité de 1,6 GWé en 2021, suivie de l’Amérique du Sud et centrale et de l’Europe.
Environ 1,1 GWé de capacité supplémentaire a été installée rien qu’en Chine et en Inde. Dans ces deux pays, ecoprog s’attend à ce que les taux de croissance restent élevés en raison des régimes de soutien existants et du potentiel de la biomasse agricole.
En Inde, la valorisation énergétique de la biomasse joue également un rôle dans la lutte contre la combustion à l’air libre de la paille de paddy, nocive pour l’environnement. Dans ce contexte, la co-combustion de la biomasse dans les centrales au charbon sera soutenue. La Chine prévoit d’accroître la compétitivité de son dispositif de soutien, c’est pourquoi on peut s’attendre à un développement moins dynamique dans les années à venir.
De son côté, le Japon est un marché en plein essor, déclenché par le programme d’incitation attractif qui a été mis en place en 2012 après l’accident nucléaire de Fukushima. Pour les cinq prochaines années, ecoprog prévoie une croissance record de la capacité de ce pays. À l’avenir, cependant, ce marché connaîtra des développements similaires à ceux du marché européen avec une réorientation vers des projets plus petits. Le Japon dispose d’un faible potentiel en biomasse et dépend des importations. En plus de l’approvisionnement en biomasse agricole via les pays d’Asie du Sud-Est, les producteurs américains de granulés entrent sur le marché pour répondre à la demande. Dans le même temps, de nouveaux critères de durabilité pour les combustibles issus de la biomasse seront mis en œuvre.
Le Brésil reste le seul marché dynamique d’Amérique du Sud et Centrale. Le pays qui possède le plus grand actif de centrale électrique à biomasse au monde, avec une capacité d’environ 15,4 GWé, possède une forte industrie du sucre et de l’éthanol, où se trouve la majeure partie de l’actif. Alors que les enchères d’énergie renouvelable ont été suspendues en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, cela a été compensé par les enchères en 2021, où environ 480 MWé de capacité de biomasse supplémentaire ont été attribués – la valeur la plus élevée depuis 2014. De plus, des projets à grande échelle dans l’industrie de la pâte à papier se développent également au Brésil et au Chili.
En Europe, les forts taux de croissance de ces dernières années, principalement attribuables à des projets de grande envergure dans les pays scandinaves et au Royaume-Uni, ne seront plus atteints. D’une manière générale, la tendance à des régimes de soutien plus compétitifs pour les énergies renouvelables de la biomasse se poursuit en Europe. Conformément à cette évolution, la Commission européenne vise à rendre plus stricts les critères de durabilité pour les combustibles issus de la biomasse dans l’Union européenne.
Cependant, de nouvelles opportunités se présentent sur le continent européen à travers l’évolution du marché du chauffage, à la fois dans le segment du chauffage industriel et urbain. La biomasse est l’une des options les plus importantes pour remplacer la production de chaleur à partir de combustibles fossiles, même si les nouvelles conversions à grande échelle appartiennent pour la plupart au passé. En Allemagne, plusieurs projets souvent basés sur les déchets de bois sont déjà en cours. En Pologne, ecoprog s’attend à ce que des projets similaires se développent à l’avenir – le pays possède la deuxième plus grande centrale au charbon d’Europe après l’Allemagne. De plus, de nouveaux projets de conversion ou de remplacement apparaissent par exemple au Portugal, en Espagne et en France.
À l’avenir, la bioénergie devrait logiquement prendre de l’importance dans les trajectoires mondiales de décarbonation avec le déploiement de nouvelles technologies telles que la production d’hydrogène ou la capture et le stockage du carbone. En particulier, le concept de bioénergie avec capture du carbone (BECCS – Bioenergy with carbon capture and storage), selon lequel les centrales électriques à biomasse créent des émissions négatives, pourrait devenir un facteur de marché positif, par exemple dans des régions comme l’Amérique du Nord, où le potentiel de la biomasse est généralement élevé, mais où les subventions ne sont pas suffisantes.
L’édition 2021/2022 du rapport annuel « Biomass to Power » d’ecoprog est en vente sur www.ecoprog.com
Frédéric Douard